Actualités :: Guy Sanou à Ousmane DJIGUEMDE, Secrétaire Technique de l’Institut des Peuples (...)

Dans un article publié le 21 avril 2021, Lefaso.net rendait compte d´une séance de prière à l´église Saint Pierre de Gounghin à Ouagadougou au cours de laquelle des dizaines de fétiches ont été brûlés. Dénonçant cela comme une atteinte aux valeurs traditionnelles africaines, M. Ousmane Djiguemdé avait fait une déclaration sur sa page Facebook dans laquelle il invite l´église catholique à se ressaisir et arrêter de telles pratiques. Monsieur Guy Sanou lui répond dans cette réaction.

Monsieur le Secrétaire Technique,

Le mercredi 21 avril 2021, LeFaso.net publiait un article signé de Dofinitta Augustin Khan, intitulé : « Paroisse Saint- Pierre de Goughin : Plus de 70 fétiches incinérés ».

Il n’en fallait pas plus pour que vous preniez votre plume, pour faire une déclaration, que vous signez en tant que Secrétaire Technique de l’IPN, déclaration dans laquelle vous vous dites outré par cet acte, parce que vous luttez contre cet obscurantisme de l’Église Catholique.

S’il ne s’agissait que de votre personne, je n’allais pas vous répondre, puisque votre prénom que vous avez bien voulu conservé, n’est pas un nom authentiquement africain, mais un nom « importé » et cela en lui seul pourrait en dire long sur votre conviction profonde pour défendre les fétiches africains.

Mais puisque que vous semblez réagir en tant qu’acteur majeur du monde de la culture burkinabè ( selon vous) et donc supposé intégrer en vous-même une sagesse véritable, pour une culture qui pousse au développement et non à l’aliénation auto-contemplative, je voudrais moi aussi vous donner mon droit de réponse, en tant que laïc catholique, simple chrétien aimant Jésus-Christ, mais tout aussi burkinabè comme vous.

Tout d’abord, la sagesse aurait voulu que vous approchiez le curé de la paroisse de Gounghin où des chrétiens ont donné des signes de leur conversion au Seigneur Jésus en abandonnant leur pratique passée, pour renforcer d’avantage leur relation avec le Christ, comme il nous est demandé à nous tous. A défaut, vous auriez dû approcher des chrétiens plus avertis, pour apprendre et comprendre, car vous avez besoin d’apprendre, vous qui venez juste d’être installé dans vos fonctions le mardi 23 mars 2021, tout juste un (01) petit mois.

Si vous voulez mon avis, toute fausse modestie mise à part, je vous dirai qu’effectivement les fétiches sont démoniaques et sataniques ; et je n’ai peur de vous le dire.

Quant aux 70 fétiches incinérés que l’article mentionne, image à l’appui, on se demande bien d’où il tire ce chiffre. Je rappelle qu’il y a des objets infestés qui ne sont pas forcément des fétiches. Dans tous les cas, même si c’était soixante-dix mille fétiches, nous allions les détruire ainsi. Mais j’espère bien que l’auteur de l’article l’a dit par ignorance plus que par désir de donner une information qui n’est pas tout à fait juste.

Bref, nous savons qu’il y a des brebis galeuses. Mais nous les remercions tout de même, du moment où malgré eux et par eux, l’évangile de Jésus-Christ ne fait qu’avancer par leur exposé des faits, même en les déformant.

Sachez donc de prime abord, cher « chercheur du sens de la vie » que l’article « bien rédigé » sur lequel vous vous êtes fondé pour faire votre déclaration, n’est pas une interview du curé de la Paroisse de Gounghin.

Mais venons-en au fait.
Des fétiches ont été brûlés ? Oui effectivement, et je m’en réjouis à merveille pour cette délivrance.

Monsieur le Secrétaire Technique,

Ce que vous appelez destruction d’objets de cultes, nous, nous l’appelons délivrance des mains des démons et ce n’est pas votre vocabulaire qui prime dans l’Eglise.
Il est inadmissible que vous, qui vous dites intellectuel et grand acteur de la culture, fassiez cette grave confusion, entre donner la paix à quelqu’un qui décide d’abandonner son objet gênant et personnel pour lui, et détruire un bien public. Votre titre que vous brandissez vous aurait peut-être servi, s’il s’agissait de bien public, ou de patrimoine culturel public. Mais ce n’est pas le cas.

