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Coopération internationale : « Il faut informer et sensibiliser les partenaires du Burkina sur ses problèmes et ses intérêts » (Pr Abdoulaye Soma)

Publié le mercredi 2 février 2022 à 23h45min

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Coopération internationale : « Il faut informer et sensibiliser les partenaires du Burkina  sur ses problèmes et ses intérêts » (Pr Abdoulaye Soma)

« En lisant les accords renouvelés avec la France, je me suis rendu compte qu’on aurait pu gagner un peu plus en indépendance et en possibilité de développement ». C’est ce qu’estime le Pr Abdoulaye Soma. Juriste et président-fondateur du mouvement politique "Soleil d’avenir", l’homme a accordé une interview à Lefaso.net le jeudi 27 janvier 2022 à Ouagadougou sur les accords entre le Burkina Faso et ses partenaires.

Lefaso.net : Quelle est votre appréciation des accords coloniaux ratifiés par le Burkina Faso ?

Pr Abdoulaye Soma : Les accords coloniaux sont coloniaux. Et je dois répéter qu’un accord international conclu par un État comme le Burkina Faso doit être axé sur l’intérêt supérieur de la nation. Je peux comprendre qu’en 1960, les accords qui ont été signés correspondaient à l’intérêt du Burkina Faso. Parce qu’à l’époque, le Burkina Faso n’avait pas une armée digne de ce nom. On n’était pas sûr de pouvoir stabiliser nos institutions… Donc c’était tout à fait normal que les acteurs de l’époque aient approuvé de pareils accords.

Mais aujourd’hui, ce n’est plus justifié qu’on conclut des accords d’exclusivité notamment militaire. Il faut discuter avec tous les acteurs compétents pour voir à quel niveau chacun peut être impliqué de façon efficace dans une collaboration internationale pour régler les problèmes que nous connaissons. Parce qu’un accord n’est fait que pour l’intérêt de celui qui le signe. On ne va jamais faire un accord pour l’intérêt d’autrui ou contre son propre intérêt, ça n’existe pas dans les relations internationales ni dans la gestion d’un État. Un État se gère selon ses intérêts et pour le bonheur des citoyens. C’est cela la logique de la république.

Y-a-t-il des accords qui ont été recensement renouvelés ?

Je sais qu’il y a des accords qui ont été renouvelés parce qu’honnêtement, je suis cette question avec beaucoup d’attention. Car j’ai lu et exploité tous les accords. Je connais donc leurs avantages et leurs failles. Ainsi, en lisant les accords qui ont été renouvelés en 2018 notamment sur la coopération judiciaire et la coopération militaire, je me rends compte qu’en négociant avec la France, on aurait pu gagner davantage en indépendance et en possibilité de développement. Parce que je ne crois pas que la France soit un acteur opposé au développement du Burkina Faso.

C’est aux dirigeants nationaux de fixer le curseur de notre développement et de parler à nos partenaires internationaux. Notre pays a besoin de tisser des partenariats vivants et viables avec les grandes institutions et les grands pays comme la France, les États-Unis, le Japon… Mais il faut leur expliquer quel est notre intérêt à l’instant “t” et les différents mécanismes et dispositions qui arrangent le peuple. Parce que s’ils ne sont pas sensibilisés, ni informés ni conscientisés sur nos problèmes et intérêts, évidemment, eux aussi dans leur schéma cherchent leurs intérêts. Ils peuvent donc aller jusqu’à détruire nos intérêts en cherchant les leurs s’ils n’ont pas été interpelés dans ce sens.

Il faut par conséquent discuter dans les domaines majeurs : politique, militaire, économique… sur les intérêts du pays, définir notamment ce qu’il ne faut jamais céder et ce que l’on gagne dans la signature d’un accord. Tout ce mécanisme doit être établi et tout gouvernement qui arrive s’aligne dans ce sens.

C’est comme cela que les grandes nations se gèrent. Il y a des points sur lesquels tout le monde est d’accord, en l’occurrence l’intérêt national. Au Burkina, aucun politicien ne va dire de gérer le Burkina Faso contre l’intérêt du pays, cela n’existe pas. Ce qui signifie qu’on a un point de départ sur lequel nous sommes tous d’accords.

Qu’est ce qui expliquerait alors les mauvaises négociations des accords entre le Burkina et ses partenaires extérieurs ?

Il y a la compétence et il y a l’intégrité. La compétence parce que, de bonne foi, quelqu’un qui ne sait pas, peut se tromper contre lui-même ses propres intérêts. Il peut y avoir des erreurs ou des défauts d’appréciation. Quant au manque d’intégrité, c’est quand on sait où se trouve l’intérêt de son pays et que, pour d’autres types d’intérêts, on lâche sur l’intérêt fondamental et je sais que cela existe dans les négociations internationales. Donc, il nous faut savoir choisir les hommes en fonction de leur histoire et de leurs compétences pour gouverner ce pays.

C’est pourquoi j’en suis venu à mettre en orbite un parti politique, un programme présidentiel et aller aux élections. Parce que je pense que je suis capable d’apprécier l’intérêt du Burkina Faso. J’ai la personnalité, la capacité pour cela et je reconnais que ces atouts ont été construits par le Burkina Faso à travers les impôts de nos parents. Et pour moi, c’est ce qu’il faut rendre. Chaque dirigeant politique doit avoir cette conscience des choses. Sa formation, sa personnalité, sa carrière, il les doit à sa patrie parce qu’il a été formé ici.

Et s’il doit avoir conflit et qu’on n’est pas capable d’arbitrer, il faut laisser tomber. C’est ce qui doit entraîner les démissions honnêtes. Si je sais où se trouve l’intérêt du Burkina Faso et que je ne suis pas capable de l’assurer alors qu’il faut que la nation continue de vivre de son intérêt général, je dois lâcher ! Ce sont, à mon sens, des démissions honorables. En somme, l’intérêt général du Burkina Faso doit guider ses relations extérieures.

Comment se porte votre parti politique ?

Soleil d’avenir se porte très bien. Nous sommes sortis de l’élection présidentielle et sommes en train de restructurer les organes dirigeants parce qu’après une campagne électorale législatives et présidentielle, il y a des mouvements dans tout parti politique. Donc nous sommes en train de faire des ajustements sur la base de l’expérience qu’on a vécu pour mieux nous préparer pour l’avenir, parce que Soleil d’avenir a l’ambition de gouverner le Burkina Faso. Donc, il faut chaque fois profiter des expériences pour s’ajuster.

Interview réalisée par Hamed NANEMA
Lefaso.net

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