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Transition politique : le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida nommé Premier Ministre

19 novembre 2014, 16:23, par jon b

Le PFT Kafando enterrera ce soir la révolution Burkinabè avec un premier ministre militaire

Elle n’aura pas durée longtemps la Révolution, au Pays des hommes intègres. Dans l’euphorie d’un « printemps noir » aux allures de balai citoyen, les burkinabè se sont fait confisquer leur reprise du pouvoir. Le mouvement populaire et les aspirations de changements seront définitivement enterrés ce mercredi 19 novembre avec la nomination d’un gouvernement de transition qui laissera toutes les commandes aux militaires. Et pas n’importe lesquels puisque les manettes du pouvoir seront tenues par les sinistres Régiments de la sécurité présidentielle (RSP), au cœur du régime depuis près de 30 ans.

On savait déjà que cette formation d’élite n’était pas prête à céder son pré-carré de régime. Mais on aurait pu croire que le lieutenant-colonel Issac Zida, sous la pression, notamment de la communauté internationale, organisait effectivement une passation de pouvoir à un civil. Sauf que les dés sont pipés depuis le début, avant même la nomination à la présidence de Michel Kafondo.

Il est déjà étonnant qu’un mouvement populaire qui renverse un régime fasse appel, pour gouverner la transition, à un ambassadeur de l’ancien régime. Qui plus est lorsque cette insurrection populaire se réclame du sankarisme et que Michel Kafondo est soupçonné d’avoir participé à l’arrestation de Thomas Sankara en 1983. Mais lorsque le quotidien l’Observateur Paalga, proche de l’ancien régime, révèle la nomination de Michel Kafondo, quelques heures avant son audition auprès du Collège de désignation, dans la nuit du 16 novembre, il ne fait plus de doute que le jeu est faussé. Comme aux cartes, il suffit de regarder sous la table pour comprendre et voir jaillir la fumée blanche qui fait les papes avant tout le monde.

C’est ainsi qu’on peut affirmer sans risque la composition du gouvernement qui sera nommé ce soir. Le premier ministre sera un militaire et prendra également le ministère de la défense. Les militaires empocheront au total 11 portefeuilles, dont cinq directement et six qu’ils attribueront. L’opposition en aura 9. Les représentants de la société civile cinq. Un calcul savant qui laisse les mains libres au Régiment de la sécurité présidentielle et anéanti les espérances du peuple.

Ceux qui réclament déjà que les dignitaires du régime de blaise Compaoré soient traduits en justice en seront pour leurs frais. Durant le couvre feu instauré par l’armée, lorsque le pouvoir était vacant, un ballet d’avions a déjà vidé le palais présidentiel de tous ses documents, sous une garde bienveillante.

De là à penser que Blaise Compaoré n’est pas loin de l’actuel pouvoir de transition, il n’y a qu’un pas. C’est peut-être même la réponse aux questions des éditorialistes qui s’étonnait qu’un homme de sa trempe, qui règne sans partage sur le pays depuis 27 ans, puisse quitter le pouvoir aussi rapidement et simplement. Toujours est-il que cette présidence s’est grandement intéressée à ce balai citoyen lorsqu’il a commencé à prendre de l’ampleur, lui faisant même des propositions de soutien et établissant des contacts au cœur de la structure. C’est finalement la garde présidentielle qui a aidé le mouvement à parvenir à ses fins. Cette collaboration avait finalement un prix.


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