Burkina/Colloque international sur la biodiversité : Des acteurs de la recherche partagent leurs expériences sur la problématique

La deuxième édition du colloque international sur la biodiversité se tient, du 23 au 25 septembre 2024 à Bobo-Dioulasso. Cette édition 2024 est co-organisée par l’université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso (Burkina) et l’université Alioune Diop de Bambey (Sénégal). Ce colloque à caractère international se tient sous le thème : « Biodiversité et ressources naturelles des zones tropicales ». La cérémonie d’ouverture des travaux a eu lieu ce lundi 23 septembre 2024 à Bobo-Dioulasso.
Après une première édition tenue en septembre 2022, les acteurs du monde de la recherche sont une fois de plus réunis à Bobo-Dioulasso, pour la tenue de la deuxième édition du colloque international sur la biodiversité et les ressources naturelles. Du 23 au 25 septembre 2024, ces acteurs de la recherche vont ainsi faire valoir leurs connaissances et expériences sur la biodiversité et les ressources naturelles. Pour le président du comité d’organisation, Dr Bilassé Zongo, de l’UFR-Science de la vie et de la terre à l’université Nazi Boni, ce colloque constitue un cadre d’échange d’expériences et de résultats de la recherche en relation avec la biodiversité et les ressources naturelles des zones tropicales.
« Ce colloque permet aux enseignants-chercheurs, aux chercheurs, aux étudiants et aux doctorants, de partager leurs expériences des résultats de la recherche et de pouvoir vulgariser ces résultats afin de permettre que ces résultats soient profitables à nos populations ; permettre aux décideurs politiques de pouvoir prendre des décisions qui vont ainsi améliorer la situation sociale et le développement de nos populations », a-t-il expliqué.
Ce colloque se déroulera en deux phases dont une première qui sera consacrée à la présentation des résultats de recherche et des échanges d’expériences et la seconde consacrée à une excursion sur le terrain qui sera déterminé au cours des premiers jours du colloque. Cette excursion permettra ainsi aux acteurs de constater des cas de conservation in-situ de la biodiversité. Les communications qui seront abordées tout au long de ce colloque sont en lien avec des sous-thèmes dégagés du thème général de ce colloque 2024.
Une dégradation drastique des ressources naturelles
La cérémonie d’ouverture des travaux était placée sous la présidence du ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, représenté par le président de l’université Nazi Boni, Pr Hassan Bismarck Nacro. Il a relevé ainsi dans son allocution que nous vivons à l’ère du changement climatique avec une pression démographique qui se traduit, selon lui, par une dégradation drastique des ressources naturelles et une érosion profonde de la biodiversité. Selon des statistiques, le Burkina Faso perd environ 250 000 hectares de zones boisées chaque année.
« Ce qui compromet sérieusement nos chances de survie pour l’avenir. Donc il est très important qu’à un moment donné, nos chercheurs s’arrêtent pour faire le point de leurs travaux de recherches d’abord pour le diagnostic qui est posé, mais surtout comment faire pour améliorer la gestion des ressources naturelles, en pensant aux générations futures. C’est en cela que ce colloque est la bienvenue », a-t-il salué. En effet, les ressources naturelles y compris la diversité biologique font face à une exploitation intense et anarchique qui conduit à sa régression, voire une disparition de certaines ressources. Aussi, de nombreuses espèces qui sont sujettes à la surexploitation sont en voie de disparition. Selon la version 2021 de la liste rouge de l’UICN, sur 142 577 espèces étudiées, 40 084 sont classées menacées de disparition.

Cette situation pose le défi de la sauvegarde des espèces dans leurs milieux de vie. La sauvegarde de la biodiversité passe ainsi par un contrôle de la pression anthropique, une utilisation raisonnable des ressources naturelles et génétiques, et un processus d’adaptation des espèces aux conditions du changement climatique. Malheureusement, cette conservation de la biodiversité et des ressources naturelles n’est pas encore bien appréhendée par les décideurs politiques et les populations. Les acteurs de la recherche estiment que peu d’importance est accordée aux espèces et aux ressources naturelles qui sont souvent exploitées de façon anarchique sans se soucier de leur conservation.
A cela s’ajoute le fait que l’information sur la situation et les tendances des espèces, des ressources génétiques, des habitats et des paysages, sur les mécanismes de conservation et d’exploitation reste toujours insuffisante de nos jours. Afin de disposer de données qui permettront des prises de décisions fortes pour la conservation durable de la biodiversité et des ressources naturelles, l’enseignement et la recherche doivent se placer au premier plan. Même si des efforts sont faits, force est de constater qu’il manque une collaboration franche entre chercheurs et décideurs politiques. Les scientifiques déplorent le fait que les résultats de la recherche ne soient pas pris en compte dans les actions de développement « alors que cela reste la seule voie pour un développement durable ».
Cadre d’échanges scientifiques entre acteurs de la recherche
Aussi, les rencontres de partage de données et d’expériences entre chercheurs de pays différents et d’un même pays à travers des fora tels que les colloques, conférences, séminaires et ateliers sont rares dans le domaine de la conservation de la biodiversité et des écosystèmes. C’est en cela que la tenue de ce colloque est saluée par le monde de la recherche. Il se veut un cadre d’échanges scientifiques entre enseignants-chercheurs, chercheurs, étudiants, décideurs politiques, acteurs intervenant dans la gestion et l’utilisation des ressources naturelles dans un contexte de changement climatique. Ce colloque va permettre de disposer de données scientifiques en lien avec la biodiversité qui seront exploitables par les décideurs politiques pour un développement durable.
Cette rencontre scientifique se tient en présentiel et en ligne avec des acteurs des deux universités et d’autres universités. Au total, neuf pays prennent part à cette activité dont les deux pays organisateurs. Au terme de cette rencontre, des recommandations seront faites à l’intention des chercheurs et des décideurs pour une gestion durable de la biodiversité et des ressources naturelles en zones tropicales. Le président de l’université Nazi Boni, Pr Hassan Bismarck Nacro, a saisi cette occasion pour inviter les populations à prendre conscience de la dégradation des ressources naturelles.
« Depuis le 20 juin dernier, l’humanité a épuisé les réserves de l’année. Cela veut dire que nous vivons à crédit sur les ressources potentielles possibles. Cela doit nous alerter et nous amener à changer nos habitudes dans le quotidien. Ce sont des petits gestes individuels mis en commun qui permettront d’impacter sérieusement notre communauté et l’humanité tout entière », a indiqué le Pr Nacro.

Cette édition est co-parrainée par le ministre de l’environnement (représenté par le directeur régional de l’environnement des Hauts-Bassins) et le directeur régional de l’enseignement supérieur des Hauts-Bassins, Dr Irénée Somda. Ce dernier a d’abord salué le choix porté en lui pour co-parrainer cette édition du colloque. Pour lui, l’importance de cette rencontre n’est plus à démontrer au regard « des statistiques alarmantes » présentées. « Les statistiques sont vraiment alarmantes. Avec les différentes espèces végétales et animales qui sont en voie de disparition, il est clair que la recherche à son mot à dire. Dans nos universités et centres de recherches, il y a énormément d’activités et de résultats qui doivent être portés à la connaissance des communautés scientifiques pour qu’ensemble, nous puissions sensibiliser les populations à poser des actes qui permettent de préserver l’environnement et toutes les ressources naturelles qui nous aident à améliorer notre vie quotidienne », a-t-il laissé entendre.
Romuald Dofini
Lefaso.net