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Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

Publié le mardi 22 janvier 2019 à 00h25min

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Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

Monseigneur Pierhierge Debernardi est un évêque émérite du diocèse de Pinerolo, dans la province de Turin (Italie). Depuis plusieurs années, il s’est mis au service du diocèse de Dori, par le biais une association italienne engagée dans l’œcuménisme, la scolarisation, la paix, la lutte contre l’injustice et la pauvreté dans la région du Sahel au Burkina. Il nous livre dans cette interview ses analyses sur l’évolution socioculturelle du pays des Hommes intègres.

Lefaso.net : A quand remonte votre présence au Burkina Faso ?

Monseigneur Pierhierge Debernardi : Depuis 2002, je suis venu au Burkina Faso dans le cadre de la coopération entre ma commune et la région du Sahel. C’était pour donner des formations dans l’élevage et les cultures maraichères.

Pourquoi avoir choisi la région du Sahel ?

Bien entendu, j’ai fait 19 ans dans l’épiscopat et une trentaine d’années dans le sacerdoce, dans le diocèse de Pinerolo. A l’époque, Les habitants de mon diocèse avoisinaient 35 000 personnes composées de catholiques, de protestants et de musulmans. Durant plusieurs années, j’ai acquis de l’expérience en matière de cohabitation religieuse.

Quand j’ai décidé de sillonner le Burkina Faso, j’ai choisi la région de Dori. En tant que ministre du Christ, j’officiais dans les églises de la zone. Aussi, j’ai décidé de m’engager dans la construction des écoles, des centres de santé, du jardinage et l’œcuménisme… Mais les terroristes m’ont contraint à suspendre mes projets. Je suis triste.

Qu’est-ce qui vous a marqué ?

C’est la population du nord du Burkina Faso (région du Sahel, ndlr). Leur comportement d’amour et d’entraide. Quand je suis venu, j’ai été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme. J’ai retrouvé la chaleur humaine de mon enfance qui n’existe plus en Europe. A l’époque, la situation était paisible au nord. Tout était tranquille dans les rapports humains. J’ai été émerveillé lors de la célébration des messes. Les fidèles m’aimaient.

Comment avez-vous vécu les moments d’attaques ?

J’ai été écœuré bien sûr. Quand j’ai vu la souffrance de cette population, j’étais attristé. Mais je me disais que la collaboration et le pacifisme des peuples de cette région pouvaient s’opposer au terrorisme. Cependant, ces terroristes ont exploité la misère de la population et se sont imposés dans la violence. Alors, j’ai décidé de m’engager davantage dans l’œcuménisme. Mais la situation était si menaçante, et monseigneur Laurent Dabiré m’a contraint à quitter Dori. Je me suis installé à Ouagadougou pour contribuer la formation des étudiants.

En tant qu’homme d’Eglise, quel regard portez-vous sur l’évolution de l’Eglise-famille du Burkina Faso ?

Je connais plusieurs pays d’Afrique. Dans l’ensemble, l’Eglise se porte bien. L’avenir de l’Eglise, c’est bien l’Afrique. L’Eglise africaine est forte et dynamique. Elle est assise sur des valeurs culturelles pareilles aux valeurs évangéliques. Au Burkina Faso, l’Eglise a une place importante dans la construction de la paix et le développement. Les valeurs chères à l’Eglise africaine doivent servir d’exemples aux Européens. Les Occidentaux doivent apprendre de l’Afrique des valeurs de solidarité, d’enthousiasme, d’hospitalité et d’humanisme. Les idoles de solitude, d’égoïsme et du matériel déshumanisent les Occidentaux.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que le christianisme continue d’être un instrument du colonisateur ?

Les choses ont beaucoup évolué aujourd’hui, même si autrefois le christianisme était utilisé pour asservir les peuples. L’Eglise est aux côtés du peuple dans sa quête pour le bien-être. Je crois que l’Eglise est un vecteur de paix et d’émancipation du peuple africain. La parole de Dieu et le bonheur des peuples sont indivisibles. Le devoir de l’Eglise est d’apporter le bonheur aux hommes.

