Actualités :: Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des Etats

Notre article sur la consommation énergétique des bâtiments administratifs, a inspiré ces pistes de réflexions à Sayouba Teonsa, ingénieur en génie civil résidant en France. A travers ces lignes, il propose des solutions pour maitriser dépenses énergétiques de l’Etat.

La maîtrise des dépenses publiques est un enjeu économique majeur pour tous les pays du monde. En effet, les dépenses en eau, en électricité et de connectivité numériques des administrations publiques pèsent sur les budgets de fonctionnement des Etats.

L’enjeu est d’autant plus important pour un pays tel que le Burkina Faso où l’accès à ces services utilitaires est indispensable à son essor socio-économique. Il est donc nécessaire d’anticiper l’augmentation des besoins pour satisfaire au bon fonctionnement des installations telles que la climatisation pour ne citer que cet exemple.

Il convient de rappeler que la facture d’électricité de l’Etat Burkinabè était estimée à 21 milliards de francs CFA en 2022 (cf. rapport de la direction générale des affaires immobilières et de l’équipement de l’état)

Aujourd’hui, il existe des techniques qui permettent d’optimiser ces dépenses : La conception bioclimatique et la gestion intelligente des lots techniques dans les bâtiments.

Quant à la conception bioclimatique, il revient à l’Etat d’en faire le choix en l’incluant dans son cahier de charges avec ses exigences spécifiques. Les architectes et ingénieurs formés pour répondre à de telles exigences sauront ensuite les exécuter.
Inclure la conception bioclimatique, c’est permettre aux architectes de choisir l’orientation optimale du bâtiment (les expositions des baies par exemple), des matériaux de construction mieux adaptés, la prise en compte des panneaux solaires et des équipements moins énergivores (éclairage, climatisation…).

Il faut noter que la prise en compte des critères bioclimatiques doit être une politique publique nationale assumée.

Lire aussi : Administration publique burkinabè : L’insouciance et le gaspillage ont la peau dure

Dans le but de réduire la dépense énergétique, plusieurs campagnes de sensibilisation des fonctionnaires à l’utilisation de l’énergie ont eu lieu au Burkina Faso. Il s’agit par exemple de promouvoir l’arrêt de l’éclairage ou de la climatisation en fin de service. On attribue en partie les fortes consommations électriques au non-respect de ces règles.

Pour y pallier, de nouvelles solutions technologiques telles que la gestion globale des équipements existent : la Gestion Technique des bâtiments (GTB). Celle-ci permet de programmer le fonctionnement de l’éclairage et de la climatisation selon les horaires de travail des administrations. En dehors de ces heures, tous les équipements sont mis à l’arrêt.

La Gestion Technique du Bâtiment (GTB) ou BMS en anglais (Building Management System) est un système informatisé connecté à des capteurs et des automates permettant de contrôler à distance plusieurs lots d’un bâtiment à usage tertiaire.

Ce système permet de superviser, optimiser et contrôler les installations techniques telles que :

• Les systèmes de Ventilation et de Climatisation
• La distribution d’électricité.
• Les solutions d’éclairage.
• Les installations de sécurité tels que la vidéo-surveillance et le contrôle d’accès.
• Les dispositifs de protection contre l’incendie : alarmes, extinction.
La mise en place de systèmes de gestion technique du bâtiment (GTB) présente de nombreux avantages :

• Optimisation des performances énergétiques : en ajustant les besoins énergétiques de chaque pièce, tels que l’éclairage et climatisation (en utilisant, par exemple, des scénarios prédéfinis), d’importantes économies peuvent être réalisées
• Maîtrise de la facture énergétique : les données fournies par les capteurs permettent de limiter le gaspillage énergétique.
• Amélioration du confort des occupants : en surveillant les niveaux de température, d’éclairage et de bruit, on peut garantir un environnement confortable pour les occupants du bâtiment.

• Réduction des coûts d’exploitation et de maintenance : grâce à une surveillance en temps réel, les coûts d’entretien sont réduits.
• Amélioration de la sécurité : une surveillance constante des systèmes d’alarme 24h/24 assure une sécurité accrue.

• Gestion centralisée du bâtiment et réduction des coûts : la conception des systèmes GTB a été faite de telle sorte à permettre le suivi et la remontée des données. Depuis leur apparition, ces systèmes ont évolué pour faciliter une gestion active du bâtiment en permettant d’automatiser, de contrôler, et de réguler les installations et lots techniques.

La GTB nécessite un personnel formé pour le suivi et une bonne connexion internet. Cela peut se faire à travers la mise en place d’une régie d’exploitation des bâtiments. Elle exige également un investissement initial mais elle permet à moyen et long terme de faire des économies.

Le déploiement de la GTB dans un pays tel que le Burkina Faso peut se faire à travers des projets pilotes sur deux bâtiments administratifs afin d’avoir un premier retour d’expérience avant une mise à l’échelle nationale.

La réduction des dépenses liées à l’utilisation de l’énergie électrique au Burkina Faso passe par une intégration de critères de conceptions bioclimatiques en amont des projets et la mise en place d’un service d’exploitation (gestions quotidiennes) des bâtiments en aval : on parle alors de réflexion en coût global du maitre d’ouvrage.

En effet, le maitre d’ouvrage se limite le plus souvent au coût de la construction pendant l’étude du projet, or pour une gestion efficiente, il faudrait inclure les coûts d’exploitation afin d’avoir une vue globale des dépenses sur la durée de vie du bâtiment.

Sayouba TEONSA
Ingénieur en génie civil

Tribune : « La culture porte les espoirs d’une Afrique de (...)
Burkina : L’arabe, langue oubliée de la réforme (...)
Burkina Faso : Justice militaire et droits de (...)
Photos des responsables d’institutions sur les cartes de (...)
Burkina/Lutte contre le terrorisme : L’analyste (...)
Lettre ouverte au ministre de l’Énergie, des Mines et de (...)
Sénégal : Le président Bassirou Diomaye Faye quittera-t-il (...)
Cuba : L’Association des anciens étudiants du Burkina (...)
Sahel : "La présence américaine dans la région joue un (...)
Burkina/Transport : La SOTRACO a besoin de recentrer (...)
Burkina Faso : La politique sans les mots de la (...)
Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser (...)
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Baisse drastique des coûts dans la santé : Comment (...)
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle (...)
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des (...)
Procès des atrocités de l’Occident envers l’Afrique (...)
Afrique : Des pouvoirs politiques traditionnels et de (...)
La langue maternelle : Un concept difficile à définir (...)
Technologies : L’Afrique doit-elle rester éternellement (...)
L’Afrique atteint de nouveaux sommets : L’impact de (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 5397


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés