Accueil > ... > Forum 878043

Fait divers : Nous avons été braqués

26 janvier 2016, 18:08, par Kôrô Yamyélé

- KZAL (Internaute 17), tu sembles très jeunes devant moi ! Mon fiston KZAL, tu peux me croire ou ne pas me croire ! Le Kôrô Yamyélé n’est pas d’aujourd’hui et il a plus de 70 ans bien sonnés ! Jamais allé au dispensaire ne serait-ce que pour un mal de tête ! Et le Kôrô Yamyélé a vu plusieurs choses que tu qualifies de ’’tout vu tout connu’’ et autre de ’’films fictions’’. Mais merci et je vais t’en raconter encore un ‘’film fiction’’ vécu par le même Kôrô Yamyélé que je suis :

- Dans les années 1973 au moment de la sécheresse et de la famine (que Dieu nous en garde encore d’une telle épreuve !), la famine était pire au Sahel au point qu’on achetait des vaches maigres et faméliques à 250 FCFA. Je dis bien et je répète que c’est 250 FCFA (Pissi-nou, pour qu’on se comprenne bien !). En ce moment commença la migration des mossis vers l’ouest. Ils traversaient par vagues la zone où j’étais, remorquant enfants et bagages sur des paniers destinés à transporter des chèvres au marché pour ceux qui avaient des vélos. Pour les autres, c’était à dos d’ânes ou à pieds simplement. Je profite pour vous dire que j’en ai hébergé pus d’un en les approvisionnant en vivres pour continuer (Dieu seul sait où ils sont aujourd’hui mais en tout cas je les souhaite toujours bonne chance comme je le faisais quand un bon matin ils décidaient de continuer leur longue marche dans l‘ouest et au-delà. C’était à croire qu’on était au Far-West avec cette fois la ruée vers l’or en Californie !). A Djibo, des avions militaires parachutaient des sacs de mil et des gens, rendus téméraires par la famine, les gobaient au vol et les sacs les tuaient net, pendant que les familles, au lieu de s’occuper du cadavre, se ruaient plutôt sur le sac de mil qui venait de tuer le père de famille comme si c’était une victoire pour lui d’être assomé par un sac de mil descendant su ciel (Que Dieu me pardonne et m’évite d’être encore témoin d’une telle tagédie et qu’il en épargne le Burkina Faso !) ! Les jeunes peuls peuvent se renseigner : C’est de là qu’est venue la chanson ’’Gauri bootooji’’ de Yimata Paaté qui a banalisé la chose en la rendant ridicule afin de faire oublier cette tragédie que les peuls du Sahel et les mossis ont vécut au Nord et au Centre.

- Alors mon fiston KZAL, tiens-toi bien ! Un mossi que j’ai hébergé pendant 3 jours m’a entendu dialoguer avec un adjoint du Chef de Canton qui m’a confié qu’une fois allé dans un village, que je prenne l’argent des impôts avec le chef dudit village et de le lui ramener. Chef de village qui avait auparavant collecté ces impôts. Notre mossi, alléché par l’argent monta un guet-apens contre moi à mon retour la nuit (J’avais perdu un peu de temps dans un cabaret). Il monta dans un arbre dont une branche couvrait la piste que je suivais. Moi je venais à vélo et lui, était juché sur la branche au-dessus de la piste. Juste au moment je fus sous la branche, notre mossi sauta devant moi en brandissant un couteau ! Inutile de vous raconter le reste du film ! Votre Kôrô Yamyélé de soulever d’instinct la roue avant du vélo et de cogner violemment notre apprenti-coupeur de route qui s’écroula dans un ravin dans les bas-côtés de la piste. Plus leste et mieux nourri que lui, je bondis sur lui dans le ravin et un combat s’engagea entre nous. Il ne tenait pas et j’ai eu l’occasion de lui gonfler un œil d’un coup de poing bien calculé. En voulant échapper et fuir dans l’obscurité, j’ai pu agripper son habit de cotonnade. L’habit s’est déchiré et une partie est restée entre mes mains. Jusque-là je ne soupçonnais pas mon étranger bien que lui, savait que c’était moi ! C’est le lendemain que, voyant sa femme avec un gros chiffon imbibé d’eau chaude lui tamponnait l’œil que j’ai fait la relation et j’ai vérifié avec son habit. Le morceau que j’avais collait net avec la partie déchirée de son habit. Alors je lui ai fait comprende qu’il a mal agit à mon endroit hier nuit. Très calme, il me dit en dioula mossisé : ‘’Zatiguitiè, Yafa wouais ! Idi touma lon ilélo wouè. I bi sabari wouè’’ autrement dit ‘’Logeur, pardon dè ! Je ne savais pas que c’était toi. Pardon’’ (mais c’est plus marrant en dioula mossisé). Je lui ai dit que même si c’était un autre, l’acte n’est pas bon. Et nous avons décidé de clore le débat et de garder le secret à notre niveau contre son engagement de ne plus répéter tant qu’il sera hébergé chez moi. Voilà !

NB  : Un jour je vous raconterai mon histoire avec les trafiquants mossi qui sillonnaient le Sud-Ouest venant du Ghana avec des fardeaux sur leurs vélos aux multiples rayons !

Par Kôrô Yamyélé


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés