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Journée internationale de la femme : Pour une émergence de l’entrepreneuriat agricole au Burkina Faso

2 mars 2016, 10:30, par KONE

L’agriculture est une activité économique ayant pour objet la transformation et la mise en valeur du milieu naturel afin d’obtenir les produits végétaux et animaux utiles à l’homme, en particulier ceux destinés à son alimentation.
Grâce au changement du système alimentaire qui est passé de l’offre à la demande, et surtout à cause des menaces qui pèsent sur la sécurité alimentaire au plan mondial, le secteur de l’agriculture est de plus en plus convoité et offre une opportunité à saisir dans les régions prédisposées au développement du secteur primaire, comme le Burkina, pour mieux se positionner économiquement à travers le développement de l’entrepreneuriat agricole.
Quels sont les potentialités, enjeux et perspectives de l’entrepreneuriat agricole au Burkina ?
C’est autour de ce questionnement que nous allons échanger en abordant dans un premier temps la notion d’entreprise agricole, ensuite ses potentialités et enjeux et enfin les perspectives à travers les clés de réussite en entrepreneuriat agricole.
I. Notion d’entreprise agricole
1.1. Définition
Une entreprise agricole est une entité économique gérée sur la base d’une planification stratégique et à l’intérieur de laquelle il est mis en place une organisation structurée entre les hommes, les matériels et les intrants agricoles pour produire des biens et services agricoles.
L’entreprise agricole nourrit son homme.
1.2. La typologie des entreprises agricoles au Burkina
Il existe plusieurs types d’entreprises en agriculture.
Le sous-secteur de la production végétale
Un promoteur peut choisir de cultiver une plante, de récolter et de commercialiser : dans ce cas l’exploitation peut porter sur :
- du bois d’oeuvre ou du bois de chauffe (teck, acacia, eucalyptus, etc.)
- des fruits d’arbres (agrumes, mangues, ananas, anacarde, etc.)
- des céréales (maïs, riz, mil, etc.)
- des tubercules et racines (manioc, igname …)
- des légumineuses
- des produits de rente
- du maraichage
- des semences (exemple Agrisatch développe actuellement un projet de production de semence de maïs à haut rendement en partenariat avec un groupe américain installé en Indianapolis)
- des jeunes plants
- etc.
Le sous-secteur de la production animale
Un promoteur peut choisir l’élevage d’animaux :
- Conventionnels (élevage classique : gros animaux), naissants ou d’engraissement (bovins, petits ruminants, porcins, etc.)
- non conventionnels (élevage d’animaux de format réduit qu’on essaie de domestiquer) :, lapin, escargot, abeille…
- la volaille
- les oeufs
- le lait
Le sous-secteur de la production halieutique
Un promoteur peut choisir d’élever des poissons :
- la production d’alevins
- l’aquaculture
- la collecte des produits d’eau (poisson, crabe, crevette)
La transformation des produits agricoles
Un promoteur peut choisir de collecter les produits primaires, les transformer et vendre :
- les noix de palme en huile de palme
- les noix d’anacarde en amende aromatisées ou torréfiées
- les noix de karité en huile de karité
- les fruits d’ananas en ananas séché ou en jus
- le manioc en gari ou en cossette
- le riz paddy en riz décortiqué
- la viande en jambon
- les fruits en confiture
- l’égrenage de coton graine
L’agro-tourisme
L’agriculture développée autour des sites touristiques crée :
- un environnement plus viable
- une alimentation naturelle des touristes
- des débouchés des produits agricoles
Les activités non agricoles
Ce sont : les transports, les constructions, l’artisanat, le commerce, les finances, les services nécessaires à l’épanouissement et au développement de l’agriculture.
II. Les potentialités et enjeux de l’entrepreneuriat agricole au Bénin
2.1. Les potentialités
Le développement de l’entreprise agricole fait appel à un certain nombre de facteurs que sont : les ressources humaines, les ressources naturelles, les intrants, le marché et la politique agricole de l’Etat.
Les ressources humaines
La population béninoise est très jeune, dynamique et vit en majorité dans les zones rurales. Il existe des femmes et des hommes disponibles pour faire fonctionner les exploitations agricoles (lutte contre l’exode rural).
Le défi à ce niveau est la formation : notre système éducatif ne forme pas suffisamment de compétences adaptées aux besoins d’une politique agricole performante.
Les ressources naturelles
Le Bénin dispose de terre et d’espace propices à l’activité agricole. Il n’est exploité actuellement que moins 1/5 des ha soit 17% de la superficie agricole cultivable. De même des bas-fonds, périmètres aménagés et berges de fleuve (vallées) sont disponibles et peuvent être mis en valeur.
Au plan hydrologique, le Bénin est doté d’un vaste réseau hydrographique comprenant 2.000 ha de fleuves, 1.900 ha de lacs et un système lagunaire de plus de 2.800 ha. Autant d’atouts dont une bonne exploitation peut permettre le développement d’activités agricoles sans être totalement dépendant des aléas climatiques.
Le principal défi ici se situe au niveau de la sécurité foncière. Le travail du Millenium Challenge Account (MCA) en la matière est à saluer.
Les intrants
Les intrants nécessaires à la production agricole sont de plus en plus disponibles sur le marché. Mais il reste le défi de leur disponibilité en quantité, en qualité et à moindre coût à relever.
