Accueil > ... > Forum 796839

Mise en accusation de l’ex-président Blaise COMPAORE et d’une douzaine d’anciens ministres

22 juillet 2015, 08:09, par alla bakary

Blaise Compaoré est seul responsable de ce qui pourrait lui arriver.
Il est seul responsable parce qu’en tant que chef de l’Etat, en tant que Président du Faso, il s’est fait Président d’une seule partie des burkinabè, ceux de sa formation politique. Il a refusé d’écouter l’autre partie du peuple, ceux qui ne sont pas membres du CDP. Il a refusé d’écouter les différentes communautés religieuses. Il a refusé d’écouter les coutumiers. Il a refusé d’écouter des personnes de sa propre famille. il a refusé d’écouter une partie de sa propre famille politique, ceux qui ont créé aujourd’hui le MPP.
Il a écouté son frère François qui était aveuglé par ses ambitions. Il a peut être été pris en otage par le RSP.
Les signaux étaient parlants. Certaines représentations commençaient à quitter le pays, même si d’autres raisons nous ont été servies. Les différentes manifestations drainaient de plus en plus de monde. La fracture sociale était apparente. Nous risquions l’affrontement. Ce qui était inquiétant, c’est que le camp du pouvoir se préparait secrètement à cet affrontement, du moins à mater ceux d’en face. Pour preuve, on assistait à des approvisionnements en équipent de répression et à des mouvements aux niveau des forces de l’ordre. On n’oublie pas les propos d’un membre du gouvernement, et membre d’un parti proche des partis de ce qui deviendra le front républicain : "on ira à l’affrontement, et que le meilleur gagne". Quelqu’un d’autre dira, "s’ils brûlent vos maisons, brûlez les leurs". Le décor était planté. Des deux choses l’une : soit Blaise Compaoré abandonnait son projet de révision de l’article 37 et la tension baissait, soit il s’entêtait et le pays brûlait.Face à ce danger imminent, face à cette forfaiture, personne n’a eu le courage dans le gouvernement Tiao de démissionner. Les Compaoré avaient pris le soin de les visser, au propre comme au figuré, avec le RSP qui veillait au grain. Beaucoup n’étaient pas d’accord, mais n’osaient pas broncher, soit il y avait des promesses d’ordre matérielle, soit il y avait des menaces de mort. Avec l’ampleur des manifestations, les Compaoré avaient compris que le référendum était un risque. Ils ne pouvaient pas se permettre de le prendre au vu de l’hémorragie qui venait de se produire au CDP. La solution est toute trouvée, la voie parlementaire. Le gouvernement adopte cette voie en proposant une loi à présenter aux députés. La tension monte cependant, et tous les honorables députés du camp présidentiel ne sont pas sûrs. Il ne faut surtout pas qu’un seul député de leur camp fasse défection. On pourrait peut être en glaner en face. On met les machines de l’argent et des intimidations en marche. Les services de renseignement rapportent que les manifestations empêcheront les députés d’aller voter. Tous les députés du camp présidentiel sont invités à rejoindre l’hôtel indépendance Azalaï la veille, pour organiser la journée du lendemain. En rappel, cet hôtel jouxte l’Assemblée Nationale. En fait, ce n’est pas une simple invitation puisque c’était impératif. Ils étaient marqués à la culotte. Ils n’étaient libres de leurs mouvements que ce façon apparente. En réalité, les députés ont été séquestrés. Si le lendemain cette loi est votée, ça va être le champ libre pour les Compaoré de faire 15 ans de plus au pouvoir. 15 ans d’exclusion de la majorité des burkinabè qui se paupérisait de mois en mois, face à une minorité élitique qui règnait sur le pouvoir politique et économique, sans partage il faut le préciser. Tout cela, dans une suffisance, une arrogance indescriptibles.
Les forces de répression étaient en mouvement. Certaines représentations avaient déjà lancé l’appel à leurs ressortissants, soit de se terrer, soit de quitter le pays, puisqu’ils étaient renseignés sur les projets de répression, mais aussi sur les projets de riposte des populations.
