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« Moaga du plateau central et musulman » : Entre remords et regrets, Dr Ablassé OUEDRAOGO s’excuse et se présente

19 septembre 2017, 10:35, par Africa

Dr Ablassé Ouédraogo exprime sans doute des regrets sincères ; il a fait preuve de courage et d’humilité en reconnaissant avec le recul, l’effet désastreux au sein de la communauté nationale des propos que JA lui a prêtés. L’opinion nationale au départ ne croyait pas aux allégations du journal parisien ; mais l’intéressé avait lors d’une interview sur un média national marqué son étonnement qu’il y ait polémique lorsqu’il revendique ce qu’il est culturellement : Moaga et musulman. L’opinion s’est véritablement indignée puisque depuis Août 1984’ le président-patriote-révolutionnaire, Thomas Sankara avait supprimé toute mention ethnique et religieuse sur nos cartes nationales d’identité, pratiques héritées de l’administration coloniale. Malgré tout cela, c’est à au crédit du Dr Ablassé de se repentir ainsi publiquement devant ses compatriotes ; il mérite d’être excusé parce que son propos a dépassé sa pensée. D’ailleurs, il a déjà été excusé en partie lors des élections législatives et municipales puisque, battu sur son plateau central mossi natal, il a réussi un repli au sud dans le Ziro chez ses amis Gourounsi, comme le fit le grand résistant à la pénétration coloniale Boukary Koutou. Pourvu qu’il parvienne à reconquérir, non pas le Mogho seulement, mais l’ensemble du Burkina.
Sur un autre registre, en rebondissant sur la suite de l’article publié par Dr Ablassé Ouedraogo, il est utile de rendre hommage à deux grands président-patriotes qui ont imprimé l’esprit de justice sociale dans notre jeune pays. En effet, étant né le 30 juin 1953, Dr Ablassé Ouédraogo fait partie des premières promotions des écoliers de la Haute-Volta indépendante devenue Burkina Faso en Août 1984. Et Dieu seul sait combien ces écoliers, collégiens et lycéens de toutes conditions et de toutes origines, avaient été choyés par le président-patriote Maurice Yaméogo dans son souci de sortir rapidement le pays d’un Etat-Ethnico-Regionaliste vers un État Unitaire fier et digne. Les enfants de cultivateurs étaient les plus grands bénéficiaires du traitement égalitaire basé sur le mérite qu’il décida comme seul critère de sélection. Ainsi, mon cousin, fils de cultivateur, se retrouva avec le fils du Président comme voisin au lycée Philippe Zinda Kaboré !
Cette vision a été poursuivie et approfondie par cet autre président-patriote, Aboubacar Sangoulé Lamizana. Dans sa profession de foi dès son premier discours à la Nation au lendemain de l’insurrection populaire du 3 janvier 1966, ne disait-il pas que : " je ne suis d’aucune ethnie, d’aucun village, d’aucune région ; je suis voltaïque tout court !" Sous son magistère, les bourses d’études supérieures s’octroyaient sur la base du mérite académique. Les élèves ayant les meilleurs résultats scolaires étaient sélectionnés dès la fin du premier trimestre de la classe de terminale en prenant en compte des résultats de la première. Les dossiers étaient soumis aux donateurs avec des options de filières de formation selon les besoins du pays. Les enfants de cultivateurs ont ainsi pu accéder aux plus prestigieuses universités et grandes écoles d’ingénieurs partout dans le monde.
Voilà ce qui a permis au fils du cultivateur de Dabaré de porter si fièrement aujourd’hui son titre de Docteur ès-sciences économique et de dérouler une si belle carrière nationale et internationale. Je suis moi aussi fils de cultivateur et d’une ménagère ; j’ai bénéficié moi aussi de cette générosité de la communauté nationale et de cette égalité des chances instaurée par ces deux président-patriotes. Diplômé d’une grande école d’ingénieurs, carrière professionnelle nationale et internationale plutôt réussie. Mais est-ce suffisant et satisfaisant ? J’en doute. Quand on sait que notre génération qui dirige ce pays depuis le 7 Novembre 1982, portons une responsabilité pleine et entière des inégalités dans le système éducatif où l’école joue de moins en moins son rôle l’ascenseur social selon le mérite de chacun. On rencontre des Bacheliers Série C avec mention, fils de cultivateurs ou d’ouvriers, orientés de façon fantesiste dans des filières sans débouchés. D’autres de séries scientifiques qui mettent 6 à 7 ans pour valider un niveau Bac+3 ans. Il faut que, avant de passer le témoin, ces injustices soient corrigées sinon nous laisserons une poudrière à nos enfants.


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