J’ai moi-même été point focal du Ministère chargé de la culture, pour la valorisation des sites touristiques à l’époque, y compris des cases de fétiches comme le tombeau des rois Gans. J’y ai fait mon travail en qualité d’expert, tout en conservant ma foi catholique. Il s’agissait là d’un ensemble cosmogonique reconnu à l’échelle nationale comme vestige relatant un pan de l’histoire de notre Nation. C’est cela défendre la culture Burkinabé, mon cher Secrétaire de l’IPN.

Mais si vous amenez vos fétiches chez moi pour qu’on vous soulage, je les brûlerai au Nom de Jésus-Christ. Cela, c’est un acte de foi et de charité. Je suis donc surpris qu’un responsable comme vous, fassiez cette confusion.

Pour votre enseigne, sachez que parmi ces objets détruits, se trouvaient aussi des statues de la Vierge Marie, des croix et des médailles envoutées, des produits d’attirance pour hommes et femmes dont les détenteurs se sont dessaisis librement et des quantités de choses qui ne relèvent pas de fétiches ; et l’objectif de cet acte d’incinération vise à apporter une paix à ces personnes, n’en déplaise, à ceux qui n’ont pas eu ce courage et ceux qui combattent cela, comme vous le dites.

Il y avait par exemple quelqu’un qui s’est dessaisi de son Bio-disc ( produit QNET ) dont les ravages et les victimes ne sont plus à démontrer. Un autre s’est libéré de son portefeuille magique. Une autre de son baya. Etc.

Est-ce que c’est libérer ces gens de leur fardeau que vous voyez d’un mauvais œil, ou alors vous avez d’autres raisons inavouées qui vous poussent à agir ainsi, dans le faux et dans le disproportionné ?

Quand on ne comprend pas quelque chose, on demande avec humilité. Si pour vous, délivrer des personnes opprimées par des pratiques occultes néfastes, ou détruire des filtres d’amour est synonyme de détruire la culture, alors je vous souhaite bonne chance.

Monsieur Ousmane DJIGUEMDE, il s’agit là d’acte hautement spirituel que vous ne pourrez jamais comprendre entièrement et qui fait du bien à des Burkinabè, vos parents. L’Église en agissant ainsi leur fait un bien que vous ne pourrez jamais leur donner, même si on vous donnait tout l’or du monde. Si vous n’avez pas pitié de vous, ayez pitié des Burkinabè que Dieu console. Que vous soyez d’accord ou pas, n’est qu’un détail insignifiant pour nous.

Ces objets ont été détruits à l’intérieur de la cour de l’Eglise catholique à Gounghin et non chez vous. Souffrez que nous ne nous cachions pas pour nos prières et évangélisations, sans déranger quelqu’un.

Si vous avez des fétiches que vous adorez chez vous, vous êtes libre de vos choix, mais ceux qui amèneront leurs fétiches individuels ou familiaux à l’Église pour chercher la paix, nous les aideront en les recueillant, quel que soit leur aspect au Nom de Jésus-Christ, et autant de fois que Dieu nous en donnera la grâce.

Ce que vous ignorez peut-être, c’est que la forme matérielle du fétiche n’est qu’un détail, mais c’est l’esprit ( ou les esprits) mauvais qui est derrière ces objets qui est chassé. Si c’est cela qui vous dérange, là aussi je vous plains.

Monsieur Ousmane DJIGUEMDE, vous parlez de ce que vous ne connaissez pas. Demandez à ceux qui ont été délivrés, pour vous instruire davantage.

Votre démarche a quelque chose d’indécent parce que vous infantilisez ceux qui ont décidé d’amener leurs gris-gris pour qu’on les brûle. Ce ne sont pas vos gris-gris à ce que je sache, et ce ne sont pas vos enfants pour que vous vous montrez supérieur à eux, comme s’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient !

Quelqu’un a-t-il volé des fétiches à vous pour venir les faire brûler à la paroisse de Gounghin ? Dans ce cas, déposez simplement une plainte pour vol de vos fétiches éventuellement auprès de qui de droit au lieu de vous en prendre à l’Église que vous osez traiter d’obscurantiste ; et dire que c’est à cause de cette même Église que vous avez eu la lumière de l’École qui vous permet d’être ce que vous êtes aujourd’hui.