Comment vivez-vous les divers scandales auxquels l’Eglise fait face ?

C’est une douleur immense pour l’Eglise. Je demande pardon en tant qu’homme d’Eglise. Cela me touche tristement. Je crois également que les reformes doivent se poursuivre afin de mieux former les candidats au sacerdoce. Egalement, il faut que les responsables répondent de leurs actes comme le pape l’a suggéré. Il revient aux évêques d’être plus regardants afin de protéger nos fidèles.

Votre message aux jeunes qui abandonnent la foi en Dieu ?

En principe, l’homme par nature est à la quête permanente de Dieu. Sans Dieu, le monde n’a point de repères. Regardez l’Europe, trop de matérialisme pour compenser le manque de Dieu. Il ne faut pas que les jeunes africains imitent cela. Au contraire, les jeunes européens doivent apprendre des jeunes africains. Par la foi en Dieu, on est tous frères et sœurs. Que vous soyez musulmans ou chrétiens, croyez en Dieu et aimez-vous. Les Africains ont compris, il faut qu’ils conservent leurs valeurs humaines.

Votre message de la fin ?

Les hommes politiques doivent cesser d’utiliser les armes contre leurs peuples. Il faut plus d’ouverture dans des débats pour permettre aux peuples de s’émanciper. On ne peut plus continuer à gouverner de la même manière. Je demande humblement à mes frères dans le sacerdoce de continuer à servir le peuple de Dieu dans la paix et l’amour, comme Jésus nous l’a recommandé.

Propos recueillis par Edouard K. Samboé
samboeedouard@gmail.com
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 22 janvier 2019 à 12:39, par Nabiiga En réponse à : Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

    ..que l’avenir de l’église se trouve en Afrique, c’est cela justement que nous rejettons. Que tout Dieu importé d’ailleurs quitte l’Afrique. L’Afrique est le seul continent qui a abandonné ces Dieux pour les Dieux des blancs. L’Afrique est pauvre, misérable et l’Africain est méprisé partout à cause, justement, de l’Église. Eh oui, l’église nous a fait beaucoup de tort. l’esclavage, colonialism, et maintenant le racisme, tout cela, votre église et votre Dieux. Que tout Dieu étranger quitte notre continent. Il nous a assez causé du mal vis-à-vis les autres populations du globe

  • Le 22 janvier 2019 à 14:12, par Michel En réponse à : Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

    Oui, "les évêques doivent être plus regardants". De même que les laïcs car beaucoup de religieux participent activement à la corruption pour ne pas dire à la putréfaction morale de notre société de part leurs comportements aux antipodes de leurs discours.

  • Le 22 janvier 2019 à 16:11, par onsait En réponse à : Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

    Il ’na pas tord. C’est grace a l’eglise qu’ils ont colonisé l’Afrique. Le pape Nicolas V en 1850 a écrit une bulles (equivalent de la Fatwa chez les musulmans - allez verifier) autorisant le pillage de l’Afrique et la capture d’esclaves africains. Gardons cela en memoire.
    Maintenant que la re-colonisation de l’Afrique a repris de plus belle, l’eglise s’y remet également. Oui on n’a aucun doute que l’avenir de l’eglise c’est l’Afrique car c’est la que l’on a crée des millions de pauvres sur des sols immensément riches.
    De toute manier en Europe il n’ya plus de croyants ils créent des guerre pour tuer, déstabiliser et piller.
    Tout le monde s’y met, Européens, Arabes, Jihadistes, etc. et j’en passe.

