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Burkina/Acquisition du PUH : Des ressortissants de la Cité Zak Néré de Gampéla dénoncent les agissements de leur société immobilière

Publié le lundi 23 septembre 2024 à 21h00min

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Burkina/Acquisition du PUH : Des ressortissants de la Cité Zak Néré de Gampéla dénoncent les agissements de leur société immobilière

Les problèmes fonciers impliquant les sociétés immobilières au Burkina Faso sont légion. Le vendredi 20 septembre 2024, les membres de l’association des résidents de la Cité Zakin Néré de Gampéla, ainsi que des résidents de la cité, ont organisé un sit-in dans les locaux de la société immobilière dénommée Afrique génie bâtiment (AGB), sis au quartier Zone du bois de Ouagadougou. Ils reprochent à la société de ne les avoir jusque-là pas situés sur la question de l’obtention du Permis urbain d’habiter (PUH), l’absence de voies d’accès à leur cité, et la question de l’espace vert dans lequel ils sont, qui serait plutôt la propriété du directeur général adjoint de AGB, soit le fils de la promotrice.

Le 21 août 2024, le ministère en charge de l’économie prolongeait la date de l’opération spéciale de délivrance du Permis urbain d’habiter (PUH), pour une durée d’un mois. Du côté de la cité Gampéla de AGB, jusqu’à ce jour, personne n’a pu effectuer son paiement via la plateforme conçue à cet effet. Et pour mieux comprendre ce qu’il en est, les habitants de cette cité assurent avoir entrepris, sans succès, une série de démarches auprès des institutions concernées par la délivrance du PUH, et auprès desquelles elles peuvent obtenir gain de cause.

Lasse d’avoir frappé à toutes les portes, une ressortissante de la cité explique toute la souffrance qu’elle a dû endurer depuis le début de l’opération spéciale, qui remonte à deux mois. La première démarche était celle faite auprès de l’ENAREF, qui a mis en place un service afin de guider ceux qui étaient désireux de s’inscrire sur la plateforme. « Quand je suis arrivée, ils ont vérifié d’abord la liste des acquéreurs. Les noms ne s’affichaient pas parce que sur nos attestations, dans la partie section, il était mentionné AGB, en lieu et place des chiffres. J’ai contacté la directrice commerciale pour lui expliquer la situation. Tous les clients ont été rappelés, pour corriger cela et remplacer AGB par 221 », a-t-elle expliqué.

Par la suite, elle nous confie être repartie plus tard à l’ENAREF pour vérifier si la correction avait été faite. « Le nom était cette fois sur la liste », a-t-elle laissé entendre. Toutefois, au niveau des impôts, on l’aurait informé que le paramétrage n’était pas encore fait. Tous les jours et ce, pendant une semaine, elle soutient avoir entendu le même discours. « Celui qui me recevait quand j’y allais m’a dit de repartir voir ma société immobilière, AGB, pour voir si la liste a réellement été transmise. AGB m’a confirmé qu’elle a transmis la liste et qu’elle ne gagnerait rien à ne pas le faire. Je suis repartie à l’ENAREF pour mieux comprendre. L’ENAREF m’a dit de repartir voir la société une deuxième fois. La société m’a par la suite redirigé vers le ministère en charge de l’urbanisation », a-t-elle relaté.

Lire aussi : Burkina/Passif foncier : Environ 180 000 PUH et d’AAP seront délivrés au cours d’une opération spéciale

Une fois là, elle reçoit la confirmation de l’envoi de la liste par la société immobilière. « Mais ils ont dit que la liste se trouve au niveau des impôts. Je suis donc repartie encore au niveau des impôts. Ils ne voulaient pas me recevoir, mais par la suite, ils ont vérifié et vu que le paramétrage n’avait pas été fait. Ils nous ont promis que d’ici deux jours, ce sera fait, et que les dossiers des autres résidents de la cité seraient aussi paramétrés. Deux jours sont passés, trois, quatre, jusqu’à la fin de la semaine. Jusque-là, quand j’appelle, on ne décroche plus. Actuellement, on ne connaît pas la responsabilité des différents services, et chaque fois qu’on se rend vers l’administration publique, nous sommes redirigés vers AGB », s’est-elle alarmée.

