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Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

Publié le lundi 10 août 2020 à 15h34min

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Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

Le conseil des ministres en sa séance du jeudi 06 août 2020 a adopté un décret permettant la prise en compte de la religion traditionnelle dans l’Observatoire National des Fais Religieux (ONAFAR). C’est une décision que l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux apprécie à sa juste valeur. Toutefois, elle recommande à l’Etat de prendre des mesures pour éviter toute sorte de stigmatisation, de discrimination, de stéréotype et de préjugé de la part des autres confessions déjà présentes. Déclaration !

Chapeau bas au gouvernement mais…

Le Conseil des ministres du 06 août 2020 a, parmi les points figurant à son ordre du jour, délibéré sur le projet de modification du décret n°2015-985/PRES/TRANS/PM/MATD/MEF du 17 août 2015 portant création, composition, attributions et fonctionnement de l’Observatoire national des faits religieux (ONAFAR). Ainsi, « La modification de ce décret vise la prise en compte de la religion traditionnelle, la révision du mandat des membres du bureau de l’ONAFAR et de ses membres représentants ainsi que la prise en compte des points focaux régionaux ».

Cette décision du gouvernement est, à n’en pas douter, un pas de géant dans la gestion des religions, dans la promotion de la cohésion sociale et dans la construction de l’Etat-nation burkinabè. L’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR/DI) apprécie à sa juste valeur l’adoption de ce décret qui s’inscrit en droite ligne dans ses objectifs qui sont, entre autres :

d’amener la population à se soucier du danger que constitue l`intolérance en général et l’intolérance religieuse en particulier ;

de sensibiliser les citoyens afin qu’ils s`impliquent dans la promotion de la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux à tous les niveaux de la société ;

de promouvoir la coexistence pacifique entre les confessions religieuses, les races, les groupes ethniques et les personnes des deux sexes.

Notre association, alors qu’elle n’avait pas encore obtenu son récépissé de déclaration d’existence, avait publié à cet effet, sous la plume de M. Issaka Sourwèma, Naaba Boalga chef traditionnel du village de Dawelgué dans la commune de Saponé, une tribune intitulée « Pratiques religieuses et coutumes au Burkina : 14 raisons de dédiaboliser les religions traditionnelles et d’en faire des religions tout court » dans le quotidien L’Observateur Paalga du 09/07/2018.

Nous y déplorions, la non-prise en compte de la religion traditionnelle au sein de l’ONAFAR en ces termes : « Le dialogue interreligieux se résume au dialogue islamo-chrétien : ce qui revient à dire que le statut des religions traditionnelles africaines n’est pas reconnu par les Islamo-chrétiens. Pire, il ne l’est pas non plus par l’Etat. Le fait que ces religions africaines ne sont pas représentées au sein de l’Observatoire national des faits religieux (ONAFAR) confirme éloquemment cela ».

Nous concluions la tribune en appelant au « nécessaire dialogue du christianisme et de l’islam avec les religions traditionnelles » et en affirmant qu’« il urge donc que cela soit corrigé et par les islamo-chrétiens et par l’Etat burkinabè sans œillères, sans prénotions, sans préjugés, sans étiquettes, sans condamnation et sans diabolisation. » Aujourd’hui, c’est chose faite de la part de l’Etat.

Toutefois, cet acte salutaire ne pourra réellement atteindre l’objectif de promotion de la cohésion sociale que si certaines conditions sont remplies avec la contribution de tous les acteurs (Etat, pratiquants de la religion, leaders chrétiens et musulmans…). Il s’agit de :

la nécessaire sensibilisation, par l’Etat, des leaders des faîtières chrétienne (catholique et évangélique) et musulmane que sont la Conférence épiscopale Burkina-Niger (CEBN), la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) et la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME) afin que cette intégration de la religion traditionnelle au sein de l’ONAFAR soit bien comprise et que des consignes soient données à leurs représentants au sein de l’Observatoire pour bannir toute sorte de stigmatisation, de discrimination, de stéréotype et de préjugé ;

l’apport attendu des lettrés pratiquant la religion traditionnelle dans des activités permettant une meilleure connaissance de cette religion par l’opinion publique car celle-ci est fortement influencée par des responsables chrétiens et musulmans qui assimilent cette religion à celle du prince des ténèbres ;

