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Moussa Ouattara à propos des dispositions contestées par les élèves : « Il y aura une relecture en accord avec l’ensemble des partenaires »

30 janvier 2013, 16:05, par André-Eugène ILBOUDO

1) j’estime que ce n’est pas l’endroit idéal pour le responsable d’établissement que je suis de m’exprimer mais je le fais parce que Monsieur le Ministre nous a dit un jour au LPZK qu’il a lu toute la littérature des internautes concernant l’élève qui avait été pénalisé suite au test d’entrée à l’école internationale. Je conclus peut-être qu’il me lira si c’est le seul canal par lequel il est informé ou par lequel il s’informe.

Mon sentiment est que je n’ai pas l’impression que l’engagement loyal de la plupart des responsables d’établissement vis-à-vis du ministère est reconnu et apprécié. C’est mon sentiment. Nul ne nous écoute. Nul ne semble accorder de l’attention aux problèmes que nous évoquons. Nul ne sent concerné par un problème abordé. Bref, vous pouvez crier, gesticuler, vous avez l’impression que l’on vous regarde comme des hurluberlus et l’on se dit intérieurement :"encore eux, quand ils se fatigueront, ils se tairont".

Je prendrais des exemples concrets.
A) Dernière reculade. Si l’on doit introduire une réforme pour les examens, qui d’autre que les chefs d’établissement doivent être les premiers à être informés afin de répercuter les mêmes informations d’abord aux professeurs ensuite aux élèves et à leurs parents. Et s’il y a problème, cela devrait remonter par eux pour retourner au ministère. Mais si les élèves montent directement au Ministère pour parler au Ministre, c’est que l’on le veuille ou non, c’est que les responsables ne leur ont pas donné une information convaincante. Mais pour donner une information, il faut que l’on soit soi-même informé. Ne me demandez pas comment le ministère communique avec les acteurs. Le système d’avant les indépendances est plus perfectionné que celui du ministère. Une véritable catastrophe, ce système de communication ! En principe, ce ministère devrait être le ministère qui connait moins de problèmes parce tout le monde raisonne. Et quand c’est logique il y a moins de débat. Malheureusement c’est un monde de la suffisance. Tout le monde regarde tout le monde de haut.

2) Avant dernière reculade : Le non retrait des points. Pourquoi le ministère recule après sa note du 08 octobre et sa reculade du 02 novembre ? Simplement parce qu’il ne peut remplacer le système décrié par un bon système. Si vous discutez les élèves, certains vous diront qu’ils ont peur de la soustraction des points parce que cela les pénalise mais vu le comportement des perturbateurs c’est la seule arme qui dissuadent la plupart. C’est juste que retrancher un point dans la moyenne d’un élève n’est pas bon. C’est pourquoi, par exemple, certains établissements ont introduit des points pour la discipline avec un coefficient comme matière. Et c’est là que l’on retranche les points en cas d’indiscipline avant d’attaquer les points du travail de l’élève. Et les parents qui suivent leur enfant quand ils constatent qu’il a zéro en discipline, pour certains élèves, ils passent un mauvais quart d’heure avec leur parent. Si le ministère cherche de vraies solutions, pourquoi ne demanderait-il pas aux gens qui ont les mains dans le cambouis de lui proposer des solutions. Mais comme chacun regarde chacun de haut !!!

3) pendant les élections couplées du 2 décembre 2012 Monsieur le Ministre a menacé les établissements qui n’avaient pas suspendu les cours pendant une semaine afin de permettre aux politiciens d’aller battre campagne. Il nous rappelle d’ailleurs que c’est par son autorité que les établissements s’ouvrent et nous nous devons de nous plier à son autorité car les établissements qui commencent les cours le 15 septembre, afin d’anticiper sur les perturbations de décembre, bafouent son autorité. Déjà que notre année est perturbée, ceux qui s’évertuent à minimiser les jours de perte, s’attendaient tout au plus à un silence à défaut d’encouragement. Mais les menacer publiquement de représailles parce qu’ils travaillent correctement au motif qu’il défie l’autorité de Monsieur le Ministre, personnellement je suis tombé à la renverse en lisant une telle note. Comme je l’ai dit plus haut, je suis responsable d’établissement. Pendant la période incriminée par Monsieur le Ministre, j’ai eu un seul professeur qui m’a demandé l’autorisation pour aller battre campagne (en passant, il est élu conseiller). Un autre élève m’a demandé l’autorisation pour aller battre campagne, lui a échoué. Vraiment je n’ai pas compris que pour deux personnes, je devais renvoyer plus de 3000 personnes en vacances parce que deux personnes sur 3000 battent campagne. Surtout et surtout que le communiqué du ministère est passé à la Télé à 22H et que par exemple nous avions commencé nos composition du 1er trimestre. D’ailleurs, tout comme bon Burkinabè, je dormais quand le communiqué est passé à la télé. Le Ministère ne nous a pas dit que nous sommes encore et toujours au temps de la Révolution Démocratique et Populaire ou toute information passée à la Radio Nationale équivalait à une publication dans le Journal Officiel.
4) Enfin le ministère par circulaire du 28 novembre 2012 menace de suspension et d’action disciplinaire tout professeur qui parlerait de religion et de politique en classe avec ses élèves (Sic, n’écarquillez pas les yeux, c’est écrit comme cela, noir sur blanc, dans une circulaire datée du 28 janvier 2013). Heureusement pour moi, je n’enseigne plus le français ni la philo à plein temps. Autrement j’aurais aimé que l’on me dise comment je peux parler du Soleils des Indépendances, du Parachutage, ou commenter le film de Missa Hébié (en attendant le vote) sans parler de politique. (à moins d’ajouter « politique partisane » mais si c’est cela, il faut le dire et clairement). Comment un professeur de philo, (ah les prof de philo) peut-il parler de K. Marx, de Niezche, de Saint Thomas d’Aquin ou de E. Mounier sans parler de religion.

Enfin je ne parlerai pas de la complication inutile du processus des examens du BEPC et du Bac. C’est vraiment dommage que le ministère soit au stade de la complication inutile. Mais me diriez-vous "c’est la cause qui a fait sortir les yeux des orbites du vilain garçon, c’est cette cause qui a aplati sa tête". Dit comme cela, la cause est entendue !!

Mon impression, est que le ministère cherche la bagarre frénétiquement avec tout le monde. Cela ne demeure qu’une impression me diriez-vous.
Heureusement, le Ministère est à un jet de pierre du plus grand nombre d’élèves !


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