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Burkina/institutionnalisation du secteur des « droits humains » : « Nous avançons d’un pas, et nous reculons de deux », Camille Tapsoba, conseiller en droits humains

Publié le lundi 13 septembre 2021 à 15h00min

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Burkina/institutionnalisation du secteur des « droits humains » : « Nous avançons d’un pas, et nous reculons de deux », Camille Tapsoba, conseiller en droits humains

Réunis ce vendredi 10 septembre 2021 à Ouagadougou dans le cadre de leur conférence annuelle du personnel du corps des droits humains, les conseillers et assistants en droits humains ont planché sur les difficultés qui minent le secteur.

C’est sous le thème « Engagement de l’Etat dans le secteur des droits humains : quelles perspectives pour la mise en œuvre des programmes "Droits humains" et citoyenneté et paix ? », que le ministre de tutelle, le ministre de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique, Victoria Ouédraogo, a ouvert les travaux de la conférence annuelle 2021 du personnel du corps des droits humains.

Ce cadre, qui a réuni des participants venus de l’ensemble des directions régionales et des services centraux du ministère, est une instance pour échanger autour des préoccupations relatives à la promotion dudit corps et à la mise en œuvre de ses missions.

Selon le ministre Victoria Ouédraogo, les échanges sur la thématique devront permettre de faire un diagnostic des actions de l’Etat pour la mise en œuvre des programmes « droits humains » et « citoyenneté et paix » en tant que composantes de la politique sectorielle « Justice et droits humains » 2018-2027, afin de faire des analyses.

Le ministre Victoria Ouédraogo, procédant à l’ouverture de la conférence annuelle.

« Le contexte sécuritaire national est marqué par nombreuses attaques terroristes et une recrudescence des conflits communautaires, toute chose qui entraîne de graves violations de droits humains et des déplacements massifs des populations. En tant que premier acteur de mise en œuvre des actions de l’Etat en matière de droits humains, de citoyenneté et de paix, cette situation nous interpelle tous. C’est donc le lieu pour moi de rappeler que l’effectivité des droits fondamentaux de la personne garantie par les instruments juridiques nationaux et internationaux ne peut être une réalité que dans un environnement de cohésion sociale et de paix. D’où la nécessité d’une mise en œuvre permanente et efficace des actions à travers les programmes ‘‘droits humains’’ et ‘‘citoyenneté et paix’’ », justifie-t-elle.

« C’est en ce moment même qu’on devrait avoir beaucoup plus de moyens pour travailler », ajoute-telle.

Les défis sont énormes et multiformes, et le personnel des droits humains doit, non seulement contribuer au renforcement des capacités des groupes socio-professionnels, mais également au monitoring, suivi et évaluation des actions, tout en proposant des stratégies au gouvernement pour le respect des droits humains, estime le ministre.

Vue partielle des participants.

Jaugeant leur mise en œuvre, elle relève qu’au moins dix recommandations ont été mises en œuvre, onze sont en cours de réalisation, une est devenue caduque et douze n’ont pas encore connu un début de mise en œuvre pour diverses raisons.

Le président du comité de suivi des recommandations de la conférence annuelle du personnel du corps des droits humains, Bénéwendé Camille Tapsoba, relève que les principales difficultés, ce sont la rareté des ressources et l’instabilité institutionnel du volet « droits humains ». « Si fait que nous avons du mal à mettre en œuvre les missions qui nous sont assignées. Si vous prenez le volet ‘‘droits humains’’, nous avons les contrats avec partenaires techniques et financiers qui sont arrivés à échéance. Donc, nous ne fonctionnons actuellement qu’avec le budget de l’Etat. Alors qu’au regard du fait qu’historiquement, le ministère avait été soutenu par les partenaires techniques et financiers, l’apport de l’Etat n’était pas important. Avec la fin donc des différentes conventions, du coup, on se retrouve avec un budget squelettique ; alors que quand vous regardez le contexte actuel de notre pays, on a un grand besoin de promotion de droits humains, on a un grand besoin de mettre cette question au cœur des actions (actions de développement, de lutte contre l’insécurité, etc.). C’est dire donc que c’est en ce moment même qu’on devrait avoir beaucoup plus de moyens pour travailler. Malheureusement… », fait remarquer le conseiller en droits humains, Bénéwendé Camille Tapsoba.

Le directeur général de la promotion des droits humains, Bénéwendé Camille Tapsoba.

Instabilité institutionnelle

Réagissant à des questions de journalistes sur ces aspects, M. Tapsoba a souligné que l’instabilité institutionnelle (tantôt érigé en ministère plein, tantôt rattaché au ministère de la Justice) que connaît le volet « droits humains » impacte sérieusement ses missions. « C’est la principale entrave à la mise en œuvre des recommandations. A chaque fois, il faut recommencer. C’est un perpétuel recommencement. Ce qui nous met toujours en retard. On avance d’un pas, et on recule de deux », soutient-il.

Il déclare que la principale doléance du corps reste donc l’allocation en budget du ministère, particulièrement à son volet « droits humains » et la stabilisation institutionnelle du volet « droits humains ».

« Il y a des moments où il y a des gens (agents, ndlr) qui sont oisifs, parce qu’il n’y a pas d’activités à mener et c’est parfois difficile ; ça peut même participer de la démotivation du personnel. Il faut aussi qu’à un certain moment, on décide d’ancrer le volet ‘‘droits humains’’ soit au ministère de la Justice, soit d’en faire un ministère plein », préconise Bénéwendé Camille Tapsoba, par ailleurs directeur général de la promotion des droits humains.

Pour mémoire, et selon les explications du président du comité de suivi des recommandations de la conférence annuelle du personnel du corps des droits humains, Bénéwendé Camille Tapsoba, les « droits humains » ont principalement deux programmes : les droits humains et citoyenneté et paix.

Photo de famille

Le premier volet est relatif à la promotion des droits humains par, essentiellement, la sensibilisation, la formation, l’information et l’élaboration des rapports du Burkina dus aux organismes au niveau international. Il y a également la mise en œuvre des recommandations formulées par les organismes internationaux et la lutte contre la violation des droits humains. Il y a, en outre, la formation des Forces de défense et de sécurité ainsi que des populations sur le droit international humanitaire à pouvoir mettre les droits humains au cœur de leurs actions.

Pour le volet « citoyenneté et paix », il consiste à promouvoir les actions de civisme auprès des populations burkinabè (respect des lois de la République, la bonne gouvernance…), amener chaque Burkinabè à épouser des attitudes citoyennes (droits et devoirs), etc.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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