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Santé du journaliste Damiss : Le réquisitoire de Me Paul Kéré contre le président Roch Kaboré

Publié le samedi 12 septembre 2020 à 23h25min

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Santé du journaliste Damiss : Le réquisitoire de Me Paul Kéré contre le président Roch Kaboré

Deuxième Lettre de Paul KÉRÉ, Président d’honneur de l’Association Pour le Développement de Loanga (Boulgou) à son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE, Président du Faso : En dépit de la séparation des pouvoirs, vous pouvez et devez « alléger » la souffrance de certains prisonniers malades comme Damiss.

En effet, dans sa lettre aux Romains, (chapitre 13, 8-10) Saint Paul disait : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’Amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, le plein accomplissement de la Loi, c’est l’Amour… ». Et Saint Matthieu de renchérir : « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel… ».

Ces paroles bibliques raisonnent pourtant aux oreilles de ceux qui nous gouvernent qui, pour certains, vont à la messe tous les dimanches ou à la mosquée tous les vendredis mais se comportent comme de véritables « potentats » et autres « gougeats », n’ayant aucune pitié ou compassion pour les autres, plutôt la vénération de leur fortune ou richesses terrestres éphémères et/ou leur pouvoir temporel et temporaire. Cela me fait pitié et me procure de la peine pour ces gens du pouvoir ! Les hommes d’église ou chefs musulmans qui côtoient ces politiciens ne peuvent-ils pas leur conter ces heureuses paroles d’évangiles ou du Saint Coran qu’ils foulent quotidiennement au pied ?

Pour la seconde fois consécutive et en raison des dispositions constitutionnelles impératives de l’article 8 de la Loi fondamentale de notre pays, je m’autorise, sans m’excuser auprès de quiconque, si ce n’est Dieu, en qualité de citoyen burkinabè lambda (puisqu’il est impossible pour moi d’obtenir une quelconque audience auprès du Président du Faso et ce, de son choix personnel, oups ! j’allais dire le Président exclusif du MPP depuis presque cinq (5) ans maintenant), à lui adresser cette seconde lettre qui, je l’espère, trouvera un échos favorable pour les prisonniers de droit commun malades de la MACO ou de la MACA, en espérant, ne serait-ce qu’une certaine mansuétude présidentielle aux encablures de l’élection présidentielle prochaine du 22 novembre 2020 ; Et pourtant, certaines voix bien autorisées disent du Président KABORE qu’il « ne peut faire du mal à une mouche et qu’il aurait des qualités humaines hors du commun »…

Mais hélas, chacun se souvient de ma première lettre à ce même Président du Faso, l’invitant à la réconciliation nationale, notamment avec l’ancien Président du Faso, Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré pour la paix dans notre pays.

Chacun se souvient également de ce que cette lettre est restée « morte » puisqu’après pratiquement cinq années, une certaine hostilité permanente semble désormais bien installée dans le cœur de certains Burkinabè dont le chef de l’Etat lui-même, puisqu’il n’y a point l’once d’une quelconque réconciliation nationale dans notre pays en dépit des activités inutiles de nombreuses institutions comme le HCRUN et autres organisations de la Société civile.

Force est de constater que jusqu’à présent, chaque jour continue d’apporter son lot de désolations meurtrières caractérisées par des tueries (difficiles à entendre par le Chef de l’Etat lui-même) pourtant garant de l’intégrité territoriale et de la sécurité de tous les Burkinabè et notre pays continue, en silence, d’enregistrer chaque jour que Dieu fait, ses victimes innocentes et expiatoires de l’incrédulité des uns et des autres gouvernants ; Notre pays, en dépit de l’animation grandiloquente des maquis et bars, est plongé dans l’abîme… !!! Il suffit simplement d’observer la vie quotidienne des Ouagalais ou des Bobolais, ou même des villageois de Loanga dans le Boulgou.

C’est dans cette même ambiance morose, que le candidat du MPP souhaite assurer sa réélection dont certains caciques « devins » et autres « prestidigitateurs » en eaux troubles du MPP prédisent même le coup K.O. malgré le changement de la donne politique avec la chevauchée extraordinaire du candidat du CDP qui sera sans conteste la surprise miraculeuse de cette élection présidentielle à venir…Ce n’est tout simplement pas possible que le CDP + l’UPC ainsi que les autres partis, non moins importants de l’opposition politique burkinabè se laissent ravir le pouvoir d’Etat par un K.O. technique du MPP…Ce n’est pas une prophétie, ni un simple constat évident…et encore moins une chimère analyse.

