La pratique de l’excision et le mariage d’enfants sont des phénomènes avilissants qui entravent le bien-être de la femme et de la jeune fille. Pour cette raison, depuis quelques années, l’Etat et des organisations de la société civile se sont engagés dans des actions d’élimination de ces pratiques néfastes dans le but d’assurer une meilleure santé et un plein épanouissement aux femmes et aux enfants afin qu’ils participent pleinement au processus de développement socio-économique du Burkina Faso. L’ONG GASCODE a fait de cette lutte la sienne, en initiant le Programme de mobilisation communautaire pour la promotion et la protection des droits de la femme et de l’enfant, avec le soutien financier de l’UNICEF et de l’UNFPA.

L’organisation de cette cérémonie est la suite logique d’actions et de résultats engrangés dans le cadre de la mise en œuvre des activités. A en croire les organisateurs, c’est une occasion solennelle pour les communautés de 234 villages du Loroum, du Passoré, du Yatenga et du Zondoma de faire une déclaration publique d’abandon de la pratique de l’excision et du mariage d’enfants.

Un pas vers l’abandon des pratiques néfastes

Placée sous la présidence de Hassane Sawadogo, gouverneur de la région du Nord, cette cérémonie a rassemblé, outre les partenaires techniques et financiers du GASCODE, les autorités administratives régionales, coutumières, religieuses et les communautés de la région du Nord. A la suite des mots de bienvenue du maire de Ouahigouya, du chef de village de Sambtenga et du représentant du roi du Yatenga, Naaba Kiiba, Félicité Bassolé, Présidente du conseil d’administration (PCA) de l’ONG GASCODE s’est réjouie de la mobilisation. Elle a indiqué que l’activité du jour est le résultat d’un processus enclenché depuis avril 2018 avec l’UNICEF.

Mise en place de clubs de jeunes filles et garçons, sensibilisation des leaders communautaires, causeries éducatives, formations sur plusieurs thématiques, séances de prêches sur le mariage des enfants et l’excision sont entre autres les actions menées, a laissé entendre la PCA. Des acquis ont certes été engrangés, mais Mme Bassolé prévient qu’il va falloir rester vigilant et prompt à dénoncer toute tentative de pratique dans les villages et les familles, au regard des nouvelles stratégies adoptées par ceux et celles qui continuent d’encourager les pratiques néfastes.

C’est un sentiment de satisfaction qui s’est dégagé des propos de l’émissaire de la représentante résidente de l’UNICEF au Burkina Faso, Dr Anne Vincent, et d’Alphonsine Sawadogo, secrétaire permanente du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision. Ces partenaires ont invité les autorités, les communautés et les cellules de veille à redoubler de vigilance dans la lutte pour l’atteinte de la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines (MGF) et aux mariages d’enfants.

Un engagement des communautés

La déclaration publique verbale d’abandon de la pratique de l’excision et du mariage d’enfants a été faite sous les applaudissements des participants à la cérémonie. Les représentants des jeunes, des coutumiers, des anciennes exciseuses, des femmes se sont engagés à promouvoir et surtout à s’investir pour l’abandon des MGF et des mariages d’enfants.

Pour joindre l’acte à la parole, le matériel jadis utilisé pour la pratique de l’excision a été enterré définitivement afin de montrer que les mauvaises pratiques sont désormais de mauvais souvenirs. Hassane Sawadogo, gouverneur de la région du Nord, a exprimé sa gratitude et ses remerciements aux populations des 234 villages pour l’engagement manifesté qui vient renforcer les initiatives développées en faveur de l’abandon des pratiques néfastes. « C’est ensemble, main dans la main, que nous gagnerons cette lutte combien noble pour les générations à venir », a lancé le premier responsable de la région du Nord.

Yann NIKIEMA
Lefaso.net