la différenciation nette entre chefs coutumiers (correspondant aux leaders religieux traditionnels ou chefs de terre) et chefs traditionnels (équivalant aux chefs politiques traditionnels) de sorte qu’il n’y ait pas d’usurpation de titre et/ou de fonction de la part des seconds au détriment des premiers ; ce qui, par conséquent, doit amener le gouvernement et les faîtières religieuses existantes à tenir compte de cette réalité dans la désignation des membres de l’ONAFAR, l’élection des membres de son bureau et le choix de ses points focaux. Un chef traditionnel pourrait représenter la chefferie coutumière, mais à condition que ce soit avec l’accord des premiers intéressés. Ce cas de figure est d’autant plus envisageable que la plupart des chefs coutumiers dans nombre de régions du pays n’ont malheureusement pas reçu d’instruction dans l’acception « moderne » du terme ; or, la participation pleine et entière aux activités implique des prérequis en termes de lecture, d’écriture et d’expression en français ;

la prise en compte des principales aires socio-ethniques dans la désignation des membres de l’ONAFAR en relation avec le nombre de membres accordé aux fidèles de la religion traditionnelle. Ainsi, le nombre de ces représentants que nous supposons quatre (04), à l’instar de ceux du christianisme ou de l’islam, permettrait, en étant plus inclusif au plan religieux, de l’être en même temps sur le plan socio-ethnique ; un double gain à travers une seule action ;

l’urgence de la tenue d’une rencontre (réunion, atelier, séminaire ou autre) avec un échantillon représentatif au plan socio-ethnique des chefs coutumiers pour expliquer les tenants et les aboutissants de cette décision et les encourager à s’organiser pour faire porter leurs préoccupations par une personne morale de rang associatif ;

la conduite d’une étude à l’échelle nationale pour une meilleure connaissance de cette religion ;

l’accompagnement des pratiquants de cette religion dans la création d’une faîtière (à l’image du CEBN, de la FAIB et de la FEME) dans les limites de ce que permettent les textes dans l’Etat laïc qui est le nôtre. Cela nous semble pertinent car la religion traditionnelle est d’abord un fait « individuel » (même dans les sociétés à organisation sociopolitique pyramidale), donc sans leader au sens islamo-chrétien du mot. Pour preuve, le chef coutumier est l’interface strictement fonctionnelle mais pas hiérarchique entre Dieu et les vivants par l’entremise des ancêtres.

Il faut donc espérer que cette décision est le début d’une dynamique qui intégrera systématiquement les responsables de la religion traditionnelle dans les institutions étatiques (au sens large) existantes (ou à créer) où ce système de croyances est concerné. Nos dirigeants auront alors fait preuve de reconnaissance vis-à-vis de nos ascendants et leur auront ainsi rendu hommage. Ils auront, du même coup, continué à poser des actes promouvant et consolidant les bases de la construction de l’Etat-nation, dont la postérité leur saura gré. En tout cas, l’ATR/DI est disposée à les y accompagner.

Fait à Ouagadougou le 09 août 2020

Pour le Bureau national, le 2e Vice-président
Wurotèda Ibrahima SANOU
www.sanou31hotmail.fr

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Vos commentaires

  • Le 10 août 2020 à 14:08, par La loupe En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    Bonjour chers amis de la toile.
    Vraiment, je salu l’esprit de cette loi et j’espère que que sa mise en œuvre résoudra plus d’un problème de vivre ensemble mise en mal par le fanatisme religieux.
    Aussi, il faut qu’on se garde de croire systématiquement que les représentants de la religion traditionnelle sont forcément les chefs coutumiers. Non, parce qu’il y a des chefs coutumiers qu’on voit à l’église ou à la mosquée. Par conséquent, ils ne défendront pas la chaque"religion traditionnelle".
    En plus, il faut bannir les expressions telles que : seul la voix de Jésus ou de Mohamed conduit au paradis.
    Sans être long, je félicite tous les acteurs de cette approche sociale et solidaire !

