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Lutte contre le paludisme : 10 millions de moustiquaires seront distribuées à partir de juin

25 avril 2019, 00:05, par M. Ouedraogo

Moustique mon Voisin
Je me rappelle bien que jusqu’au milieu des années 70, si je me trompe pas, globalement au Burkina ces moustiques ne nous causaient de sérieux soucis que pendant la période des saisons de pluies et je dirais même à la tombée de jour et seulement durant cette période. En effet, les eaux stagnantes des pluies constituaient leur lieu d’éclosion à travers le pays. Mais, malgré tout cela il n’y en avait moins compare à ce que nous vivons de nos jours. Quelques mois après les saisons de pluie on n’en parlait presque pas. Du moins, on était plus tranquille à cet égard. Que s’est-il donc passé pour qu’on en soit là, de nos jours ? Comment comprendre que de nos jours nous luttons quotidiennement contre ces moustiques, de jour comme de nuit et à travers tout le pays ? Le moins qu’on puisse dire au regard de ce fléau grandissant c’est que nous n’avons toujours pas trouvé le remède approprié. A Ouagadougou par exemple il n’y a pas un seul endroit, de nos cours aux lieux publics en passant par les maquis, où l’on peut s’asseoir sans s’en inquiéter. On est même au stade où la spirale, pommade ou le pulvérisateur anti-moustique est dans nos sacs à mains, indispensable comme soin quotidien pour la santé. Que de bonnes affaires pour les fabricants et vendeurs !
Sur les 30 dernières années Dieu seul sait combien de milliers de milliards ont été engloutis officiellement au titre de la lutte contre le palu. L’Etat, les ONG, les Associations, les aides extérieures d’autres états et organisations internationales, etc. Et malgré tout, la bête continue à prendre du poil. Surement, qu’il y a quelque chose qui ne va pas. N’est-il donc pas grand temps que l’on remettre sérieusement en cause notre approche de lutte étant donne qu’elle ne paie pas ? Faut-il donc pas se poser des questions bien plus profondes sur l’évolution historique de cette gangrène afin de mieux l’attaquer pour l’éradiquer sinon amoindrir son mal ? Y a-t-il des intérêts financiers qui de façon intentionnelle nous trompent dans cette lutte et nous empêchent d’y réussir ? A qui profite la situation ? Je ne suis pas un spécialiste des maladies tropicales et surement pas doté de plus d’intelligence mais j’observe au mieux possible les faits que je vis et je me les questionne afin de mieux les comprendre.
Si les spécialistes nous disent que les moustiques ont leur niche dans les eaux stagnantes et l’insalubrité d’où ils se reproduisent et nous envahissent alors il me parait très évident que c’est là qu’il faut attaquer le problème, d’abord. Cela veut dire l’activité humaine, sa nature, nos gestes quotidiens, insouciants et inconsidérés qui nous condamnent. Les eaux temporaires des saisons de pluies ont été remplacées par des eaux sales, permanentes et bien plus toxiques grâce à nous-mêmes. On peut le constater à travers tout le Burkina en longueur d’année : les toilettes coulantes et débordantes des concessions, les déversées devenues stagnantes dans les caniveaux ouverts ou fermés, les vomies des usines ou unités de productions, les remontées des puits perdus, les retenues d’eaux souillées par nos rejets et j’en passe. Il se trouve qu’avec notre nombre augmentant au fil des années augmentent aussi nos rejets avec notre inconscience en matière d’égard à notre environnement vital. Plus question de dormir à la belle Etoile en souvenir de mon enfance. En cette période de 38 degrés a l’ombre, personne ne dort ni de jour, ni de nuit. La chambre est devenue un four mais comment faire. Les uns sont sans électricité, les autres sans ventilateur ne parlons pas de climatiseur et pas questions d’ouvrir les fenêtres pour espérer un peu d’air. Moustique va rentrer ! Quel enfer s’est-on construit contre nous-mêmes !

Si Ouagadougou est aujourd’hui 3 fois plus étendu que la ville de Paris, selon des spécialistes du domaine, comment peut-on assainir et sécuriser un espace aussi vaste pour un pays qui manque n’a pas les moyens nécessaires à cela ? En effet, on peut questionner nos dirigeants sur ce qu’ils ont mis en place pour répondre aux besoins fondamentaux de ce peuplement anarchique de plus en plus en hausse et qui pose de plus en plus ces questions d’hygiène, de salubrité pour ainsi dire de notre environnement immédiat ? Cependant, nombreux sont ceux/celles qui sont devenus millionnaires en profitant des besoins immédiats de ces nouveaux venus, spéculant sur les lotissements et ventes de parcelles.
Si nous avions investi ces milliards de soi-disant ‘lutte contre le paludisme » essentiellement sur les questions de salubrité, de nos comportements malsains de tous les jours, serions-nous dans cette situation ? Sensibiliser de façon soutenue sur tout le territoire national – Eduquer à travers les programmes de toutes nos institutions éducatives – Sanctionner avec rigueur les récalcitrants. Malheureusement, il me semble qu’une fois de plus on s’est contenté et se contente du médiocre et du tapage médiatique. Au regard de tout ça, on peut se poser des questions : est-ce un manque de volonté, un manque discernement, de responsabilité, de compétences sur la question ou simplement de son ignorance.
Certes, je ne prétends pas avoir abordé ici toute la complexité de ce phénomène moustique mais j’espère qu’il y aura des réactions constructives en matière de réflexion sur la question.


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