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Gaoua : Un meurtre, des meurtres. Halte !

17 août 2012, 13:23, par alex

Je vous avant tout exprimer ma compassion pour toutes les victimes de cette crise car en pareille circonstance, ce sont les innocents qui paient toujours le plus lourd tribut. Il y a deux semaines que je préparais un article pour la presse dans lequel je voulais attirer l’attention de nos autorités sur les prémices de guerre ethnique au Burkina. La paix est fragile dans ce pays et les choses peuvent aller très vite à tout moment. La situation actuelle n’est qu’une goutte d’eau qui fait rompre le vase. Il y a beaucoup de problèmes que la population autochtone couve. Depuis la descente massive des orpailleurs dans la région, l’insécurité a pris des proportions très inquiétantes. Même dans la petite ville de Gaoua, difficile de se promener tranquillement à la tombée de la nuit. Pour les tronçons Gaoua-Kampti, Gaoua-Batié, Dieu seul sait ce qui se passe. Du coup, la population a tendance à indexer les nouveaux venus non pas par leur activité mais par leur ethnie. A cela s’ajoute, la profanation des lieux sacrés et des coutumes, les déboisements intempestifs, le sentiment d’être envahi. En un mot, la population autochtone a l’impression que le contrôle de son milieu lui échappe, d’où les multiples frustrations et rancœurs gardées au-dedans de soi. Dans tout cela, les autorités assistent (complices peut être), sans rien faire de tangible pour corriger la situation. Les ethnies « étrangères » anciennement installées (Mossis et Dioula) n’ont pas de problèmes majeurs avec les autochtones, mais ce sont les orpailleurs qui sont souvent pointés du doigt. Les autorités doivent se pencher sérieusement sur les conséquences de ces déplacements de population en vue de mieux organiser le secteur de l’orpaillage artisanal. Sinon, tant qu’il y aura des violations des coutumes, des lieux sacrés, de l’environnement, la paix définitive sera loin de revenir. Malheureusement, il me semble que de nos jours, le problème est tabou. Tabou parce que dès que l’on évoque les pratiques nocives et nuisibles des orpailleurs, on est tout de suite taxé de xénophobe et de régionaliste. Conséquence, tout le monde observe mais personne ne dit mot jusqu’à ce qu’une situation comme celui du meurtre du petit écolier vient délier les velléités latentes. Vivement qu’une solution idoine soit trouvée sinon demain, ce sera dans une autre partie du Burkina, les mêmes causes produisant les mêmes effets.


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