En tout état de grâce, ne prétendez plus donnez des instructions à l’Église sur la conduite de ses affaires spirituelles, même si en ces temps de réseaux sociaux, tout le monde peut dire n’importe quoi. Rien ne vous dit que vous êtes plus mature, ou plus âgé que ceux qui ont amené leurs fétiches pour bénéficier de la grâce de Dieu. En termes de propriété, ils en étaient les propriétaires, et ils étaient libres d’en faire ce qu’ils en voulaient, à moins que vous ne réclamiez le titre de propriété de tous les fétiches du Faso.

Sachons donc raison gardée, et soyons humbles. La vie est assez difficile comme cela pour qu’on se trompe inutilement de combat, en brandissant une fierté mal placée.

Sachez qu’à chaque animiste converti, il y a au moins un fétiche abandonné quelque part. Libre à vous de vous en faire le gardien et le conservateur de tous ces fétiches pour vous aider à mieux comprendre la vie. Mais l’Église continuera sa mission de salut que le Christ lui a confiée, que cela vous plaise ou pas.

Monsieur le Secrétaire Technique de l’Institut des Peuples Noirs,

Votre déclaration est indécente en ce sens que vous amplifiez une affaire spirituelle interne à nous catholiques, pour la présenter sur la place publique comme une menace. Ce qui est totalement faux.

Vous utilisez à tort, et à la limite avec colère et haine, une batterie d’expressions qui n’ont vraiment aucun lien avec ce qui s’est passé à la paroisse de Gounghin.
Votre petite déclaration est truffée en effet d’expressions entraînant la peur et la haine contre l’Église catholique ; des expressions telles que : conflit de religion, destruction de lieux de cultes, cohésion sociale, escalade de destruction d’objets de culte, déchaînement d’actes de réciprocité, atteinte à la liberté de croyance, d’opinion et d’expression, la logique de l’État doit prévaloir sur les particularismes, luttons contre l’obscurantisme… Mais où allez-vous chercher tout cela ?

Si c’est ainsi que vous voyez votre poste de Secrétaire technique de l’IPN, alors je vous plains et je plains ceux que vous êtes sensé éclairer.

Savez-vous combien de fétiches (que vous considérez comme des biens culturels, plus que le bonheur et la santé des victimes) sont brûlés par les Forces de Défense et de Sécurité dans la lutte contre le banditisme et autres méfaits dans la société ? Oseriez-vous dire que cela détruit l’Etat de droit et la cohésion sociale ?

Vous qui prétendez jouer les outragés parce qu’on a brulé des fétiches qui aident à comprendre la vie, je vous informe qu’il y a encore plein de fétiches accrochés devant les prisons, au Burkina Faso. Êtes–vous allez vous en servir pour mieux comprendre la vie ? ou bien vous préférez venir commenter et faire les éloges des fétiches sur le clavier ?

Arrêtons un peu cette hypocrisie de défense de nos valeurs culturelles. Défendre la culture, c’est d’abord défendre l’homme, défendre son bonheur.

En disant tout cela, qu’est-ce que vous cherchez ? Qui cherchez-vous à influencer pour qu’il épouse votre haîne ? Cherchez- vous à faire peur aux gens pour qu’on interdise aux chrétiens d’être plus sincères dans leur foi à la suite de Jésus-Christ, en abandonnant les fétiches ? Et bien c’est rater et cela ratera.

Si vous estimez que des morceaux de cailloux sont vos biens, et que l’Église fait mal de les brûler, ne vous en faites pas, il y a des milliards de cailloux partout au Burkina Faso. Servez-vous en à volonté, et ne venez pas nous dire que nous détruisons le patrimoine culturel.

Si vous estimez que de vieux morceaux de tissus, de cauris, de canaris sont vos biens, de grâce laissez-nous tranquilles, vous en avez plein au Faso.

Vous êtes sensé défendre la culture burkinabè, pas vous ridiculisez en disant que détruire des supports de protection par la volonté des anciens détenteurs et dans la cours d’une Eglise remet en cause la cohésion sociale. En outre, cela n’a rien à voir avec les actes de publicité que vous nous prêtez. Et même si c’était le cas, nous sommes bien libres de montrer dans la joie ce que Dieu a fait pour nous et ce n’est pas vous qui nous en empêcherez.

