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Fidèle Toé, ancien compagnon de Thomas Sankara : « Je devais être pris et forcé à raconter partout que Sankara voulait tuer ses camarades »

16 octobre 2017, 00:05, par SOULY N. Stéphane

Merci au camarade Fidèle Toé que j´ai bien connu. Merci pour ce témoignage. J´ai toujours pensé que Ouattamou Lamien a joué un rôle important dans la tragédie du 15 octobre. Je n´aime pas parler de ceux qui ne sont plus là. Enfin. La déclaration du 15 octobre de par le style, la formulation des mots, la syntaxe ... semblait être de Ouattamou Lamien. Et quand le capitaine Blaise Compaoré a prononcé son discours, alors cela est devenu encore plus clair. Plus grave encore je me souviens de la réaction de quelqu´un, un français qui vivait au Burkina à l´époque et qui était un ami. De passage à Tenkodogo, oú j´étais, ce dernier qui d´ailleurs a été un de mes professeurs m´a dit : Mais Souly, ce discours, c´est du "Ouattamou Lamien".

Et laissant tomber un soupir, il me dit. Oh, tu sais quoi, il vient de signer lui même son propre assassinat. On ne le laissera pas en vie. Alors je ne fus pas vraiment surpris, quand en avril 1988, j´appris par les ondes le décès accidentel de Ouattamou Lamien. Il faut dire que nous élèves, jeunes lycéens engagés de l´époque aimions les beaux parleurs. Et Ouattamou Lamien était un beau parleur. Dieu seul sait comment nous l´aimions. Mais dès lors que nous avons eu vent de son implication supposée dans les évènements du 15 octobre, nous ne l´avons plus fréquenté. Par contre d´autres ont continué à le faire.

Entre 1989 et 1990, j´ai eu de nouveau l´occasion de rencontrer cet ami français à Alger. Nous avons entre autres parlé de politique, et je lui ai demandé s´il se rappelait de sa prophétie ? Il a souri, puis il m´a dit : « Je suis souvent moi-même surpris par mes propres analyses ».
Plus tard par son intermédiaire, je devais rencontrer André Fontaine qui fut directeur du journal Le monde. En 1993, nous nous sommes vus pour la dernière fois à Genève à l´Institut Universitaire de Développement. La finesse de ses analyses m´avait toujours impressionné.

Ce témoignage de Fidèle Toé me fait revivre ce que nous avons tous vécu comme élèves, au soir du 15 octobre. Non, il ne s´agissait pas d´un accident. C´était un complot minutieusement préparé, mais mal exécuté. Un crime presque parfait ! Un crime dans lequel l´argent a joué un grand rôle.

Quant à Feu Salif Diallo, paix à son âme. Je suis désolé, je ne puis accepter l´idée qu´il ait été induit en erreur par le camp Blaise Compaoré, pour la simple raison que Blaise Compaoré a été fait de toutes pièces par eux-mêmes. À partir de quand s´est-il rendu compte qu´il avait été trompé ?
Ah je vois, à partir du moment où il a été mis à la touche, il se rappelle subitement qu´il avait été trompé, alors que pendant tout ce temps, il dinait tranquillement avec le diable. C´est trop gros et trop facile par être simplement accepté. Par contre, je l´admire quand il reconnait avoir une part de responsabilité dans cette tragédie Le jour où Blaise Compaoré va se mettre á parler, le jour où au nom de cette amitié qui le liait à Sankara, il se déciderait, nous saurons la vérité. Beaucoup de civils ou de militaires encore en vie sont probablement trempés dans le complot. On connait tous ceux qui ont sablé le champagne après le 15 octobre 1987. Ils sont là. Beaucoup d´entre eux sont toujours même aux affaires, civils comme militaires.


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