Le marché
Notre pays importe une bonne partie de son alimentation ; ce qui constitue un vivier important d’écoulement des produits agricoles.
Donc le marché existe. De plus, la position géographique stratégique du pays lui permet d’approvisionner le marché du Nigeria et celui des pays de l’hinterland (exemple : le Niger connait des déficits récurrents en produits alimentaires).
Le Burkina peut devenir l’usine saine du Nigeria. En haricot
La politique agricole : devenir le grenier de la sous-région !
Le Gouvernement a adopté un Plan Stratégique de Relance du
Secteur Agricole (PSRSA) avec pour vision : « Faire du Burkina, une puissance agricole dynamique à l’horizon 2017, compétitive, attractive, respectueuse de l’environnement, créatrice de richesse répondant aux besoins de développement économique et social de la population ».
Ceci constitue un atout car le chemin est tracé pour un réel accompagnement du développement de l’agriculture.
Le défi à ce niveau est que les bonnes projections ne dorment pas dans les tiroirs.
2.2. Les enjeux
- Couverture des besoins alimentaires et nutritionnels de la population
- Amélioration de la productivité et de la compétitivité du secteur agricole et rural (problème de rendement à élever)
- L’accroissement de la richesse nationale (augmentation du
Produit Intérieur Brut)
- La création d’emplois pour les jeunes
- La réduction de l’exode rural.
III. Les perspectives : les clés de réussite en entrepreneuriat agricole
Nous devons être des militants économiques dans la bataille du développement agricole chez nous !
Les perspectives de l’entrepreneuriat agricole sont très heureuses pour un pays comme le nôtre. La réussite d’une entreprise agricole répond aux mêmes principes que l’entrepreneuriat dans tout autre secteur d’activité. Elle repose sur trois facteurs qui composent le tryptique suivant : l’Homme – le Projet – l’Environnement
•L’Homme : porteur de projet
- Doit être formé pour l’entrepreneuriat agricole ;
- Se préparer ;
- Doit être engagé : avoir l’esprit de gagneur
•Le projet : l’entreprise agricole
- Doit respecter les différentes étapes de planification d’un projet : idée – étude de faisabilité – conception – élaboration du business plan ;
- Tenir compte des filières identifiés
- Définir les besoins : ressources humaines – organisation –financement ;
L’Homme
L’Environnement
Développement du
Le Projet
- Le projet engage l’avenir donc doit se projeter à travers les différentes projections nationales
- Il doit s’inscrire dans une dynamique qui apprécie son potentiel de développement et les projections de croissance doivent en tenir compte ;
- Ne pas sous-estimer les différentes étapes : prendre le temps de concevoir, la réalisation n’en sera qu’aisée.
En un mot, le projet doit être bien monté et bien défendu tant dans sa réalisation que dans sa phase d’exploitation.
•L’environnement
- Le contexte doit être rendu coûte que coûte favorable au développement de l’entrepreneuriat agricole ;
- Accès facile à la formation et au mécanisme de financement (création d’une banque agricole) ;
- Accompagnements divers (incitations et subventions) ;
- La mise en place d’une législation appropriée et favorable.
Conclusion
L’agriculture du Bénin étant le moteur de l’économie de notre pays, son niveau actuellement offre de véritables opportunités de développement pour faire du Bénin le grenier de la sous-région.
L’entrepreneuriat agricole est donc un boulevard d’opportunités pour les promoteurs surtout les jeunes. Aussi l’amélioration et l’accès des jeunes aux métiers de l’agriculture et aux autres facteurs de production demeurent-ils une préoccupation essentielle, car il faudra travailler à préparer les hommes et l’environnement à cette cause.
Le défi est commun et nous devons apporter notre appui aux secteurs productifs pour favoriser le développement des infrastructures agricoles qui nous permettront d’accroitre nos richesses et créer davantage d’emplois.
ANNEXES
A. Les Objectifs du Plan Stratégie de relance du Secteur
Agricole
1. Contribuer à la croissance et à la sécurité alimentaire, à travers une production efficace et une gestion durable des exploitations. Le résultat attendu est de réduire de 33% à 15% la proportion de la population béninoise souffrant de la faim et de malnutrition à l’horizon 2015, en conformité avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
2. Assurer la compétitivité et l’accès des productions et produits aux marchés, grâce à la promotion des filières agricoles. Il s’agira en termes de résultat d’augmenter de 50% d’ici à 2017 le volume des exportations de produits agricoles.
B. Les axes stratégiques
i. Renforcement de la disponibilité et de l’accessibilité aux semences de qualité
ii. Renforcement de l’accessibilité aux intrants
iii. Mécanisation des activités agricoles adaptées et accessible
iv. Mise en place de financements adaptés et accessibles
v. Amélioration de l’accès aux connaissances professionnelles et aux innovations technologiques
vi. Développement et opérationnalisation des aménagements agricoles
vii. Sécurisation et gestion de l’accès aux fonciers
viii. Facilitation de l’accès aux marchés
ix. Professionnalisation des exploitations de type familiale et, promotion des grandes exploitations et de l’entrepreneuriat agricoles.


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