On vous voit venir dans vos velléités, en portant la bouche sur ce qui vous dépasse.
D’ailleurs à vous dire la vérité, nous savions bien qu’après un souffle de libération pareil de notre Seigneur Jésus-Christ envers ses enfants, l’ennemi déchu essayera de réagir. Mais nous n’avons rien à faire de ses aboiements.

Je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai une vision plus noble de la culture, que de chercher inutilement querelle à des gens qui ne cherchent qu’à aider ceux qui viennent à eux pour demander le soulagement de leurs fardeaux. Si vous aviez cette possibilité de les délivrez, ils viendraient vers vous. Je le dis pour vous, et pour tous ceux qui sont tapis dans l’ombre ou qui critiquent violemment l’Eglise pour le bien qu’elle fait aussi bien sur le plan physique, moral que spirituel.

Quant à l’aspect mystique que vous évoquez, je ne vais pas allez par quatre chemins. Vous n’avez pas d’ordre à nous donner, quand à notre conduite spirituelle pour suivre Dieu. Il s’agit là d’une démarche spirituelle dont vous n’avez pas la qualité pour apprécier.
Mieux, je vous invite à la conversion, et vous découvrirez les fruits inaltérables que donne une vie de paix et de bonheur avec le Christ.

Vous nous incriminez pour avoir détruit des objets de recherche sur la vie. Faut-il en rire ou en pleurer ?

D’abord ce ne sont pas des choses en vente ni exposées au grand public. Ce sont des choses que les gens avaient cachées, comme beaucoup encore, dans leur bureau ou leur maison. Et je les invite à venir s’en débarrasser.

En plus, je vous informe que le Burkina Faso est encore rempli de féticheurs et de fétiches ; vous avez donc le loisir de continuer vos recherches, dans les tréfonds du Burkina Faso.

Monsieur le Secrétaire Technique,

Vous condamnez des actes de l’Église que vous qualifiez d’actes dignes de la période coloniale, tout en prétendant défendre des pratiques dignes du moyen-âge. Êtes-vous logique avec vous-même ?

Les fétiches existent depuis des siècles. Combien de publications scientifiques avez-vous fait depuis si longtemps sur la compréhension de la vie à partir des fétiches ? J’aurais, à la limite, accepté et compris votre déclaration, si vous étiez un féticheur de profession, déclaré comme tel et parlant comme tel. Mais vous arborez une casquette de Secrétaire de l’IPN pour vous en prendre publiquement à l’Eglise catholique. Ce n’est pas responsable de votre part, et j’interpelle votre Ministère de tutelle, pour que de tels agissements cessent de votre part . Nous avons besoin d’une culture qui nous fasse avancer de façon concrète sur le plan de notre épanouissement total, et non des élucubrations d’un Secrétaire Technique de l’IPN, qui a beaucoup à apprendre encore en la matière.

Enfin, Monsieur le Secrétaire Technique de l’IPN, je vous signale que d’autres vous ont déjà précédé, qu’ils ont déjà sillonné le Burkina et même la terre entière, pour chercher des fétiches. Parmi eux, certains ont vu qu’il n’y a rien dedans, et ils ont préféré donner leur vie à Jésus.

Respectez donc vous aussi leur choix, vous qui voulez qu’on se respecte. Commencez vous-même par respecter la vie spirituelle de nous les laïcs catholiques, même si habituellement nous n’aimons pas nous plaindre, en conformité avec notre foi.

Nous sommes aussi des Burkinabè, et pas moins noirs que vous. Je ne parle même pas de l’Église catholique, car je suis indigne de parler en son nom.

Nous aimons notre culture autant que vous, sinon plus que vous. Nous glorifions notre Dieu par les miracles et les merveilles qu’il opère dans notre vie et nous continuerons toujours à glorifier Dieu, le Tout-Puissant, le Créateur du Ciel et de la Terre.

A Jésus-Christ soit la Gloire, pour les siècles sans fin, amen.

Que Dieu vous bénisse et vous garde, que Dieu bénisse et protège le Burkina Faso.
Ce que j’ai dit, je l’ai dit.

Ouagadougou le samedi 24 avril 2021.

Guy SANOU
Chevalier de l’Ordre du Mérite du Commerce
et de l’Industrie du Burkina Faso.

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