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Salif Diallo : « Le MPP, c’est le peuple en mouvement »

8 avril 2014, 11:35

Des odeurs qui vous coupent la respiration et l’appétit, même si vous êtes de passage, en cinq minutes de stationnement. Les eaux usées de la tannerie coulent, le long d’un canal naturel, en propageant une senteur indésirable. La sortie Est de Ouagadougou, sur la route de Ziniaré, est non seulement le siège de la zone industrielle, mais aussi celui des odeurs de Tan Aliz, polluant au moins cinq quartiers des environs. Onze ans après la promulgation du Code de l’Environnement : " l’audit est toujours en cours dans l’entreprise Tan Aliz…".
Tel est le langage diplomatique tenu du côté du ministère de l’Environnement. Or l’article 99 de ce Code stipule que : "Est puni d’un emprisonnement de six (6) mois à un (1) an et d’une amende de un million à cinq millions de francs (1.000.000 à 5.000.000 F) ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque contrevient aux dispositions des articles 100, 102 et 103".
En revanche, depuis Janvier 2004, les deux usines voisines, la Brasserie du Burkina et l’abattoir frigorifique, sont connectées à un canal, conduisant leurs eaux vers le bassin, aménagé à quelques 750 mètres de la zone industrielle, par l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA), dans le but d’un traitement " biologique ". " Nous n’acceptons pas les eaux de Tan Aliz, à cause de leur teneur élevée en Chrome. C’est une composante chimique très dangereuse pour nos infrastructures, bâties à près de sept milliards de francs CFA. Cela va les corroder et même tuer les micro-organismes. Donc rendre notre travail inutile ", assure une source bien informée de l’ONEA. Alors, ces eaux sont rejetées dans un canal qui prend sa source dans les environs de Kossodo. Elles passent par les fleuves Massili et Nakambé, pour se déverser dans le barrage de Bagré. Mais, ces eaux laissent beaucoup de séquelles sur leur passage.Lundi 14 Janvier, il est 10h au bord du fleuve Massili, situé à quelques 25 km, à l’est de Ouagadougou. Le village qu’il traverse en ce lieu porte le même nom. Grâce à ce fleuve, des jardiniers et des pécheurs ont gagné, pendant plusieurs années, leur pain quotidien. Mais depuis un certain temps, il ne reste plus que moins d’une demie douzaine de pécheurs, de la centaine qu’ils étaient. " Plusieurs de nos camarades ont arrêté de faire la pêche, parce que l’eau n’est pas bonne. Après une séance de pêche, non seulement on ne gagne plus beaucoup de poissons, mais nous avons de sérieuses démangeaisons, à cause de l’acide ", se lamente Samuel Nana, venu ce matin, espérant prendre quelques poissons pour le repas du soir.
Ce n’est guère mieux chez les maraîchers cultivateurs. Ils vivent au jour le jour, mais ne gagnent plus grand-chose du fruit de leur travail. " Les eaux usées des unités industrielles, rejetées dans la nature ont des conséquences négatives sur l’environnement. Cela joue sur la microflore, en empêchant la réalisation de la photosynthèse. La teneur en oxygène diminue. C’est ce qui porte préjudice à la vie des micro-organismes, comme les poissons se trouvant au fond de l’eau. Et même les caïmans !", reconnaît un environnementaliste.
La population vivait si bien du " don de ce fleuve " qu’aujourd’hui elle a perdu ses repères d’activités. Les jardiniers vous avouent ne plus vivre de leurs activités. Boubacar, qui est maraîcher cultivateur s’en plaint : " Regardez nos plantes ; elles sont toute brûlées. Nous ne pouvons même plus produire de tomates ; ce sont des plantes fragiles. Voyez comment les courgettes se débrouillent… Tan Aliz peut gagner plusieurs milliards de CFA. Nous, nous ne voulons que pouvoir survivre en produisant de nos dix doigts


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