LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Emmanuel Salambéré, Médiateur de Sidwaya : “J’aborde mes fonctions dans une indépendance totale...”

Publié le vendredi 23 septembre 2005 à 07h39min

PARTAGER :                          

Dans le but de circonscrire, prévenir ou régler les conflits pouvant naître entre Sidwaya et son lectorat, votre journal a institué un médiateur. Chargé de jouer ce rôle d’intercesseur gracieux, Son Excellence, Emmanuel Salambéré, homme d’expériences, « multidimensionnel » et cultivé, s’est prêté à nos questions sur cette institution, nouvelle dans le paysage médiatique burkinabè.

Sidwaya (S.) : Le choix de Sidwaya s’est porté sur vous pour être son médiateur. Quel effet cela vous fait-il ?

Emmanuel Salambéré (E.S.) : C’est une grande fierté d’avoir été choisi par un organe de presse aussi prestigieux comme médiateur. Nonobstant son statut de journal d’Etat, Sidwaya est honorablement connu aussi bien au Burkina Faso qu’à l’extérieur. C’est un journal qui est monté en puissance ces dernières années et qui a acquis ses lettres de noblesse. Je suis donc comblé.

S. : Est-ce que le statut de média d’Etat de Sidwaya ne va pas constituer un handicap dans l’exécution de votre tâche ?

E.S. : Tout dépendra de la manière d’aborder les choses. Et puis, l’évolution dont je parlais peut faire penser que Sidwaya ne se cantonne plus à sa fonction de média d’Etat.

Sidwaya s’est affranchi de l’obstacle que pourrait constituer l’appartenance structurelle à l’Etat.Sidwaya n’écarte pas les écrits qui ne vont pas dans le sens souhaité et est ouvert à tous les courants de pensée qui existent au Burkina Faso. Il suffit de le lire pour s’en convaincre. Il y a des articles très critiques pour ne pas dire plus envers le gouvernement, les institutions voire le chef de l’Etat. Les opposants défilent à Sidwaya et je ne sais pas ce que l’on peut demander de plus.

S. : Comment comptez-vous embrasser ces nouvelles fonctions qui vous sont dévolues ?

E.S. : J’aborde ces fonctions dans une indépendance totale vis-à-vis de la direction du journal, du gouvernement et du lectorat. Je suis un homme libre et cette liberté est réaffirmée dans tous les textes qui régissent le médiateur de Sidwaya.

S. : Votre fonction implique que vous lisez les produits des éditions Sidwaya quotidiennement. Cela ne sera-t-il pas harassant ?

E.S. : Harassant, c’est trop dire si tant est que personne ne lit un journal du premier au dernier mot. On a un choix de lecture par rapport à l’intérêt de certains titres. Je peux lire aussi les articles de façon approfondie en fonction du sujet traité et de l’intérêt qu’il peut procurer pour l’exercice de ma fonction. Je veux parler ainsi des articles d’ordre conflictuel, notamment ceux politiques en cette période électorale. Sinon, lire tous les produits Sidwaya intégralement demanderait beaucoup de temps et bien que je sois à la retraite, j’ai d’autres activités. Je compte donner le meilleur de moi-même dans l’exercice de cette fonction.

S. : Pouvez-vous nous définir la fonction que vous serez bientôt appelé à occuper ?

E.S. : Comme tout autre médiateur, celui de Sidwaya est un intercesseur gracieux entre deux parties qui connaissent des différends pour régler ceux-ci à l’amiable. Je m’efforcerai de régler les litiges nés entre Sidwaya et son lectorat à la suite de certains écrits publiés par le journal. Evidemment, la personne qui s’estime lésée a la possibilité de saisir la justice, ce en vertu des dispositions constitutionnelles. L’avantage de ma saisine, c’est qu’elle coûte moins cher, est rapide et peut parvenir à des résultats très satisfaisants. Le médiateur peut être saisi soit par la direction de Sidwaya soit par le lectorat ou toute personne qui s’estime lésée. Le médiateur peut s’autosaisir s’il estime qu’un article de Sidwaya ne va pas dans le bon sens. Il peut intervenir en amont ou en aval. Il contribue à la bonne marche du journal en lui donnant des avis indépendants. Les solutions ne sont pas forcément tirées du droit, mais peuvent ressortir du bon sens et de l’équité. Ce sont des suggestions, des avis et recommandations pouvant être acceptés ou refusés. La saisine du médiateur se fait obligatoirement par écrit.

S. : Excellence, et si on vous demandait de vous présenter en quelques mots...

E.S. : Je suis marié, père de cinq filles et grand-père trois fois. Je suis magistrat à la retraite. J’ai été vice-président du tribunal de Ouagadougou, président du tribunal de travail. J’ai été aussi directeur de cabinet et conseiller juridique de l’Organisation commune africaine et mauricienne (OCAM) à Bangui en Centrafrique.

J’ai été Secrétaire général du ministère de la Justice avant d’être ambassadeur auprès de la France, de l’Espagne, du Portugal, du Vatican, de Malte, de l’Albanie, représentant permanent auprès de l’UNESCO, administrateur auprès du FIDA.

J’ai été agent, puis co-agent du Burkina Faso dans l’affaire du différend frontalier avec le Mali. J’ai représenté le pays auprès de la Cour internationale de justice de la Haye. A mon retour, j’ai été directeur de l’exercice des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l’Administration territoriale, puis inspecteur d’Etat et inspecteur général d’Etat avec rang de ministre.

Après tout cela, je suis allé à l’UEMOA en qualité de conseiller à la Cour des comptes pour un mandat de six ans. Je suis maintenant à la retraite et je m’occupe d’activités associatives. J’ai fait mes études à la Faculté de droit d’Abidjan et de Paris, puis à l’Institut d’études politiques de Paris, à l’Institut d’études judiciaires de Paris et à l’Institut de criminologie dont je suis diplômé. Je suis également diplômé du Centre national d’études judiciaires de Paris.

J’ai effectué des stages au tribunal de Grande instance de Dieppe et au tribunal pour enfants de Rouen en France. J’ai été décoré de la médaille d’argent de l’Etoile d’or du Nahouri et avant cela par l’Empire centrafricain dans l’ordre du mérite.

Une interview de Zacharia YEYE
Tiergou Pierre DABIRE
Boubakar SY

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique