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Maître Jean Marc Palm : « Blaise Compaoré n’a pas respecté ses engagements et nous avons pris nos responsabilités »

13 janvier 2014, 22:53, par qw

Qui ne fait pas bien son métier de commander, si forts soient ses titres, qu’on le chasse ». Le 10 janvier, à N’Djamena, cette injonction de Maurras a été appliquée au président centrafricain de la transition, Michel Djotodia, ainsi qu’à son Premier ministre, Nicolas Tiangaye. Ce duo atypique, qui avait pour mission de « redresser » la RCA, après les Accords de Libreville, a été contraint à la démission. Et cette démission, qu’on le veuille ou non, est due à l’influence personnelle du président tchadien, Idriss Déby. Il paraît désormais difficile de ne pas admettre qu’avec cette étrange victoire diplomatique, Déby reste le chef d’Etat le plus incontournable en Afrique centrale. Une chose est certaine : en obtenant le départ de Djotodia et de Tiangaye, Déby a fait taire tous ses détracteurs, notamment tous ceux qui estimaient qu’il avait perdu tout contrôle sur son protégé.

Il faut craindre que le patriotisme blessé des Centrafricains ne finisse, à long terme, par se retourner contre Déby

Depuis son arrivée au pouvoir à N’Djamena, Déby n’a cessé de se comporter en RCA, grâce à une armée aguerrie, comme, à l’époque, la Syrie au Liban. Ainsi, avec le régime Déby, la RCA est devenue une sorte de petit « protectorat » tchadien. Il fallait vraiment manquer de réalisme pour croire que la solution à la crise centrafricaine pouvait être trouvée sans et contre Déby. Evidemment, cette omniprésence de Déby dans les affaires en Centrafrique suscite la colère et la rage dans une frange importante de l’opinion centrafricaine, qui ne cesse de la qualifier d’impérialisme tchadien. Il faut donc craindre que le patriotisme blessé des Centrafricains ne finisse, à long terme, par se retourner contre Déby. A N’Djamena, au cours de ce fameux Sommet de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale), on a bel et bien assisté à une mise en scène théâtrale, émouvante et inédite, orchestrée par Déby pour congédier le duo Djotodia-Tiangaye. Mais il convient de ne pas surdéterminer le rôle de Déby dans le drame centrafricain. La question fondamentale qui mérite d’être posée reste la suivante : quelle est la raison principale qui a poussé Djotodia avec sa rébellion hétéroclite de la Séléka, à prendre le pouvoir ? Très sûrement, l’ambition, le désir de commander, d’être admiré, et de jouir des biens de l’Etat. Mais à l’épreuve du pouvoir, tout le monde a compris, surtout à Bangui, que tout cela n’était qu’arrogance prétentieuse. Si Djotodia avait réussi à gouverner « efficacement » la RCA, et ce, malgré son coup de force, il aurait pu apparaître


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