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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Votre défense est très bancale », lance Me Prosper Farama à un accusé

Publié le mardi 2 novembre 2021 à 12h15min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Votre défense est très bancale », lance Me Prosper Farama à un accusé

Membre de la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré, alors chef de corps du centre national d’entraînement commando (CNEC), Nabonsseouindé Ouédraogo fait partie des quatorze accusés dans l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze compagnons.

Ce 2 novembre 2021, sur interrogatoire de l’avocat Me Ferdinand Nzepa, l’accusé a déclaré qu’il était à son poste, en tenue de sport en compagnie de deux autres soldats « Porgo Sita et Yougbaré », prêts à aller au sport de masse, lorsque Hyacinthe Kafando a embarqué dans un véhicule avec des hommes. « Il a fait signe de la main de le suivre. Mais il ne s’est pas adressé personnellement à moi », précise l’accusé.

Et c’est donc quelques instants après le départ de Hyacinthe Kafando que Nabonsseouindé Ouédraogo affirme avoir entendu des coups de feu. Il s’est donc saisi de son arme, raconte-t-il, avant de se mettte à l’abri dans un bassin entouré de fleurs. Il n’en ressortira que le lendemain aux environs de 9h pour se rendre au domicile de Blaise Compaoré.

A la question de Me Nzepa de savoir comment un commando doit réagir lorsqu’il entend des coups de feu, l’accusé répond qu’il doit d’abord trouver un refuge afin d’identifier le lieu d’où proviennent les tirs. « Dans cette salle (salle des banquets, ndlr), s’il y a des coups de feu, ce n’est pas sûr que nous allons rester là », a déclaré Nabonsseouindé Ouédraogo. Il a ajouté que le bassin où il a trouvé refuge était plus sécurisant que le bâtiment où il prenait la garde. La partie civile, elle, ne comprend pas pourquoi un commando peut-il choisir de se cacher dans un bassin à 20 mètres plutôt que de faire un pas en arrière pour entrer dans un bâtiment.

Pourquoi l’accusé n’est-il pas allé voir ce qui se passait après que les tirs ont cessé au conseil de l’Entente ? A cette interrogation, Nabonsseouindé Ouédraogo affirme qu’il a aperçu des véhicules qui tournaient à l’intérieur du conseil et qu’il a préféré rester dans le bassin par mesure de précaution.

Lisant un extrait de sa déposition devant le juge d’instruction, Me Prosper Farama fait remarquer à l’accusé qu’il avait déclaré qu’après les tirs de kalachnikovs, il a entendu le bruit d’une DCA (arme lourde) trente minutes plus tard. A la barre, Nabonsseouindé Ouédraogo a nié ces déclarations. Il ne reconnaît pas également avoir dit au juge d’instruction être rentré chez lui au matin du 16 octobre, avant d’aller au domicile de Blaise Compaoré. « Je n’avais pas de domicile à Ouagadougou », s’est-il contenté de répondre.

« Je suis allé au domicile de Blaise pour retrouver mes chefs. Là-bas, on a dit à tout le monde de rester à son poste et de rester en alerte », a poursuivi Nabonsseouindé Ouédraogo. A la question de Me Farama de savoir comment il a appris le drame du 15 octobre alors qu’il ne s’était adressé à personne après avoir quitté le bassin pour le domicile de Blaise Compaoré, l’accusé a répondu que son décès (Thomas Sankara, ndlr) n’était plus un secret. Après insistance de l’avocat et du tribunal militaire, Nabonsseouindé Ouédraogo lâche « C’est Hyacinthe Kafando qui nous l’a dit au domicile de Blaise. Mais, il ne nous a pas donné de détails ».

Toujours titillant envers l’accusé, Me Prosper Farama lui demande comment il savait que Hyacinthe Kafando et ses hommes étaient en vie et se trouvaient chez Blaise vu qu’ils ne les avaient plus revus après les tirs du 15 octobre ? Puisqu’il est hésitant dans ses réponses, l’avocat de la partie civile fait observer que l’accusé a une « défense bancale ».

« Soit vous mentez et vous mentez très mal, soit vous nous manquez de respect (…) Vous vous contredisez. Il n’y a rien de cohérent dans ce que vous dites. C’est un système de défense que vous avez adopté et c’est votre droit le plus absolu », a lancé Me Prosper Farama.

Rappelons que le premier accusé appelé à la barre, Yamba Élysée Ilboudo avait déclaré que Nabonsseouindé Ouédraogo faisait partie du commando qui a embarqué à l’arrière de son véhicule pour aller au conseil de l’Entente sur instruction de l’adjudant Hyacinthe Kafando. Tout le contraire de ce que Nabonsseouindé Ouédraogo a déclaré à la barre depuis jeudi 28 octobre.

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Vos commentaires

  • Le 2 novembre 2021 à 12:26, par Bayala En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Votre défense est très bancale », lance Me Prosper Farama à un accusé

    Le problème avec la justice moderne, c’est que même celui qu’on prend la main dans le sac peut nier les faits et inventer des balivernes pour échapper à la sentence ! Chez nous c’est simple : on te fait boire une potion, tu jure sur la terre et on te laisse partir. La suite, si tu es coupable, tu iras t’expliquer chez les ancêtres et puis la vie continue.

    • Le 2 novembre 2021 à 17:38, par Éric de de KOURIA En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Votre défense est très bancale », lance Me Prosper Farama à un accusé

      Monsieur BAYALA, si on pouvait en effet expérimenter cette forme de justice à ce procès, nous serions tous soulagés ! Et je proposerais même que l´on fasse boire cette potion à tous nos politiques, et surtout aux élus ! Oui on prendra le soin de leur dire de ne point mentir, de ne pas voler et surtout de ne pas dilapider les deniers publics. Et chacun boira de cette potion ! Le Burkina serait enfin débarrassé de tous ces parasites, qui nous ruinent !

  • Le 2 novembre 2021 à 13:48, par Nabiiga En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Votre défense est très bancale », lance Me Prosper Farama à un accusé

    Je pense l’avoir dit par le passé. Le fait que ce procès ait lieu suffit largement déjà ; la condamnation ou non des inculpés serait le cerise sur le gâteau. Pendant les 27 ans sanglants de Blaise et ses sbires au pouvoir la chose qui a été crainte et pour laquelle tout a été mis en œuvre pour que ça ne se réalise pas, est ce même procès en train de se dérouler devant nos yeux. On sait déjà que lorsque Blaise a maintenant mordicus à qui voulait l’entendre qu’il fut souffrant, qu’il dormait et que sa femme fut à son chevet en qualité d’infirmière-en-chef chargée de son dossier médical, était un mensonge. Un mensonge grossier d’ailleurs. Il ne dormait pas ; bien au contraire il était partout en train de planifier avec Kafando. La décision fut prise et haya, Kafando est sorti, bête de son état, a ordonné les petits militaires à côté, de l’accompagner pour accomplir la tâche qui lui a été confiée par Blaise alors que lui-même, Blaise, contraire à ses déclarations, était assis pour attendre la suite. Tout est au grand jour maintenant.

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