Accueil > ... > Forum 1134048

« Manger le pouvoir au Burkina » : Dr Benoit Beucher, de l’Université Paris-Sorbonne retrace et explique la noblesse Mossi à l’épreuve de l’Histoire !

1er juillet 2017, 00:06, par SOME

Effectivement à la sortie de ce livre à cette époque, j’avais eu des analyses et critiques la dessus. Et je me mefiais de la demarche sur le theme. Et si dans cet interview, j’etais plutot globalement en accord avec les approches et les idees, je commence a me raviser et a revenir a mes premieres apprehensions, au milieu de l’article. Et cela m’inquiete sur le vrai avenir qu’on essaie de nous imposer au burkina. La recurrence et l’insistance avec lesquelles on ramene certains sujets, disent bien ce qu’on veut faire de nous dans laa sous region car il faut le considerer dans une geopolitique plus globale. A nous peuple burkinabe a ne pas tomber dans ce grossier piege qu’on nous tend. Je ne soutiens pas que M Beucher en est un acteur conscient : je n’en sais rien ! Sa formation en histoire et en science politique lui ont appris que…

Le burkina ne manque pas d’historiens (et de vrais historiens d’excellente facture). Mais si M Beucher se veut faire de la pub, c’est comprehensible, mais il ne peut fanfaronner qu’il n’y a pas eu des travaux de transcendance sur l’histoire du burkina. Je suis d’accord qu’il faut un travail et un regard d’historien et non seulement d’ethnographe et d’anthroplogue sur la monarchie mossi. En cela je lui tire mon chapeau. Et tant pis pour nos doctorants qui preferent aller disserter sur le moyen age au pole nord. Nous debordons de docteurs en chomage, qui crevent de faim alors qu’il y a de la matiere a recherche…

Plus je lis l’interview, plus je m’inquiete du vrai fondé de la recherche. M Beucher decouvre assez recemment le burkina : l’an 2000, c’est assez recent et la societe burkinabe avait radicalement subi de profondes modifications. Ce que j’incrimine, c’est cette lecture en filigrane qui tente de ramener la royauté mossi comme fondateur de l’etat voltaique. Une telle lecture, a l’heure actuelle, est tres dangereuse car elle avalise ce que M Blaise compaore a instauré pour gouverner pendant 27 ans. Il n’est pas anodin que M Beucher invoque le role de mediateur du moro naba ces derniers temps, mais oublie de signaler que ce role, s’il est appreciable, ne peut se vouloir incontournable comme on tente de nous l’imposer depuis la crise de 2014.

Maintenant on invoque des travaux universitaires pour faire accepter cette idée ! (comme toujours dirai-je). On oublie que des personnes se sont élevées contre cette demarche clandestine et qui mine serieusement la cohesion nationale. Je rappelle tout simplement que la problematique du role des chefs traditionnels était devenue tellement cruciale que l’actuel naaba d’Issouka, Naba Saga Modeste Yameogo, lors de la rencontre des chefs traditionnels, avait trouvé urgent et imperatif d’appeler à ce que les chefs traditionnels gardent leur place de chef traditionnel, et non pas d’acteurs politiques. Naba Saga d’Issouka n’a rien d’un chef ringard ; bien au contraire et pourtant il remplit bien son role de chef traditionnel.

La traditionnalité ne se resume nullement a l’arriération et au rejet des temps modernes. Etre chef traditionnel ne signifie pas ne pas avoir d’opinion politique, ni rester ringard, etc. Mais descendre dans l’arene de politique politicienne l’expose aux invectives, meme de ses sujets. Je ne suis pas du bord politique de Naba Tigré, mais je respecte son approche et du coup il sait a quoi il s’expose et il l’assume. C’est courageux. Au moins, c’est clair !

Si la royaute ne menace pas necessairement la democratie (pourquoi cela serait ? Les exemples abondent), une certaine approche sibylline et non avouée est en train de miner la democratie dans un pays comme le Burkina. Si le peuple s’est insurgé contre justement une certaine facon de gerer le burkina, il s’est senti floué par une certaine fraction des dirigeants qui ont volé leur revolte pour mieux nous imposer l’hegemonie du moro naba de ouagadougou. Qu’un individu comme Ablassé ouedraogo ne se gene meme pas pour emboucher l’antienne du tribalisme du centre et la religion pour clamer avoir des chances de devenir president, c’est la preuve que cette gangrene semée par Compaore avait pris. Au point que l’on veuille constitutionnaliser la chefferie traditionnelle alors qu’elle n’avait pas cette importance.

Votre ecrit tente de nous rappeler en memoire que la monarchie mossi est devenue incontournable et ce depuis la colonisation :« Et la figure du roi de Ouagadougou est clairement montée en puissance ces dernières années  ». « Je me souviens qu’au cours du soulèvement populaire d’octobre 2014, des médias comme France 24 voyaient le Moogo Naaba Baongho II comme un « acteur incontournable » dans la gestion de l’après-Blaise. Au même moment, des journalistes de la BBC m’appelaient pour en savoir plus sur le roi » : Que voulez nous faire entendre par là ? Et surtout dans ce contexte tres fragile d’un etat faible avec des chefs–serfs comme on les a !? Le burkina se trouve dans une tres mauvaise impasse ; ne rajoutez pas votre grain de sel ou votre goutte qui fera (enfin !) déborder le vase.

Ce qui gene encore plus, c’est que M Beucher passe sous silence le cas du Burkina/Haute Volta qui ne se limite pas au moro naba, fut-il du centre du plateau mossi. C’est ainsi que l’on pose des antagonismes entre des communautés qui les geraient a leur facon. Ainsi quelques mossi ecervelés vont se reveiller et vouloir un burkina gouverné par les mossi et son moro naba. Et le poison de la guerre civile que l’on essaie de nous imposer depuis quelque temps, pourra enfin faire ses effets.

« L’historien, lui, essaye d’en livrer une vision apaisée et la plus objective possible. » Non ! Ceci n’est pas pour defendre la vraie democratie, ni la paix civile dans notre pays. Je doute fort si vous etes de bonne foi, il n’est pas exclu qu’il y ait commande en sous main. L’Histoire n’est pas neutre. On connait aussi les techniques de manipulation et de destabilisation en usage de nos jours dans la guerre des esprits. Au debut du regime de Blaise dans les années 90, on a vu des Ludo Martens et le role qu’on leur a assigné... Le Burkina nouveau est né, c’est ca aussi l’histoire du burkina, n’en deplaise a certains acteurs de l’ombre.
SOME


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés