Terrorisme et droits humains au Burkina : L’introuvable équilibre …
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Célébrée le 10 décembre, la journée internationale des droits de l’homme a été instaurée en souvenir de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Proposé par l’ONU en réaction aux atrocités commises lors de la seconde guerre mondiale, ce texte établit de façon universelle les droits inaliénables constitutifs de la dignité humaine. En 2018, Amnesty international dressait un bilan peu reluisant en matière de protection des droits humains au Burkina.
En 2019, le respect des droits humains semble avoir pris un coup au Burkina dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. C’est ce qui ressort d’une enquête du Mouvement burkinabè des droits humains et des peuples (MBDHP) en mars 2019, suite à la mort de 146 présumés terroristes à Kain et dans certaines localités du pays. Ladite enquête a révélé 60 exécutions sommaires et extrajudiciaires dans les villages de Kain, Sounam, Tiabéwal, Guingui, Daybara, et Somme.
Ces dérives ont conduit l’organisation de défense des droits de l’homme à tirer la sonnette d’alarme lors d’une conférence de presse le 13 mars 2019. Dans la même dynamique, dans le cadre de l’opération Doofu menée dans les régions du Sahel, du Nord et du Centre Nord, Corinne Dufka, directrice de la division Afrique de Human rights Watch, interpellait les différents camps en ces termes : « Les forces de sécurité du gouvernement et les groupes armés islamistes doivent comprendre que nous suivons de près les atrocités supposées commises par les deux camps ».
L’année 2019 aura été aussi marquée par l’adoption d’un nouveau code pénal jugé « liberticide » par les organisations professionnelles des médias. Ladite loi qui entend, selon ses défenseurs, « renforcer la lutte contre le grand banditisme, renforcer les moyens d’action des forces de défense et de sécurité, en les protégeant contre certaines publications qui peuvent être de nature à démoraliser ou saper l’efficacité de leurs interventions ou leurs opérations », prévoit des peines allant jusqu’à 10 ans de prison pour la diffusion d’informations sur les opérations militaires.
Elle est rejetée également par certains groupes parlementaires de l’opposition et des organisations de défense de droits l’homme telles que le Centre d’information et de formation en droits humains ( CIFDHA) et Amnesty international, qui ont indiqué que « la révision du Code pénal portait aussi le risque de criminalisation de l’activité des défenseurs des droits humains, des journalistes, des lanceurs d’alerte, et de tout individu qui voudrait recueillir ou diffuser des informations sur des faits liés à des opérations militaires, sur des abus des droits humains commis par des éléments des forces de sécurité ou des groupes armés, et même sur tout crime ou délit ».
Nicole Ouédraogo
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