Accueil > ... > Forum 943441

Conflit mouvement sunnite-communauté siamou de Orodara : Le gouverneur des Hauts Bassins rencontre les protagonistes.

21 juillet 2016, 20:29, par Jacques Zanga Dubus

.
Internaute Rouamba, je suis personnellement en mesure de répondre à vos questions, alors je me permets d’y répondre.

"A quand date la construction de la mosquée ?"

La mosquée a été construite la même année que le goudron est venu à Orodara, en 1998. Cette information m’a d’abord été fournie par les femmes du président du mouvement sunnite, en sa présence, lors du seul entretien que je suis parvenu à avoir avec lui, tout au début de mon enquête. Elles ont croisé la mémoire qu’elles avaient de leurs grossesses, et après plus de cinq minutes de réflexion entre elles, elles ont affirmé :1998.
Cette date m’a ensuite été confirmée par le frère aîné de Barro Diongwalé Sidiki, musulman sunnite décédé le 21 juillet 2009, qui passait le plus clair de son temps à Bobo, aussi le grand-frère (fort heureusement encore en vie à ce jour) a-t-il fait construire la mosquée pour son frère, alors représentant du mouvement sunnite local.

"Pourquoi le chantier n’a pas été mis en cause avant la finition ?"

C’est la question que j’ai posée au dièron, le chef du village, lors de note première rencontre. Il m’a dit "nos pères n’avaient pas suffisamment conscience du danger". Anne Fournier, chercheur à l’IRD qui étudie depuis sept années les sites sacrés des Sèmè, avait précisé : "En accueillant les nouvelles religions, les Sèmè ne pouvaient s’attendre à les voir revendiquer ensuite une exclusivité qui ne fait pas partie de leur propre mode de pensée".
L’internaute SOME, dans un commentaire très pertinent, avait quant à lui supposé avec raison : "Au vu de l’historique de cette affaire, il est clair que les autorités coutumières « ont péché » dès le départ par leur esprit de conciliation. Mais tel est l’esprit des Sèmè pour ce que j’en connais".

"De toute façon je crains que la décision de justice accouche d’une souris car pour moi la meilleur solution, c’est de résoudre le problème a l’amiable"

Le problème, voyez-vous, est que les Sunnites refusent toute résolution du conflit à l’amiable (et ce depuis 2002 !), ils renvoient toujours aux documents d’acquisition du terrain qui leur donneraient les droits exclusifs sur la totalité du terrain. Mais rien n’est acquis. Le mouvement sunnite a en effet obtenu en décembre 2005 un arrêté PROVISOIRE d’attribution, dont les conditions n’ont pas été remplies dans les délais prescrits (300 millions d’investissement prévus non réalisés, quota non atteint dans les délais prescrits). Si l’administration avait appliqué la loi de façon stricte, elle aurait dû retirer le terrain pour non-respect des conditions d’attribution, depuis bien longtemps, selon le Haut-Commissaire.
La décision de la Cour d’appel de Bobo ne pourrait être autre que celle rendue par le Tribunal de Grande Instance de Orodara en avril dernier : irrecevabilité de la plainte pour "trouble têtu de la propriété" contre un simple maillon de la foisonnante autorité religieuse du dwò, qui n’est ni propriétaire des fétiches communautaires qui se trouvent en bordure de terrain, derrière l’école franco-arabe, qui n’occupe le terrain d’aucune manière que ce soit, et ne peut être tenu pour responsable d’un culte religieux qui concerne toute la communauté Sèmè.


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés