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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Adolphe Da a été enchaîné et emprisonné pendant six mois

Publié le jeudi 23 décembre 2021 à 14h25min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Adolphe Da a été enchaîné et emprisonné pendant six mois

En 1987, Adolphe Da était du service des renseignements généraux à la gendarmerie nationale. Après avoir entendu les tirs, le 15 octobre, il dit s’être rendu au service qui se trouvait en face du conseil de l’Entente. Le service étant désert, il est sorti du bâtiment et regardait en direction du conseil de l’Entente.

Il verra le lieutenant Oumar Traoré qui lui demandera de décliner son identité vu qu’il se faisait tard (18h) et qu’il était en tenue de sport. « Il m’a dit de rentrer au conseil. Je ne voulais pas rentrer. Je voulais rentrer chez moi. Quand je suis entré au conseil, j’ai trouvé des corps. Il y avait des soldats armés qui avaient formé une demi-lune face au bâtiment. Les corps étaient juste derrière eux. Ils avaient un air de guerre. Ils faisaient peur. Ils m’ont conduit au magasin d’armes où ils m’ont remis une kalach et deux chargeurs garnis. Ils m’ont placé dans un poste de garde jusqu’au matin. Et j’ai demandé à rentrer voir ma famille ». Revenu à l’État-major de la gendarmerie, il raconte sa mésaventure à ses supérieurs qui n’en reviennent pas.

Adolphe Da est revenu sur sa traversée du désert après les événements du 15 octobre. Il dit avoir été enchaîné et emprisonné pendant six mois. Donné pour mort, sa famille s’apprêtait, à l’en croire, à organiser ses funérailles. Après sa libération, il sera affecté au service des renseignements. « Mais, précise t-il, j’ai été plusieurs fois radié des effectifs de la gendarmerie nationale. J’ai été réintégré par un décret annulant les radiations. »

Le témoin est revenu sur les événements du 2 octobre 1987 à Tenkodogo, lors de la célébration du Discours d’orientation politique (DOP). Un étudiant du nom de Jonas Somé, responsable des comités de défense de la révolution des universités avait pris à partie le capitaine Thomas Sankara en attaquant les différents points de son discours qu’il n’avait pas encore prononcé. Il avait ainsi obligé le président Sankara à mettre de côté son discours pour lui répondre directement. Pour le témoin, cet incident de Tenkodogo est le point de départ du scénario du coup du 15 octobre 1987.

La déposition d’un autre témoin a été lue par le greffier en chef. Il s’agit de celle de l’adjudant chef major à la retraite, Karim Dagano. Il était en service à la table d’écoute de la gendarmerie nationale. Il ressort de son témoignage que les renseignements avaient mis sur écoute les capitaines Blaise Compaoré et Jean-Pierre Palm. Selon le témoin, les deux hommes parlaient parfois de leurs copines et souvent d’autres choses. Mais à l’en croire, ils étaient prudents dans leurs propos, certainement parce qu’ils se sont peut être rendus compte qu’ils étaient sur écoute.

Il a déclaré également avoir écouté une conversation téléphonique entre l’étudiant Jonas Somé et Blaise Compaoré. Le premier aurait dit au second qu’il fallait passer à l’acte.

Après l’assassinat du président Sankara, le témoin et d’autres éléments ont détruit les archives des écoutes entre Blaise Compaoré et Jean Pierre Palm. Mais ce dernier serait revenu avec un Français. « Ils sont repartis avec la table d’écoute portative », a laissé entendre le témoin.

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