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Macron honore le Peuple burkinabè de l’amitié du Peuple français !

24 novembre 2017, 07:43, par Ahmed

Je suis ahuri devant la légèreté de vos propos. Comment un enseignant, de surcroît à l’Enam, peut penser les rapports entre états, surtout de la France aux pays noirs africains francophones, comme ça ? Il y a tellement de réfutations à vous faire, je n’ai malheureusement pas le temps nécessaire pour.

D’abord l’intérêt national dont vous parlez n’est pas de votre compétence, au nom de quoi c’est vous, et pas le peuple et sa jeunesse, qui devriez dire ce qu’est l’intérêt national ? Et en quoi votre écrit lui-même ne relève pas d’un intérêt propre à vous, donc égoïste (qui sait en fait ce que vous espérez de la France : Visa, Légion, etc., par cet écrit-atalakou qui invite la jeunesse à s’endormir en fermant les yeux sur les vraies causes de la misère des pays noirs africains francophones qui sont précisément le fait de la politique de la France dans ces pays depuis des siècles : Francafrique, FMI où la France se joue le connaisseur et le meneur des pays noirs africains francophones, Franc CFA, etc.) ?

Vraiment, n’identifiez pas vos confusions personnelles à une mauvaise compréhension supposée que le peuple aurait de ses aspirations. Quand vous parlez de l’esclavage etc., on a bien le droit de le reprocher à la France et au président de la France, s’appelle-t-il Macron ou Brigitte, ou fût-il de la génération "X+n". L’Etat et le président français sont bien des entités responsables de ces crimes horribles. Les impôts du même peuple actuel français (dont beaucoup n’étaient pas sous Pétain en 1939-1945) continuent de payer les victimes de la Shoah. Alors, pourquoi quand il s’agit de la souffrance des noirs, on met devant l’argumentation ridicule selon laquelle la France, son gouvernement, son président, etc., ne seraient plus responsables parce que les générations actuelles n’étaient pas là ? Mais alors, pourquoi elles ne rejettent pas les fruits tirés de l’esclavage, de la colonisation et aujourd’hui de la Francafrique ? Je n’ai jamais compris certains diplômés noirs africains. C’est de telles simplifications dans la pensée qui encouragent la France à maintenir son étreinte mortelle sur les africains noirs francophones parce qu’elle se convainc en définitive que ces gens ne réfléchissent pas pour comprendre.

Même l’état déplorable de l’université, de la santé, etc. dont vous parlez, c’est comme ça en grande partie parce qu’il y a une politique structurelle extérieure (FMI, CFA, Francafrique, etc.) à laquelle les pays noirs africains francophones sont particulièrement exposés, laquelle politique assassine tout président qui veut s’en émanciper : Thomas Sankara, etc. Donc, la France est responsable en partie de la misère de notre enseignement, comme de la vente des migrants actuellement en Libye après l’assassinat de Kadhafi, cette France soi-disant qui a des valeurs millénaires mais qui n’a jamais fait d’écoles ou d’universités pendant toute sa longue colonisation (ce qui n’est pas le cas par exemple des britanniques qui ont fait des universités).

Bref. La visite du Président français ne relève pas de l’amitié ou de la visite au sens africain dont vous parlez. Faire des analogies entre ça, c’est être de mauvaise foi. Mitterrand a visité le Burkina Faso, et Thomas Sankara fut assassiné quelques temps après. Et de toute façon Macron était au Mali, IBK courrait comme ça comme un enfant devant les officiels français pour aller malgré sa santé à Kidal et non à Bamako. C’est quel hôte étranger ça qui décide chez vous où il veut que votre rencontre ait lieu ? Et c’est c’est ça là l’amitié ? Ou c’est un hôte comme ça qui est roi en Afrique ? Non, Monsieur Sango, vous rigolez. Soyez un peu sérieux dans les analyses. Regardez précisément juste un peu le fond du problème malien. Si c’est ça l’amitié dont vous parlez, la jeunesse africaine, au moins par ma voix, n’en veut pas. Et vous n’êtes pas plus autorisé que nous pour imposer une vision.

Il y a autant d’autres blablas dans vos propos. Mais je n’ai pas le temps pour réfuter de telles légèretés.

Faites-nous seulement la grâce de garder vos convictions pour vous-mêmes et laisser la jeunesse africaine s’autodéterminer. La France n’est pas pour nous un modèle de partenaire, n’en déplaisent à vos amours personnelles. Ça fait combien de temps qu’on est dans ces relations de mépris avec la France et rien n’avance. Aujourd’hui vous continuez encore à demander aux gens (comme exactement pendant la colonisation et les années 1960) de sortir dans les rues applaudir et danser comme des singes pour le président français, alors que son propre peuple ne le lui fait jamais, parce que là-bas on trouve que c’est dégradant et enfantin.

Je demande pardon au Web-master de ne pas me censurer : de la même manière que M. Sango a été libre de crier son amour pour la France, la jeunesse africaine est libre d’avoir une autre lecture.


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