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Burkina : L’importation des panneaux solaires, désormais soumise à un quota d’enlèvement

19 avril, 21:30, par Kouda

Bob,
L’enfant réellement intelligent, l’enfant très intelligent ne se contente pas d’acheter les galettes de sa mère. Il lui donne des conseils, lui fait des suggestions pour qu’elle améliore ses galettes afin d’augmenter ses ventes, ses revenus et sa clientèle.
Vous parlez des Japonais, Coréens, Chinois et d’autres Asiatiques sans connaître comment les choses se sont passées et se passent dans ces pays. Au Japon ou en Corée, les entreprises nationales étaient très protégées de la concurrence étrangère mais avec des conditions très contraignantes. La principale est que les profits élevés réalisés par les entreprises protégées soient réinvestis pour améliorer la qualité des biens fabriqués, réduire les prix de vente pour être capable d’affronter la concurrence étrangère sans la protection de leur Etat. Cette protection était aussi bien limitée dans le temps en ce sens qu’il
était indiqué clairement aux entreprises qui en bénéficiaient qu’elles devront s’en passer le moment venu. Pour cela il faut des décideurs forts, capables de voir et défendre l’intérêt général du pays au détriment d’intérêts individuels égoïstes.
La deuxième caractéristique principale qui a conditionné le succès de ces politiques dans les pays asiatiques mentionnés est que leurs entreprises nationales produisaient les biens protégés, elles ne se contentaient pas de les assembler comme c’est le cas au Burkina Faso avec les plaques solaires.
Au Burkina Faso, les mesures de protection sont très coûteuses pour le consommateur et ne rapportent absolument rien au pays, sauf aux propriétaires des entreprises protégés et leurs acolytes décideurs.
Notre passé nous renseigne énormément à ce sujet. Tan Aliz avait le monopole de l’achat, la transformation, l’exportation du cuir. Cela nous a conduit à quoi ? Un désastre pour les nombreuses petites et moyennes tanneries qui existaient au Burkina Faso, l’enrichissement des propriétaires de la société sans qu’aujourd’hui cette Tan Aliz ne soit capable d’exporter des produits en cuir haut de gamme. Bob, vous voyez la différence entre les Coréens, Japonais, Taiwanais et Chinois d’un côté et les Burkinabè de l’autre ?
La corruption, la mauvaise gouvernance, la recherche effrénée de rentes sont les moteurs de nos décisions économiques. Sinon pourquoi protéger des entreprises qui se contentent d’importer des composants juste pour les assembler au Burkina Faso et nous revendre plus cher les plaques solaires ? Qu’est ce que le pays, dans son ensemble, gagne ? RIEN.
Souvenez-vous qu’il n’y a pas longtemps, des entreprises qui assemblent les motocyclettes au Burkina Faso s’agitaient aussi pour réclamer une protection de l’Etat contre les importations de motos. En réalité, dans une économie de "mauvaises" rentes, les entreprises dépenseront d’énormes ressources pour obtenir une protection commerciale leur permettant de mener la vie facile au détriment des consommateurs et du pays au lieu de consacrer ces ressources à la production de biens ou services qui augmentent la valeur ajoutée dans le pays. Au temps de Blaise Compaoré, cette recherche de rentes a été poussée si loin que chacun cherchait à obtenir un monopole pour devenir millionnaire ou milliardaire rapidement, par la courte échelle. Quel intérêt y a-t’il a accorder un monopole pour l’importation du riz ? Que gagne le Burkina Faso dans son ensemble quand l’importation du poisson était soumise à un monopole ?
Bob, la fameuse unité de production de paracétamol et de chloroquine du CNRST ressuscitée sous Alkassoum Maïga, au temps fort du covid-19, nous a conduit où ?
Le Burkina Faso, un pays sans ambition, où tout est fait à très petite échelle juste pour contenter quelques personnes : routes, usines, centrales de production d’électricité, universités, écoles, hôpitaux, décisions économiques...
Pour finir, dans l’annonce de la mesure, le ministère du commerce ne dit pas pendant combien d’années ou jusqu’à quand la mesure sera en vigueur. Il n’impose aux entreprises nationales assemblant des plaques solaires aucune contrainte pour les amener à améliorer leurs produits pour le bonheur des consommateurs avec un calendrier précis, des vérifications rigoureuses.
Nous avons très peu de ressources pour qu’on laisse nos décideurs les gaspiller ainsi. Le secteur du ciment est très protégé, ce qui nous coûte très cher car le ciment coûte extrêmement cher au Burkina Faso, sa qualité n’est pas assurée et les cimenteries du pays fonctionnent en dessous de leur capacité sans pour autant être en mesure d’exporter leur ciment vers d’autres pays. Et oui, quand on produit des biens de qualité moyenne et qu’on les vend à un prix très élevé, on ne pourra jamais les exporter. Idem pour le fer et les tôles.

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