  • Le 10 août 2020 à 15:27, par LE MAITRE GOMYAAREE : PAYS SANS FOI NI LOI En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    DANS NOTRE SOCIÉTÉ ACTUELLE L ON DÉNIGRE CEUX QUI SONT OUVERTEMENT ANIMISTES MAIS DITES MOI QUI N EST PAS ANIMISTE ? REMONTEZ JUSTE A 1 2 3 GENERATIONS OU MÊME LA GENERATION ACTUELLE ILS SONT TOUS ANIMISTES PIAN !
    SI UN NOIR A UN PROBLÈME IL PART CONSULTER UN DEVIN : VOIR L INTERNET QUOI ! AFIN DE DECELER L ORIGINE DE SON MAL.
    DITES MOI ENCORE ET LA SORCELLERIE ; EST ELLE RÉELLE ? D AUCUNS DIRONT NON D AUTRES OUI MAIS JE REPONDRAIS PAR L AFFIRMATIVE A 5/5.
    NOMBREUX SE DISENT RELIGIEUX MAIS LE WACK ILS LE MAITRISENT JUSQU AU ZÉNITH. UNE BAGARRE AVAIT ÉCLATÉE DANS UN QUARTIER DE OUAGA, A ZACA PLUS PRECISEMENT MAIS FALLAIT PAS VOIR DES GENS BLINDES A L EPREUVE DES MACHETTES.
    EN SOMME IL N Y A EU AUCUN PROPHÈTE DES RELIGIONS REVELEES QUI A NÉGLIGÉ QUI QUE SOIT VIS A VIS DE SON APPARTENANCE RELIGIEUSE. ET ÉTANT DANS UN PAYS LIBRE ET LAÏC SI DÉNIGRER DE PERMET DE TE CONFORTER DANS VOTRE FOI C EST QUE VOUS N AVEZ PAS SAISI ENCORE. LE JOUR DU JUGEMENT DERNIER L ON EST SEUL A RÉPONDRE.
    ENCORE J AI ÉTÉ CHEZ LES NIPPONS, JAPON MAIS ÉBAHI JE L AI ÉTÉ ILS FONT DES OFFRANDES A LA MÈRE ET AUTRE. MAIS LE JAPON COMME LA CHINE SONT DE GRANDS PAYS DANS BEAUCOUP DE DOMAINES MAIS ILS NE SONT NI MUSULMANS, NI CHATOLIQUES ET J EN PASSE POURTANT ILS SONT PLUS LIBRES ET épanouis QUE QUICONQUE.

    PS BEAUCOUP FONT SEMBLANT DE DORMIR DANS LES LIEUX DE CULTE POURTANT LEUR CŒUR EST NOIR.

  • Le 10 août 2020 à 16:03, par Lool En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    C’est vraiment une très bonne décision que les religions traditionnelles aient été prises désormais en compte dans notre pays comme une religion à part entière. Les deux religions l’islam et la chrétienté sont entrées chez nous par effraction avec baïonnette. Il était vraiment temps de corriger cette erreur monumentale qui nous octroyait corps et âme aux impérialistes de toute sorte. Vraiment notre pays est entrain de retrouver sa vraie âme. La preuve que certaines religions est une escroquerie est donnée ici par Michel Onfray un philosophe et essayiste français qui dit ce qui suit : "Je n’ai jamais vu de croyants, même fervents, convaincus de l’éternité au point d’aborder la mort avec envie, désir et gourmandise".

  • Le 10 août 2020 à 18:17, par Pullo En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    Bel article ! Mais dommage, Mr Sanou, votre article pour une bonne partie est hors-sujet ! Car l’ONAFAR á pour mandat la tolérance interreligieuse que la promotion ou l’organisation d’une religion donnée. Cette mission de promotion ou d’organisation est du resort des pratiquants/adeptes de cette religion donnée. Veuillez bien relire la loi et les missions assignées a l’ONAFAR. Que Dieu benisse le Burkina Faso et tous/toutes les burkinabe !