Quoi qu’il en soit, mettons de côté cette piètre analyse politique dans l’attente de l’ouverture des joutes électorales et de dénoncer, mais là, avec la dernière énergie, non seulement le mutisme de l’institution judiciaire militaire (notamment ce Tribunal militaire) dont il ne faut pas cesser d’exiger sa suppression pure et simple. C’est surtout, le silence, sinon « l’aveu de culpabilité » du chef de l’Etat lui-même qui, parce que n’étant plus le Président en exercice du Conseil supérieur de la Magistrature « laisse faire » ce déni criard de justice auquel sont actuellement exposés les accusés du coup de force militaire de Septembre 2015 dont le journaliste Adama OUEDRAOGO dit Damiss est actuellement en train de subir piteusement les frais indus.

En effet, très curieusement, le Tribunal militaire et le Premier président de la Cour d’Appel de Ouagadougou se renvoient mutuellement la balle pour l’organisation d’un procès en Appel.

Au-delà de ce ping-pong judiciaire, c’est surtout pour l’examen des demandes de mise en liberté provisoire que de nombreux accusés ont introduit depuis maintenant plusieurs mois sinon une année entière alors que la Chambre d’Appel devait légalement statuer sur ces demandes de liberté provisoire dans un délai de 15 jours. En vain ! Le Burkina Faso est-il vraiment un Etat de Droit ?

En effet, pendant que le Premier président soutient qu’il appartient au Parquet du Tribunal militaire de mettre les dossiers pénaux en Appel en état afin de permettre aux Magistrats civils de la Cour d’Appel de venir tenir les audiences au Tribunal militaire, ce Tribunal de son côté (qui dort sur ses lauriers) attend que le Premier président avec ses conseillers viennent organiser ces audiences. Dès lors, de qui se moquent ces acteurs judiciaires quant au principe pour ces accusés d’être jugés dans les délais raisonnables par des juridictions impartiales.


Lire aussi Lettre ouverte de Maître Paul KERE, citoyen Lambda à Son Excellence Monsieur Le Président du Faso, Monsieur Roch Marc Christian KABORE


Le Burkina Faso est loin des standards internationaux du procès équitable et dans le délai raisonnable. Et c’est justement dans la violation de ces principes élémentaires du procès pénal par les acteurs judiciaires et le Président du Faso flanqué de son Garde des Sceaux (incapables de « taper du poing sur la table ») que se meurent en silence certains malades fragiles comme Monsieur Adama OUEDRAOGO dit Damis ainsi que très récemment Madame Minata GUELWARE et d’autres personnes.

D’ailleurs, le Procureur général près la Cour de Cassation devrait immédiatement s’auto-saisir de la question du délai de quinze jours (15) et former un pourvoi en cassation dans l’intérêt de la loi car, comment se fait-il qu’une demande de mise en liberté, formée par des accusés depuis plus d’un an n’ait pas reçu audiencement alors que le délai légal est de quinze (15) jours ? A bon entendeur, agissez vite monsieur le Procureur général car cela ne relève pas de la diligence d’un quelconque Avocat à défaut pour le Président du Faso d’instruire le Garde des Sceaux à cet effet. Des solutions existent, et c’est le refus de les appliquer qui est révoltant… et indignant…

Chacun se souvient des circonstances piteuses dans lesquelles le Général Djibril BASSOLE a quitté nuitamment l’Hôpital Blaise Compaoré pour aller se soigner en France après « moults tractations ». Des esprits malingres lui avaient même reproché de n’avoir pas construit un Hôpital de référence au Burkina Faso permettant de le soigner sur place. Il a fallu attendre que son état soit critique pour finalement favoriser cette évacuation sanitaire.

Le commun des citoyens burkinabè a appris les circonstances dans lesquelles une parquetière militaire s’est même permise de fixer une caution à un accusé avant de prendre la décision de le laisser partir en France pour les soins certainement sur instruction de la haute hiérarchie politico-militaire.

Les conditions politiques kafkaïennes dans lesquelles le passeport et le visa français ont été restituées et délivré au Général BASSOLE la même nuit de la part des mêmes plus hautes autorités politiques burkinabè prouve à souhait que ces mêmes hautes autorités peuvent intervenir. Ce n’est donc un secret d’Etat pour personne. Alors Monsieur le Président du Faso, n’attendez pas l’irréparable pour instruire le directeur du Tribunal militaire, le Colonel Sita SANGARE, (même acteur, même scénario pour le Général Djibril BASSOLE), pour libérer provisoirement M. Adama OUEDRAOGO dit Damiss dans l’attente de son procès en appel afin de lui permettre de se soigner dans des conditions compatibles avec la dignité humaine. Ce sera à votre honneur !

N’est-ce pas cela un Président du Faso « humaniste » tel que le décrivent une frange partie du peuple burkinabè même si cet humanisme n’est pas un gage sûr de la bonne gouvernance…et tout le reste !

Alors, Monsieur le Président, la balle est dans votre camp parce que l’institution judiciaire militaire est actuellement chancelante dans la prise de décision pour sauver le journaliste Damiss ! Comment comprendre qu’une telle personne souffrante d’insuffisance respiratoire comme Monsieur Adama OUEDRAOGO dit Damiss ne puisse pas bénéficier immédiatement d’une mesure de liberté provisoire pour soins ? Comprenne qui pourra !!!

