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Drame de Yirgou : Un an après, des organisations de défense de droits humains persistent sur les 216 morts

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Publié le dimanche 5 janvier 2020 à 23h36min

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Drame de Yirgou : Un an après, des organisations de défense de droits humains persistent sur les 216 morts

Dans la nuit du 31 décembre 2018 au 1er janvier 2019, et jours suivants, le Burkina Faso a enregistré des évènements malheureux dans la région du Centre-nord, plus précisément dans le village de Yirgou, suite à l’assassinat du chef dudit village, par ailleurs conseiller municipal de Barsalgho (commune d’où relève le village).

Des représailles dirigées sur la communauté peuhle font plusieurs morts : 46 selon le gouvernement et 216 communiqués par le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), principale organisation née au lendemain de ces douleureux événements.

Ce dimanche, 5 janvier 2020 à Ouagadougou, le CISC, accompagné d’autres structures de défense de droits humains, dont le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), ont animé une conférence de presse pour faire le point de ses actions et de l’avancée du dossier au plan judiciaire, dénoncer les dérives répétitives des groupes d’auto-défense Koglwéogo pointés dans ce drame et faire des propositions pour un vivre-ensemble au Burkina.

"Les personnes tuées les 1er, 2 et 3 janvier 2019 à Yirgou et villages environnants sont toutes exclusivement des Peuhls. Durant trois jours, la communauté peuhle a subi la fureur des Koglwéogos, un massacre sans précédent, sans que les autorités nationales et locales ne soient à mesure de leur porter secours et assistance. (...). Ces personnes tuées ne seraient qu’une quarantaine selon le gouvernement qui malheureusement n’a jamais été à mesure de publier la liste de ces victimes qu’il a déclarées, contrairement à la liste des 216 personnes que le CISC a déclarées de façon documentée à savoir nom et prénoms, âge, sexe, village. Mieux, le CISC est à mesure d’établir l’affiliation des victimes ainsi déclarées", affirme le secrétaire général du CISC, Dr Daouda Diallo, dans la déclaration liminaire de la conférence de presse. Sur l’évolution de la situation, le Collectif a déploré une inertie des pouvoirs publics qui a marqué le début d’une série d’exécutions sommaires (Arbinda, Kaïn-Ouro, Banh, Yagha, Sollé, Titao, Konga, Garkéré, etc.).

Au plan judiciaire, ces organisations situent : "Le Parquet du Tribunal de grande instance a ouvert deux enquêtes judiciaires. La première pour élucider les faits relatifs à l’assassinat du chef de Yirgou et des membres de sa famille. Cette première enquête n’aurait pas permis d’identifier les présumés auteurs.

La seconde enquête est, quant à elle, relative au massacre de la communauté peuhle. Cette enquête a permis à ce jour d’identifier 55 corps et 66 disparus. Elle a permis en outre d’identifier près de 200 personnes soupçonnées d’avoir participé au massacre. 180 mandats d’amener ont été décernés, mais seuls 12 mandats ont pu être exécutés jusqu’à ce jour. Ces 12 personnes ont été inculpées des faits de présomption grave de crime de génocide, de meurtres, de destructions volontaires de Biens, de coups et blessures volontaires et de dissimulations de cadavres".

Les conférenciers, tout en se satisfaisant de l’ouverture de l’information judiciaire, et félicitant la justice pour les actes posés, soulèvent cependant des inquiétudes quant aux moyens et pouvoirs du juge d’instruction (il est seul face à la tache, la non-exécution des mandats par les officiers de police judiciaire qui est une entrave à la bonne évolution du dossier, la résistance des membres du groupe d’auto-défense Koglwéogos aux actes de justice).

En dépit du ’’piétinenement’’ relevé, le CISC n’entend pas baisser la garde. Plusieurs actions sont annoncées, parmi lesquelles, un sit-in le 10 janvier 2020 devant le Tribunal de grande instance de Ouagadougou "pour apporter soutien aux acteurs judiciaires pour faire sereinement leur travail". Il projette également la poursuite de son action devant les institutions internationales compétentes.

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