« Je me souviens que quand j’ai rappelé la directrice commerciale, elle m’avait dit que si je n’arrive pas à payer, ce ne serait pas bien grave parce que le titre foncier de Gampéla est presque prêt. Alors que nous, nous n’avons jamais été au courant que le titre foncier était en cours. Si AGB était en train de travailler sur cela, le minimum c’était de nous dire que le titre foncier était en cours. En ce moment, on n’allait même pas se fatiguer pour cette affaire de PUH parce que le titre foncier est en cours. Même s’il n’y avait pas nos noms sur la liste, on ne se serait pas plaints », a-t-elle avoué. De ses dires, le prix à payer est énorme. On parle là de 6,5% du montant de la maison dans laquelle ils habitent. « Alors que les maisons dans notre cité vont de 12 à 24 millions de francs CFA », a-t-elle ajouté.

Outre cela, les résidents de la cité Zak Néré disent faire face à un problème d’accès à leur cité. « On ne peut pas avoir une cité qui existe depuis cinq ans, sans voie d’accès ! C’est incroyable ! La seule voie d’accès à notre cité est une voie privée. Et le jour ou "Ladji" ferme sa voie, c’est fini. On ne peut plus avoir accès à la cité », déplore Daouda Sawadogo, membre de l’association.

« J’espère que l’on pourra éclaircir cette affaire au plus vite » Daouda Sawadogo

Par ailleurs, les résidents de la cité évoquent aussi un problème d’espace vert. « On ne sait pas si ça appartient aux résidents ou si ça été attribué à quelqu’un. Sur la cartographie, ça appartient au directeur général adjoint de AGB. Et au fond, on se demande si ce n’est pas cela qui bloque la démarche pour l’obtention du PUH. Parce que si les résidents d’autres cités de AGB ont pu obtenir leur PUH, et que c’est chez nous seulement que ça bloque, on est en droit de se demander si ce n’est pas parce que la bande verte est en son nom que c’est ainsi », a souligné un autre résident.

En se rendant dans les locaux de l’entreprise, ce vendredi 20 septembre 2024, les plaignants ont trouvé à la porte, la vigile, qui les a redirigés vers le comptable. Celui-ci les redirigera à son tour vers le bureau du responsable des questions foncières, arguant que les préoccupations avancées ne relevaient pas de son domaine de compétences. Le responsable des questions foncières était absent. Seul un de ses collaborateurs était là. Celui-ci soutiendra d’ailleurs ne pas être à même de résoudre leurs préoccupations.

Toutefois, il mettra à leur disposition, le contact téléphonique de son supérieur, en charge des questions foncières. Joint au téléphone par Daouda Sawadogo, et déclinant par la suite l’identité des personnes présentes avec lui, y compris la presse, il tentera d’expliquer à son interlocuteur les raisons qui motivent leur présence dans les locaux de la société. Ce dernier lui répondra qu’il était malade, et actuellement hospitalisé, avant de demander si l’association avait obtenu un rendez-vous avant d’arriver sur les lieux. Daouda Sawadogo répondra que de la même manière qu’il n’y avait pas de rendez-vous pour payer leurs rentes mensuelles, de cette même manière, l’association ne pouvait lui demander un rendez-vous pour qu’ils exposent les problèmes qu’ils rencontrent dans leur cité. Après cela, l’interlocuteur répondra par : « bonne journée à vous », avant de raccrocher.

Revenant exposer la situation au comptable et souhaitant par la même occasion rencontrer quelqu’un d’autre qui saura les écouter, les plaignants se rendent compte que hormis les trois personnes rencontrées ce matin, l’administration est déserte. Directeur général adjoint, responsable des ressources humaines, responsable des questions foncières, en tout cas tous ceux qui fondent l’administration dans ces locaux là précisément étaient absents. A la question de savoir si ce vendredi 19 septembre 2024 est un jour ouvrable chez AGB, le comptable répondra par l’affirmative, soulignant au passage qu’il n’avait pas la position des autres travailleurs de la boîte.

Pour les plaignants, cette situation les conforte dans la volonté manifeste de AGB de ne pas vouloir prêter une oreille attentive à leurs préoccupations car dit-il : « nous ne sommes pas prêts à payer le surplus pour l’obtention du PUH parce que le délai finit aujourd’hui ». Ce qu’ils souhaitent au final, c’est avoir un dialogue franc avec les responsables de l’entreprise et que l’Etat situe clairement les responsabilités du point de vue des tâches, dans la démarche pour l’acquisition du PUH, si tant est que AGB a vraiment transmis la liste des acquéreurs et que jusque-là, elle est de bonne foi.

Pour mieux comprendre la situation, nous avons entrepris de contacter nous-mêmes un responsable commercial de la société, sans succès. Nous lui avons alors laissé un message sur WhatsApp et jusqu’au moment où nous publions cet article, nous attendions toujours sa réaction.

Erwan Compaoré
Anati Zongo (stagiaire)
Lefaso.net

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