  • Le 10 août 2020 à 19:09, par MOREBALLA En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    La chefferie coutumière dans sa configuration présente n’est aucunement assimilable à une responsabilité religieuse, plus qu’elle en est animiste. La compromission de la chefferie coutumière réside à ce que un prétendant au trône se revêt d’une confession islamo-chrétienne, fière de l’être et en être couronné roi. Par contre un responsable du culte des ancêtres( Tibsoba, tengsoba, chef de terre) est et demeure par obligation un animiste de pure sang. Il n’est jamais pour le bien et l’équité ; toute la reconnaissance à cette décision d’inclusion pour un meilleur partage de l’acceptation de l’autre dans sa spiritualité.

  • Le 11 août 2020 à 05:27, par Dibi En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    Enfin, un début salutaire du retour de soi à soi, à nous mêmes individuellement et collectivement suivant les chronologies personnelles de rupture-conversion aux Islams ou aux Christianismes hégémoniques ; ce qui en termes identitaires culturelles, nous place individuellement et collectivement sur les lignes de crêtes qui dominent et traversent socialement nos sociétés et restent ces focales majeures de leur analyse et de leur compréhension sociale juste.
    Sans passer par là, on s’interdit et on s’est interdit de penser globalement et de façon intégrale et intégrée nos cultures et nos déchirement identitaires qui jusqu’ici nous conduisent et nous induisent à des mimétismes mortifères qui nous empêchent d’être soi, de nous prénommer, de porter nos noms dans et avec la diversité de nos mots propres (une autre de nos aliénations spécifiques nègres). Et ce qui se joue ici, est un début d’un ressaisissement culturel qui fera date, si nos philosophes, nos anthropologues, nos historiens des cultures, nos linguistes, sociologues et hommes ou femmes de culture (chant-musique-danse-théâtre-cinéma-médias...) s’accaparent et travaillent cette question de retour à soi, à nous mêmes, critiquement avec tous les attendus émancipateurs d’intégration sociale et psychique de la personne.
    Un grand philosophe (dont je tairais le nom - source de démangeaisons et de frilosité à certaines âmes -) que la première critique d’une société commence par la critique religieuse ; au sens de critique de toutes les religions ; mêmes celles qui se prétendent transmises aux hommes par une langue unique parlée de Dieu ; je veux dire l’Arabe, par exemple.
    Toutes, dit-il, n’expriment que le cœur d’un monde sans cœur, la souffrance de la créature éplorée, un opium qui sert à calmer les douleurs ou les violences de la vie sociale pour faire simple. Donc aucune religion, mêmes les plus établies, n’a le monopole du Bien ou de l’Equité ; et aucune n’échappe ou n’est à l’abri de tout contrôle par des pouvoirs politico-religieux établis et marqués au sceau du conservatisme, même prétendument inspirés et éclairés.
    Bon vent à l’ONAFAR et à toutes les diversités qui sont la richesse de notre peuple et de notre histoire ; à ne pas oublier.
    En Afrique centrale, au Congo et au Cameroun, ... ce travail de redécouverte intellectuelle de soi est bien avancé ; et donc que l’élite intellectuelle critique burkinabè le prolonge et l’enrichisse !
    Na an lara, an sara !
    La patrie ou la mort !

  • Le 11 août 2020 à 05:35, par au nom des names En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    Au nom du créateur et des mânes de nos ancêtres que ceux qui ont lutté pour l’aboutissement de cette décision soient bénis
    j’espère que la devise du pays sera enfin ’’ au nom du créateur et des mânes de nos ancêtres’
    les ancêtres ne nous demandent que de l’eau mais pas 10 pour cent de nos revenus .

  • Le 11 août 2020 à 09:52, par Jonassan En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    Une avancée de reconnaissance de faits crus. Il ne reste plus qu’à reconnaitre le droit de propriété du paysan sur sa terre même si ce n’est pas écrit. L’argent et le pouvoir ont fait de nous des assassins de notre propre écosystème.

  • Le 11 août 2020 à 12:59, par Thién En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    Bien vu et bien dit !
    On devrait être fier de cette religion traditionnelle qui montre à l’africain d’où il vient en lieu et place de suivre ces religions qui croient que tous nos ancetres sont en enfer parce qu’ils n’étaient ni musulmans ni chrétiens !

  • Le 13 août 2020 à 11:50, par LébouréCrépinZANZÉ En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    #Religion_traditionnelle (prise en compte par l’ONAFAR) que mettre dedans ?