L’opposition réunie autour du Chef de file de l’opposition (CEFOP) n’a jamais été aussi soudée. Les tentatives de les diviser n’ont pas prospéré. Dieu seul savait l’issue de cette tension. Certains de nos aînés ont vite fait de rappeler l’apparence avec la crise de 1966 qui opposait le pouvoir aux syndicats, avec ici une population qui avait peut être décuplée avec le temps. Pendant ce temps, quelques sages d’ici et là continuaient à convaincre Blaise Compaoré de renoncer à son projet. Même les religieux auraient été renvoyés à leurs Églises et mosquées. Il n’est pas inutile de rappeler que dans le même temps, les courtisans aussi l’encourageaient dans le projet. Les compaoré n’avaient plus d’oreille, ils n’avaient plus d’y eux que pour le pouvoir. Soit ça passait, soit ça cassait pour l’une ou l’autre partie. Le propos d’un leader de l’opposition a fait sourire en même temps qu’il était réel et donnait des frissons : "si ça ne marche pas, nous sommes tous foutus. Nous aurons une seule direction, la bonne frontière". C’est le lieu de dire qu’en effet, le RSP était prêt. Ils disposerait d’une liste dont les noms circulaient.
Le lendemain 31, certaines provinces, après avoir sévi chez eux, ont vite fait de regagner Ouagadougou. La suite, on la connaît.
Bref, le communiqué du gouvernement qui retirait le projet de loi est venu en retard. Il y avait déjà eu des morts ; Le RSP a été constant dans sa logique meurtrière. J’ai rêvé que tard dans la nuit du 30, Blaise Compaoré s’adresserait à la nation pour retirer le projet de la loi. Rien. Puis, je me suis dis, il le fera dès la première heure le lendemain. Il aime son peuple. Il le fera. Il ne laissera pas couler inutilement le sang une fois encore. O mon DIEU, c’était mal connaître un homme assoiffé de pouvoir. Il a maintenu ferme, convaincu qu’il avait raison.
Blaise est seul responsable de ce qui pourrait lui arriver.
Avec du recul, il faut rappeler que toute la sécurité juridique lui avait été assurée, de sorte qu’il n’était nullement inquiété après son mandat. Soit il a été trop gourmand, soit il y a été contraint par des gens qu’il a utilisés pour des sales besognes, et qui étaient conscients qu’ils ne bénéficiaient pas de la même sécurité juridique, et qui n’avaient pas intérêt que Blaise descende du pouvoir. L’un dans l’autre, il ne s’agissait pas d’intérêt égoïste. Il s’agissait de l’avenir et des intérêts de tout un pays, toute une nation. Mais ces aspects ne comptent pas, ça les regarde. Seule compte ce parjure. Les malhonnêtes intellectuels ont un argument : rien n’empêchait la révision de l’article 37. Que disent-ils de cet article qui dit que le mandat est de 5 ans renouvelable une fois. Les burkinabè sont-ils aussi idiots d’oublier que Blaise Compaoré n’était pas à sa première ruse avec les lois et le peuple ? Sous la pression après l’assassinat de Norbert Zongo par sa milice du RSP, il a été contraint de passer de 7 ans à 5 ans, et renouvelable une fois. Le peuple paisible et épris de justice du Burkina ayant baissé la pression, il a cru qu’il avait oublié, que lui était en position de force, et a voulu remettre cette forfaiture. Mal lui en pris, et il est disqualifié pour prétendre aujourd’hui à l’amnistie qui lui avait été d’ailleurs consacrée comme un costume.
Si, comme la décision de la juridiction de la CEDEAO, Blaise COMPAORE venait à échapper, au motif que notre code pénal ne prévoit rien en la matière, c’est foutu pour la démocratie et l’alternance. Un véritable recul qu’on est en train de vivre aujourd’hui au Burundi sous la bénédiction de certaines puissances, du fait de leurs intérêts égoïstes. Il est temps qu’on laisse les peuples africains régler leurs problèmes, si non, à ce rythme, il serait mieux de quitter ces institutions communautaires qui font beaucoup plus la part belle à des intérêts autres que ceux des peuples concernés.


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés