LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Revalorisation de la Fonction enseignante : « L’Etat y a une part de responsabilité »

Publié le jeudi 13 octobre 2005 à 07h23min

PARTAGER :                          

Félix Compaoré, chercheur en éducation au Centre national de recherche scientifique et technologique (CNRST), a donné une conférence publique le 5 octobre à Koudougou sur le thème « La revalorisation de la fonction enseignante : rôle et responsabilité de l’enseignant ». Dans cet entretien, il précise le contenu de son exposé.

Le Pays : Comment avez-vous apprécié la qualité des échanges pendant la communication ?

¬Félix Compaoré (Chercheur en éducation au CNRST) : Nous avons noté avec satisfaction que les échanges étaient très animés. Nous pensons que le niveau des débats était élevé. Les échanges étaient très francs et fructueux. A été abordée la problématique même des enseignants, mais aussi et surtout la revalorisation de la fonction enseignante. Vous n’ignorez pas que depuis un certain temps les enseignants constituent les parents pauvres de la République, dans la mesure où les conditions de vie dans lesquelles ils évoluent se dégradent d’année en année. Certes, ce n’est pas le seul corps qui est frappé par cette crise, mais c’est le corps qui a le plus ressenti cette crise. Ce qui fait qu’il faut aujourd’hui un sursaut pour amener les uns et les autres à faire en sorte que la fonction enseignante soit revalorisée.

Quelle est la responsabilité de l’enseignant dans cette revalorisation ?

Il faut d’abord que l’enseignant se persuade qu’il est le premier acteur de la revalorisation de sa fonction, qu’il reste, comme il l’a toujours été, le gardien de l’éducation. Qu’il amène la société à comprendre que son rôle est irremplaçable parce que tout simplement l’Etat, les parents leur confient des êtres qui leur sont chers. Si les parents et l’Etat ont trouvé que leurs enfants pourraient être confiés à un personnel qualifié, il n’y a pas de raison que ces deux structures ne l’accompagnent pas pour que sa fonction soit prise en compte dans toutes les actions que l’on doit entreprendre dans ce pays. Il faut aussi que l’enseignant sache qu’il doit être digne à travers son comportement ; il doit être un modèle, celui qui donne en quelque sorte l’image d’une fonction qui est digne d’intérêt, qui ne peut que faire gagner la société, à la fois en terme de développement et de conservation des valeurs culturelles.

Que doit faire l’Etat pour accompagner les enseignants dans cette quête ?

Je disais que l’Etat a une part de responsabilité. J’ai pris l’exemple d’enseignants que nous avons rencontrés dans les provinces lors de nos sorties. Si l’enseignant doit se retrouver sans logement dans un milieu qu’il ne connaît pas, et s’il doit rester deux, trois voire six mois sans salaire, l’Etat n’y a-t-il pas une part de responsabilité ?

Il y a la possibilité de faire des avances sur salaire. Il y a la possibilité, comme on est dans une logique de décentralisation, de donner aux responsables en zone urbaine les moyens pour que l’enseignant ne soit pas cette espèce qui est devenue un peu la risée de certaines localités parce que tout simplement il est obligé de loger chez un habitant et de quémander sa pitance pendant 6 mois. Mais quelle valeur peut-il représenter aux yeux de celui qui le reçoit et des enfants qu’il a la charge d’éduquer ? C’est pourquoi je crois que l’Etat a une grande part de responsabilité dans cette situation.

Propos recueillis par Noraggo Paul HIRY

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique