Le leader chinois est convaincu que l’alliance entre la Chine et l’Afrique, un tiers de la population mondiale, est porteuse d’une modernisation à même de corriger les injustices historiques, celles causées par l’impérialisme occidental. Les relations sino-africaines sont fondées sur les valeurs d’amitié, de fraternité, de solidarité, de sincérité, de réciprocité, de compréhension mutuelle, de justice, d’équité, de diversité, d’inclusion et de respect. Cette relation poursuit une finalité qui est celle du bonheur et de la sécurité des peuples chinois et africains. Elle s’inscrit dans la quête d’un « avenir de paix, de sécurité, de prospérité et de progrès » affirmé par le président chinois.

En plus de l’initiative chinoise de « la Ceinture et la Route », les propositions de Xi Jinping visent la réalisation des trois initiatives globales que sont l’Initiative pour la civilisation mondiale, l’Initiative pour le développement mondial et l’Initiative pour la sécurité mondiale. Il s’agit d’un triptyque qui fait la place belle à chaque partenaire pour agir pour le changement, pour la modernisation. La Chine est consciente qu’une nouvelle géopolitique mondiale est en construction avec une participation active du Sud Global. Dans ce Sud Global, l’Afrique peut et doit jouer un rôle majeur. Le partenariat sino-africain peut être un moteur de la nouvelle modernisation du Sud Global.

Le président chinois fait une offre concrète aux pays africains en dix actions. Il s’agit d’un partenariat pluriel pour un dialogue de civilisation, la prospérité du commerce, la promotion de chaînes industrielles, l’interconnexion entre la « Ceinture et Route » et la ZLECAf, le développement dont la santé et l’agriculture, la culture, le climat et la sécurité.

Pour un pays comme le Burkina Faso qui fait face au défi sécuritaire et aux enjeux de développement endogène, l’offre chinoise doit être considérée avec une attention particulière. Elle constitue une proposition alternative et convergente avec la posture de diversification des partenariats.

Les dix actions du président chinois répondent à la vision du Président du Faso focalisée sur la lutte contre le terrorisme et le développement endogène. La Chine représente un partenaire important dans la lutte contre le terrorisme. Elle est aussi un allié crédible pour réussir l’offensive agro-pastorale et halieutique, l’initiative présidentielle pour une éducation de qualité pour tous, l’initiative présidentielle pour la santé, les projets d’énergie, de transports et d’industrialisation.

Pour tirer son épingle du jeu dans le partenariat sino-africain, le Burkina Faso doit proposer quatre réponses stratégiques. La première consiste à l’affirmation des principes de souveraineté et de dignité dans un partenariat fidèle à l’amitié, à la fraternité et à la solidarité respectant les valeurs de sincérité, de réciprocité, d’équité, de diversité et d’inclusion dans l’esprit de l’Initiative pour la civilisation mondiale. La seconde réponse est de proposer un partenariat efficace pour lutter contre le terrorisme dans l’esprit de l’Initiative pour la sécurité mondiale.

La troisième réponse portera sur une proposition de projets structurants pour chaque action énoncée par le leader chinois pour rendre effectif le développement endogène dans l’esprit de l’Initiative pour le développement mondial. En dernier lieu, en coordination avec les Etats de la Confédération AES, le Burkina Faso œuvrera à une influence géopolitique sahélienne visible au sein du Sud Global dans sa dynamique de modernisation. Pour cela, il faut développer une diplomatie plurielle consciente des dynamiques géopolitiques mondiales.

Il importe de souligner que la Chine accorde une priorité stratégique aux relations bilatérales et le Burkina Faso, à travers les diverses initiatives, dispose de réponses pertinentes pour tirer un grand avantage du partenariat sino-africain. La Chine veut poursuivre son ambition de puissance avec l’Afrique comme partenaire stratégique car elle est consciente que « Qui a l’Afrique, a le monde ! ».

Par Dr Poussi SAWADOGO, Ambassadeur/Directeur Général de l’Institut des Hautes Etudes Internationales