    Avec toutes les dénominations, définitions et la typologie qui se présentent déjà, tel
    #chef_coutumier,
    #chef_de_terre,
    #chef_traditionnels_religieux, (desquels des chefs traditionnels catholiques, musulmans, protestants et peut-être raëliens, bouddhistes, bahaïs ou déistes), les enjeux de la prise en compte de la religion traditionnelle dans l’arène de l’observatoire national des faits religieux (ONAFAR) sont importants de part et d’autres.

    Tout en saluant l’action gouvernementale, il est impérieux de mener des travaux de fond pour définir qui devraient/pourraient représenter cette religion dite traditionnelle, qui est à la fois comme une pieuvre et un mollusque. À tort ou à raison, la religion traditionnelle est parfois associée à l’animisme. Si elle ne l’est pas alors, notre préoccupation pour la définition de qui devraient/pourraient la représenter se veut beaucoup légitime.

    D’une localité à une autre le pouvoir du chef de terre et celui du chef traditionnel s’enchevêtrent, plus loin la définition du chef traditionnel au sens politique de la tradition se heurte à des confusions. Du chef traditionnel, au chef coutumier ou se situe la frontière ? Qui traditionnellement siège dans le village ou dans la communauté ?

    Où classer un chef traditionnel catholique, ou musulman ou protestant (pour ne citer que ces trois, puisqu’ils sont les plus en vogue dans la citée) dans la compartimentation de l’ONAFAR ?
    Un chef traditionnel catholique/protestant/musulman à l’ONAFAR, parle-t-il sous la houlette de sa fois de catholique ou de chef traditionnel ?

    La spécificité de l’organisation territoriale de cette religion est une autre épine aux pieds du gouvernement et de l’ONAFAR, puis des structures qui prônent la promotion du dialogue interreligieux et la tolérance religieuse.
    Qui de l’Émir du Liptako Gourma, du Moogho Naaba, du Naaba Kiba, du chef des BoboMandarè, du Roi de Gulmu, du Roi de Tenkodogo, du Pô-pè, et qui sais-je, devrait être à même de représenter valablement (légitimité et légalité) cette religion à l’ONAFAR ?

    Il n’y a pas que les craintes qu’il faut voir. C’est déjà une belle opportunité que l’État Burkinabè donne à cette religion de s’organiser pour avoir « une représentation nationale représentative. » Ce ne serait probablement pas une chose aisée vue que bien de fois en interne de chaque groupe communautaire il y’a des gué guerres liées à la couronne de chef. Je crains fort que la prise en compte de la religion traditionnelle, si elle ne s’est pas appuyée sur un travail de fond et s’accompagnera d’un travail d’organisations averties on assiste à une éclosion de frustrations, de disputes de toutes formes.

    Encore félicitations au gouvernement et à toutes les structures qui ont fait un travail titanesque en sous-marin pour l’aboutissement de cette prise en compte de la religion traditionnelle qu’il faille définir explicitement. Il est important néanmoins de commencer par se pencher sur le cas d’autres religions connues et reconnues par la loi Burkinabè mais qui ne sont pas encore pris en compte par l’ONAFAR. De celles-ci les les Raeliens, les Bahaïs, les Bouddhistes.

    Ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait et même très bien fait. Ne dit-on pas "On enterre pas un cadavre et laisser ses genoux dehors ?" Alors chaque faîtière mérite d’être représentée à l’ONAFAR.

  • Le 13 août 2020 à 13:53, par SoôgoSira Sanu En réponse à : Prise en compte de l’animisme dans l’ONAFAR : L’association pour la tolérance religieuse salue le geste

    Moi SôogoSira Sanu, né Sôogo, je dis et j’affirme HAUT et très fort que tout africain qui croit prier autre dieu que celui des manes de ses ancêtres, n’est qu’un faire-semblant.
    Qu’il reste fier de ses DIEUX, ceux de ses ancêtres je le dis bien, car c’est par leur grâce qu’il existe ici bas.
    C’est alors la seule bonne raison qu’il doit vénérer.
    ILS SONT SA SEULE SOURCE DE SALUT.
    QUE NOS ANCETRES VEILLENT SUR NOUS ET QUE LEUR VOLONTE SOIT FAITE

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