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Forces armées nationales : Le portrait robot d’un bon militaire

4 mai 2012, 11:58, par anta

La plupart des forces armées africaines, ont reproduit les tares héritées de sa grand-mère, la force publique coloniale. C’est-à-dire, une armée caractérisée par l’intraversion de ses missions tournées à l’intérieur du pays et contre sa population plutôt que la défense des frontières contre l’agresseur étranger. L’intraversion au service d’une puissance extérieure a toutefois cédé la place à l’intraversion et la perversion aux fins d’assurer le maintien ad vitam aeternam d’un dictateur au pouvoir. Ce qui a dénaturé sa structure et son fonctionnement qui normalement, au lieu de se structurer en pyramide, s’est anarchiquement construite sous-forme métastasée d’une cohorte de milices armées ou para-militaires évoluant comme « une roue tournant autour de son axe : le président »(dixit un ambassadeur américain dont j’ai oublié le nom). Ou suivant le principe de « Divide ut regnes »,“diviser pour mieux régner”, où chaque unité n’obéissait qu’à son chef. Ainsi, l’unité et la capacité opérationnelles des armées dites nationales étaient délibérément morcelées, par conséquent diminuées.
Cette totalité fonctionnait au rythme bien orchestré des cloisonnements, divisions et des rivalités internes. Ces rivalités savamment entretenues ont produit un système de renseignement intérieur hautement performant, grâce au jeu des délations et des surveillances mutuelles. Tout comme pour l’Etat, la structure formelle de l’armée ne correspondait pas à la réalité du pouvoir : elle fonctionnait selon une structure virtuelle et parallèle directement responsable devant le président. Ainsi, un adjudant de la Présidence pouvait être plus puissant qu’un général dans la hiérarchie formelle (avez-vous oublié Chef Kaf ? )
Le centre absolu de commandement se trouvait ainsi concentré entre les mains du président dont une absence prolongée du pays rendait l’armée, dans des circonstances normales, inopérante. A cela s’ajoutent un ensemble d’autres perversions comme l’affairisme, le népotisme, la tribalisme de l’armée ; ainsi que d’autres maux et vices qui finirent par affaiblir l’armée et l’emporter à l’image des affaiblissements et neutralisations ayant émaillé son fonctionnement interne. L’affaiblissement de l’armée est poussé au point que tout acte d’émulation est devenu attentatoire à la sécurité du chef de l’Etat. On cite le cas d’un artilleur Zaïrois de l’armée de Mobutu(le diable ait son âme !) qui excellait par des tirs d’artillerie ou de mortiers pouvant atteindre des cibles statiques ou mobiles avec une précision chirurgicale. Il fut écarté de l’armée au simple motif qu’il constituait une menace grave contre la vie du chef de l’Etat du fait de ses précisions quasi automatiques et sans failles aux tirs !
Voilà les armées africaines, du nord au sud, de l’est à l’ouest (qu’elles aillent au diable !)


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