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Mohamed Traoré, démissionnaire du MPP : "Je n’ai pas fait ce choix pour de l’argent"

29 août 2014, 01:03, par Traoré

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Sombre et clair-obscur, irisé et blafard
L’avatar est né chez nous par hasard
Il a mal rassemblé nos débris
Maîtrisant le verbe, servant le mépris

Voici venu le temps des polémiques brumeuses
Le temps pervers du sort rétro et réactif
Le temps des certitudes douteuses
Voilà que vient le temps des pleurs festifs

On explique avec rage les simili-sincérités castrées
Le bras tendu avec au bout des doigts la griffe abjecte
On dit et redit les lendemains immérités
Artifices décorant la foudre momentanément muette

Brouillard rébarbatif se nourrissant de demi-vérités
Des hymnes comateux aux tranchantes aspérités
Silences gênés des bavards soudain hagards
Acclamations peinées des foules massées sous les hangars

Ebola ou éboulis, le paludisme ou la méningite
La course sur les ailes du vent dans les voiles
Ou la vie sévère à rebrousse-toile
Le silence dans les yeux, l’exil ou le collier qui gîte

Voici venu le temps des polémiques crémeuses
Ma liberté pour une poignée de grain
Voila que vient le temps des piques doucereuses
Ma conscience pour une étoffe sans levain

Voici venu le temps des sélections contraintes
Le temps des votations sinistres
Voici venu le temps des troupes enceintes
Le temps difficile des choix tristes

On prête serment sur des pages de l’ailleurs
On jure sur des sages dont on lit mal la patine
On promet en chevauchant des vents pagayeurs
La parole dérape dans le synclinal et décline

Nos totems méritent-il d’être ignorés
Nos âmes sont-elles si défaillantes
Les dénis de nos profondeurs altérées
Masquent mal les variations et les feintes

Il est vrai que tous hésitent à invoquer la colère des cieux
Nyonyonga qui ne dit plus jamais le vent et le feu du ciel
Il est vrai que tous regardent à deux fois les bois sacrés
Sénoufo redoutant les ombres de la falaise
Il est vrai que tous redoutent les masques sourcilleux
Rigide initié écartant savamment l’ample, le dense et le feuillu
Il est vrai que l’on connaît la rage des ancêtres blessés
Gulmancéma récitant le moins le fier Diaba

On invoque prudemment des dieux lointains
Des rapaces venus de terroirs incertains
Dont on enseigne les courroux négociables
On sait que la parole donnée à l’au-delà nègre est sans pitié
On dit donc sans dire donc tout en disant tout et donc le contraire émietté

Il est vrai que la honte retire de l’humain l’insigne de l’attrait
Il est vrai que le tamani ne dit plus forcément le vrai
L’appât et l’apprêt raidissent le burkimbila au stade têtard
Comprenez-vous pourquoi l’ultime hôron détourne le regard  ?

Sayouba Traoré
Ecrivain-Journaliste


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