Accueil > ... > Forum 836208

Report des élections au Burkina : La forte tentation d’une prolongation de la transition

9 octobre 2015, 16:51, par Sidpawalemdé Sebgo

Je cite l’internaute 17 : « Si la CENI est prête, le seul retard concerne la campagne électorale qui n’a pas pu démarrer le 20 septembre comme prévu. Il suffit donc de reporter la date d’ouverture de la campagne électorale au 18 octobre et les élections pourront avoir lieu le 8 novembre. » Même si on peut admirer un tel optimisme, on est frappé par soit la naïveté du propos, soit la volonté de mettre le chaos au Burkina. Croit-il vraiment que le CDP peut tranquillement aller battre campagne dans l’ambiance actuelle (ses listes législatives ont été validées) , ou que les partis dont les biens sont gelés sont prêts ? Ils pourront crier à l’injustice car n’ayant pas encore été condamnés. Et que faire si un candidat est attaqué pendant la campagne ? Mais il y a plus. Prenons un exemple simple.

M. Salvador Yaméogo est candidat de son parti à l’élection présidentielle, candidature validée et confirmée après contentieux. Seulement, son parti, représenté par lui même, a soutenu le putsch du CND du 16 Septembre. Or la loi électorale en son article 135 déclare inéligible toute personne ayant soutenu un changement anticonstitutionnel, ce qui est le cas d’un putsch. On ne peut donc pas avoir écarté Djibril Bassolet, Yacouba Ouédraogo et laisser Salvador Yaméogo participer à la présidentielle. Et il n’est pas le seul dans ce cas.

Pour régler ce genre de situation, il faut donc ré-ouvrir le contentieux sur les candidatures. Sachant que la loi demande au conseil constitutionnel de publier la liste 42 jours avant la date du premier tour de la présidentielle et de donner 8 jours aux réclamations, vous voyez le problème qui se pose. Même en re-publiant la liste le Lundi 12 Octobre, plus 42 jours cela nous amène au 23 Novembre, donc à des élections le 29 Novembre au plus tôt, sinon en Décembre. Ceci alors même que le concerné pourra dire qu’il n’a pas encore été condamné et que la preuve n’est pas faite qu’il a soutenu le CND ! Le MATD doit avoir clairement dissous ou suspendu le parti, ou la justice condamné l’individu. La seule solution "rapide" ici c’est que le MATD suspende ou dissolve les partis incriminés, ce qui permettra au conseil constitutionnel de "nettoyer" les listes pour aller aux élections. Mais la transition a tellement le souci de ne pas être critiqué qu’il semble vouloir attendre les conclusions de l’enquête, sinon les décisions de justice.

Pardon, arrêtons de vouloir mettre notre pays dans une situation impossible juste à cause de soupçons et de précipitation. Cette fois, nous ne pourrons pas accuser les Compaoré et leur clan mais notre propre stupidité.


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés