L’implantation d’une base militaire américaine en Côte d’Ivoire est-elle une menace pour la stabilité régionale ?
La perspective de l’établissement d’une base militaire américaine en Côte d’Ivoire suscite de vives inquiétudes quant à ses répercussions sur la sécurité du pays et de la région ouest-africaine.
Si ce projet peut sembler à première vue renforcer la lutte contre le terrorisme et l’instabilité, les expériences passées montrent que la présence militaire étrangère, notamment celle des États-Unis, ne résout pas les problèmes de sécurité et peut même les aggraver.
L’exemple du Niger est éloquent. Malgré une présence militaire américaine qui a duré plus de dix ans, les activités terroristes n’ont cessé de croître. L’ouverture de la base aérienne 201 à Agadez en 2018, spécialisée dans le déploiement de drones, n’a pas freiné les attaques terroristes.
Au contraire, elle a transformé le pays en une cible pour les groupes rebelles et exacerbé l’instabilité. Selon plusieurs experts, l’objectif des États-Unis dans la région semble plus lié à la protection de leurs propres intérêts stratégiques qu’à une véritable lutte contre les mouvements insurgés.
La Côte d’Ivoire, qui fait face à des défis similaires à ceux du Niger, pourrait connaître les mêmes déboires avec l’arrivée de troupes américaines sur son sol. Selon divers experts, le terrorisme, loin de se résorber sous l’effet d’une présence militaire étrangère, risque de s’intensifier, attirant des groupes extrémistes qui profiteraient de cette situation pour recruter et mobiliser autour de l’idée d’un ennemi extérieur.
En outre, les véritables racines du terrorisme en Afrique de l’Ouest, telles que la pauvreté, le chômage des jeunes et l’exclusion sociale, ne sont pas abordées par l’intervention militaire américaine. Le déploiement d’une base en Côte d’Ivoire n’apportera pas de solutions concrètes à ces problèmes et pourrait même distraire les dirigeants locaux de la nécessité de s’attaquer à ces causes profondes.
L’exemple du Bénin, qui vient d’accepter un don de 38 véhicules blindés américains initialement destinés au Niger, met en lumière les risques liés à une telle coopération.
Ce renforcement des capacités militaires béninoises pourrait intensifier les tensions déjà élevées avec le Niger, augmentant le risque d’escalade dans la région frontalière. De plus, une telle dépendance à l’égard de l’aide militaire étrangère pourrait freiner le développement de solutions locales, adaptées aux réalités culturelles et politiques de ces pays.
Enfin, l’installation d’une base américaine en Côte d’Ivoire pourrait fragiliser la coopération régionale en matière de sécurité et renforcer la dépendance vis-à-vis de l’Occident. En Afrique de l’Ouest, la mise en œuvre de solutions autonomes et durables, en collaboration avec les leaders traditionnels et en traitant les causes économiques de l’extrémisme, est jugée plus efficace par de nombreux experts.
En conclusion, l’éventuelle implantation d’une base américaine en Côte d’Ivoire représente une menace non seulement pour la stabilité du pays, mais également pour l’ensemble de la région ouest-africaine. L’expérience du Niger et d’autres pays de la région montre que la présence militaire étrangère aggrave souvent les tensions locales sans apporter de réponse durable aux défis sécuritaires. Seules des solutions fondées sur la coopération régionale, le développement économique et l’inclusion sociale permettront de lutter efficacement contre le terrorisme.
Par Coulibaly Mamadou