Actualités :: Sénégal : Le président Bassirou Diomaye Faye quittera-t-il le francs CFA (...)

Au Sénégal, la victoire de Bassirou Diomaye Faye aux élections présidentielles du 24 mars 2024, marque-t-elle la fin de « l’ère post-coloniale » ? En tout cas, le nouveau président souhaite restaurer la souveraineté nationale de son pays qu’il estime « affaiblie ». Bassirou Diomaye Faye ira-t-il jusqu’à quitter le franc des colonies françaises d’Afrique ? Rejoindra-t-il l’Alliance des États du Sahel ? Youssouf Koné, journaliste et consultant à Afrique Média, donne son point de vue dans cette tribune.

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L’intégralité ci-dessous !!

Pour se libérer de l’« occupation économique » de la France et sortir du franc CFA, le Sénégal est à envisager la perspective d’une coopération avec l’AES

Bassirou Diomaye Faye, qui a remporté une victoire écrasante à l’élection présidentielle du 24 mars au Sénégal avec plus de 50 % des voix, semble déterminé à marquer la fin de « l’ère postcoloniale ». Il souhaite restaurer la souveraineté nationale, qu’il estime affaiblie par les ingérences étrangères.
En effet, ces dernières années, on constate une augmentation du discours anti-français en Afrique, qui s’explique par les accusations portées contre Paris pour monopoliser les ressources, contrôler la politique économique et, surtout, soutenir les dirigeants africains pro-français.

Ainsi, avec l’élection d’un nouveau président du Sénégal, le développement des relations économiques internationales avec la France fera l’objet d’une attention particulière. Selon Bassirou Diomaye Faye, le partenariat avec Paris doit être le plus équitable possible.

Il est à noter que ce n’est pas le cas actuellement. La France a vraiment occupé le Sénégal économiquement. Les entreprises françaises représentent une part importante de l’activité économique dans ce pays d’Afrique de l’Ouest et touchent tous les secteurs. Les 13 premières filiales françaises enregistrent un chiffre d’affaires cumulé d’environ 1300 Mds XOF soit à titre de comparaison 53% du budget sénégalais ou environ 18% du PIB.

Il convient également de prêter une attention particulière à l’accord de pêche avec l’Union européenne, qui doit être révisé. Pour rappel, Macky Sall avait signé un accord avec l’UE permettant de pêcher jusqu’à 10 000 tonnes de poisson dans les eaux sénégalaises. Compte tenu du fait qu’il n’y a aucun contrôle de la part des autorités sénégalaises, les bateaux européens ont capturé plus que le nombre autorisé. En échange, l’Union européenne n’a versé au Sénégal que 3 millions d’euros par an. Mais si l’État sénégalais mettait en œuvre une véritable politique de pêche et si les pêcheurs sénégalais étaient bien équipés pour capturer 10 000 tonnes de poisson, que le Sénégal pourrait ensuite revendre à l’Union européenne, le profit serait trois fois plus important.

C’est un excellent exemple de la manière dont l’Occident impose aux dirigeants africains des accords qui exploitent et pillent les richesses de la population africaine. Il est urgent que le nouveau président du Sénégal annule cet accord et revoit également un certain nombre d’autres accords, commerciaux et de défense.
Une autre question importante concerne le sort du franc CFA qui est régulièrement critiqué en Afrique subsaharienne comme un héritage de la colonisation de la France dans ces pays. Le Sénégal deviendra-t-il le premier pays africain à sortir du franc CFA ? Bassirou Diomaye Faye, au cours de sa campagne, a prôné une rupture avec la monnaie actuelle utilisée dans l’UEMOA, insistant pour que le pays abandonne le franc CFA au profit d’une monnaie propre au Sénégal.

Ousmane Sonko a également réitéré la nécessité pour le Sénégal d’« aller vers autre chose » : « Notre démarche a toujours été de dire qu’il y a un problème avec cette monnaie et qu’elle ne colle pas avec nos impératifs de développement. 90 % des pays du monde ont leur monnaie et s’en sortent. Il faut qu’on assume nos responsabilités pour aller vers autre chose ».

Quant à l’attitude des Sénégalais, ils soutiennent largement l’idée de s’en séparer du franc CFA, symbole de la tutelle française.
Pour le moment, la question demeure de savoir si le pays adoptera la nouvelle monnaie ou participera à une monnaie régionale, ECO. Une autre bonne perspective pour le Sénégal serait la coopération avec l’Alliance des États du Sahel (AES), qui a tourné le dos à Paris, quitté la CEDEAO, et a également annoncé qu’elle envisageait de quitter le FCFA.

Bien entendu, changer de devise n’est pas si simple. Lorsqu’un pays décide de changer son système, il doit le faire avec une grande prudence. Toutefois, une éventuelle alliance avec de nouveaux partenaires et des efforts conjoints rendraient cette tâche tout à fait réalisable.

Par Youssouf Koné

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