  • Le 22 janvier 2019 à 17:06, par Neekre En réponse à : Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

    Oui bien sur Monsieur, que l’avenir de l’Eglise c’est l’Afrique.
    Jomo Kenyatta avait dit a peu près ceci. quand ils sont arrivés, nous avions la terre et eux, la Bible. Ils nous ont demandé de prier les yeux fermés. Quand nous avons ouvert les yeux, eux avaient la terre, et nous la Bible"

  • Le 23 janvier 2019 à 09:05, par AMKOULLEL En réponse à : Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

    Comme ça me réjouis de lire la réaction des compatriotes sur le sujet. Nous y arriverons et aucun doute là dessus de bouter cette église et toutes les religions étrangères brutalement ou malicieusement distillées dans nos populations. "L’Afrique est votre avenir" laisse moi rire ... y a 30 - 40 ans vous avez dit pareil en Amérique Latine et regarder ce qu’il en est là bas. Populations dans la misère la plus crue, les hommes politiques qui se sont levés pour le bonheur de leur peuple, VOUS les avez trucider avec le concours de votre parrain Oncle SAM, Omar Torrijos du Panama, Jaime Roldós Aguilera de l’Equateur, Salvador ALLENDE du Chili ... Les zones du monde les plus catho sont les plus pauvres de la planète : l’Amérique latine, l’Afrique et même en Europe, les pays les plus pauvres sont majoritairement Catho : Espagne, Italie, Portugal.
    Sur le contient ici, on vous suit à l’oeuvre, Bokassa en RCA, le Général Guéi en RCI, ..., mais sachez que bientôt la récréation sera terminée parce que nous Africains allons reprendre notre relation avec le DIVIN sans passer par Rome ou la Mecque ou Jérusalem.

  • Le 23 janvier 2019 à 15:16, par Roland En réponse à : Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

    l’AFRIQUE EST L’AVENIR DE L’ÉGLISE, AMEN QU’IL EN SOIT AINSI. GLOIRE A DIEU. C’EST UNE GRÂCE POUR L’AFRIQUE.

  • Le 24 janvier 2019 à 16:01, par bargo En réponse à : Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

    Les voies du seigneur sont insondables, seuls les initiés les comprennent. Le Monseigneur a tout dévoilé comme le roi des belges à l’époque. Peuples croyants d’Afrique et du reste du monde asseyions nous et attendons le pain divin qui ne viendra point ou levons nous pour créer notre avenir radieux à la sueur de notre front. Rappelez vous qu’il nous a été dit qu’il est plus facile à un pauvre de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche de rentrer au paradis. Le menteur ne vit qu’au dépend de celui qui l’écoute. La grande chine est un exemple patent. A bon entendeur salut.

  • Le 24 janvier 2019 à 16:10, par bargo En réponse à : Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

    Les voies du seigneur sont insondables, seuls les initiés les comprennent. Le Monseigneur a tout dévoilé comme le roi des belges à l’époque.

    J’en appelle au Peuples croyants d’Afrique et du reste du monde de s’assoir et attendre le pain divin qui ne viendra point ou de se lever pour créer leur avenir radieux à la sueur de leur front.

    Rappelez vous qu’il nous a été dit qu’il est plus facile à un pauvre de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche de rentrer au paradis.

    Le menteur ne vit qu’au dépend de celui qui l’écoute. La grande chine est un exemple patent. A bon entendeur salut.

  • Le 24 janvier 2019 à 16:12, par bargo En réponse à : Mgr Pierhierge Debernardi : « L’avenir de l’Eglise, c’est l’Afrique »

    Les voies du seigneur sont insondables, seuls les initiés les comprennent.

    J’en appelle au Peuples croyants d’Afrique et du reste du monde de s’assoir et attendre le pain divin qui ne viendra point ou de se lever pour créer leur avenir radieux à la sueur de leur front.

    Rappelez vous qu’il nous a été dit qu’il est plus facile à un pauvre de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche de rentrer au paradis.

    Le menteur ne vit qu’au dépend de celui qui l’écoute. La grande chine est un exemple patent. A bon entendeur salut.

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