En second lieu, je ne peux laisser également sous le boisseau, les conditions inhumaines dans lesquelles je viens d’assister à l’hôpital Yalgado OUEDRAOGO, dans les deux services de traumatologie et des urgences médicales alors que notre Association Pour le Développement de Loanga vient de doter le CHR de Tenkodogo en kits d’urgence médicale mais surtout en plusieurs lits de réanimation. N’attendant aucune gratitude de personne, je ne savais pas qu’à l’orée du 21e siècle dans notre pays le Burkina Faso, des malades graves et « urgents » sont laissés à leur compte, couchés dans le couloir, les uns sur un pagne, les autres sur une natte achetée à la sauvette à l’entrée de l’Hôpital.

Il est vrai que dans les six (6) mètres de Ouagadougou, je suis souvent choqué par les trous en formations (nids de poule) sur la chaussée pourtant goudronnée au point de me demander si des gouvernants existent vraiment dans notre pays. N’en parlons pas de la marre d’eau qui jalonne le Tribunal de Grande Instance si ce n’est la Cour interne de la Cour d’Appel.

Mais, j’ignorais superbement qu’au service des urgences (Trauma et urgences médicales) de l’Hôpital qu’on considère de « référence » est finalement un « mouroir » impitoyable pour des malades en quête de survie.
J’ai eu le plus grand respect pour ces jeunes étudiants internes qui m’ont accueilli avec la plus grande courtoisie et avec lesquels nos échanges ont été directs et poignants.

A la question de savoir si le Président du Faso était informé de la situation actuelle des urgences médicales, si le Premier ministre en était informé et si le Ministre de la Santé était parfaitement au parfum de toutes ces souffrances, la réponse de ces jeunes médecins étant sans appel : L’un d’eux m’explique sous son masque que l’ex-Premier ministre, M. Paul Kaba Tiéba serait venu visiter le service des urgences médicales et avait promis que dans la semaine, ces problèmes récurrents seraient réglés. Ce premier Ministre, m’avouent-ils, a « démissionné sans avoir encore mis les pieds à Yalgado » et se retrouve aujourd’hui propulsé à la Caisse des dépôts et consignations qui peut toujours faire quelque chose pour ses deux services et en vain !

A la question de savoir si Madame le ministre était informée quotidiennement de la situation catastrophique actuelle, les jeunes m’ont répondu « qu’elle connaissait parfaitement le service pour en être issue ». J’ai insisté, et ce, pour en avoir le cœur net, pour savoir si le Président du Faso lui-même, (d’ailleurs celui que tout le monde appelle son « Excellence ») Marc Christian KABORE était informé de la situation catastrophique des deux services de la Trauma et des urgences médicales de Yalgado ? Là encore la réponse des jeunes médecins ne s’est pas faite supplier : « Le Président du Faso sait tout, maître » a répondu l’un des jeunes.

Je rappelle que le budget de l’Etat burkinabè est de 2600 milliards alors qu’il suffirait d’un seul milliard pour élargir et assurer les services de traumatologie et des urgences médicales de l’Hôpital Yagaldo.

Plutôt que de débaptiser l’Hôpital Blaise COMPAORE, nos gouvernants actuels feraient mieux de rénover et de doter les services de traumatologie et des urgences médicales de l’Hôpital Yalgado. Pour ma part, je me suis engagé à leur fournir de la part de notre Association pour le Développement de Loanga, une vingtaine de lits de réanimation et des kits d’urgence avant la fin de l’année. Pourvu que Dieu nous aide !

En tout cas, une jeune fille médecin, a promis de me le rappeler afin que cette promesse ne soit pas vaine. Notre Association a déjà obtenu la vingtaine de lits médicalisé et n’attend que le coût du transport de la part de l’Etat ou de n’importe quelle âme de bonne volonté comme nous l’avions fait pour les six couveuses qui permettent aujourd’hui de sauver des bébé prématurés à Gaoua et à Ouagadougou.

Au-delà de ces infrastructures nécessaires et salvatrices, c’est la vie de Monsieur Adama OUEDRAOGO dit « Damiss » qui est actuellement en jeu et qu’il conviendrait de sauver…

Ecrire ces quelques mots était une promesse faite à Damiss ainsi qu’à l’équipe médicale du moment du service des urgences médicales et ce, pour la postérité. C’est également et surtout une expression démocratique plurielle dont il ne faut s’excuser de personne par application des dispositions de l’article 8 de notre Constitution.

Paul KÉRÉ
Docteur en Droit de l’Université de Paris 1- Panthéon Sorbonne
Avocat aux Barreaux du Burkina Faso et de Nancy
Chevalier de l’Ordre National

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