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Restitution du patrimoine culturel africain : En attendant le lancement du processus par le gouvernement burkinabè

Publié le vendredi 30 novembre 2018 à 00h19min

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Restitution du patrimoine culturel africain : En attendant le lancement du processus par le gouvernement burkinabè

La France a décidé de la restitution des biens culturels africains se trouvant dans ses institutions patrimoniales et ailleurs. Saisissant la balle au rebond, plusieurs pays sur le continent s’activent. Le Burkina Faso n’est pas en reste. Le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme a animé une conférence de presse, ce 29 novembre, pour échanger sur la question. C’est une question complexe, impliquant plusieurs départements ministériels et le chemin est long pour que certaines œuvres reviennent sur leurs terres d’origines. Mais il faut une certaine volonté politique avant que le processus soit enclenché.

Des œuvres culturelles africaines chargées d’histoires, pillées, volées ou achetées frauduleusement se retrouvent dans les institutions patrimoniales de France et d’ailleurs. La France doit à l’Afrique depuis des siècles. Lors de son discours du 28 novembre 2017 à l’Université Ouaga1 Pr-Joseph-Ki-Zerbo, le président Emmanuel Macron reconnaissait la nécessité de rendre ce qui n’appartient pas à son pays. « Je veux que d’ici cinq, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ».

Pour ce faire, deux experts ont été commis à la tâche pour étudier les conditions de réalisation de cet engagement. L’économiste sénégalais Felwine Sarr et la française Bénédicte Savoy. Après une année de travail, les deux experts ont déposé leur rapport. Dans le document, l’on peut lire qu’ « il n’existe à ce jour pas de cartographie précise ou de répertoire centralisé du patrimoine africain en France, qui aurait représenté un outil de travail essentiel dans le cadre de la rédaction du présent rapport. En dehors de quelques institutions spécifiques dont l’état des inventaires permet un chiffrage précis, une quantification globale du nombre de pièces à l’échelle nationale est ainsi difficile à réaliser ». Toute la difficulté est donc là.

Mais de l’avis du secrétaire général du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme, en se référant aux inventaires disponibles, le Burkina Faso compte, selon le rapport, approximativement 1 088 objets présents dans les institutions patrimoniales en France. Selon Jean-Paul Koudougou, jusque-là, l’on ne sait pas le nombre exact et le contexte dans lequel ces collections se sont retrouvées en France.

« La position du gouvernement burkinabè est vivement attendue d’autant plus que cette déclaration a été faite à Ouagadougou (…). En réalité, avant et depuis cette annonce, un travail de fond a été réalisé au sein des directions techniques du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme, en collaboration avec les chercheurs de l’université de Ouagadougou et de l’Institut national des sciences des sociétés à l’effet d’éclairer l’autorité », a expliqué le secrétaire général.

Dans cette dynamique, une communication orale a été introduite en conseil des ministres et les résultats des échanges qui s’en suivront vont davantage éclairer la position du gouvernement sur le processus de retour des biens culturels pour lequel un groupe d’experts sera bientôt commis à la réflexion sur les modalités d’ordre pratique.

De l’avis de Jean-Paul Koudougou, les conclusions du rapport des experts notent la nécessité de la mise en place et l’adoption d’un certain nombre de dispositifs règlementaires et organisationnels, tant au niveau de l’Hexagone que des pays africains. Et le Burkina a une longueur d’avance en ce sens puisque le pays dispose d’un arsenal d’instruments normatifs nationaux et internationaux comme la loi portant protection du patrimoine culturel au Burkina Faso.

D’ailleurs, cette question de rapatriement des œuvres n’est pas nouvelle pour le Burkina qui, en 2018, avait reçu près de 33 heures de documents sonores inédits collectés par des chercheurs français depuis les années 30 et détenus par le laboratoire d’ethnomusicologie du Musée de l’homme.

« Pour ce qui concerne le volet organisationnel, notre pays dispose de musées publics et privés, d’institutions d’enseignement et de recherche dotées de personnels très qualifiés et de la laboratoires d’investigation, d’analyse et de publication sur le patrimoine », a poursuivi le secrétaire général comme pour répondre à ceux qui s’inquiètent des conditions de conservation des œuvres une fois retournées à leur terre d’origine.

Selon Jean Célestin Ki, professeur d’histoire de l’art à l’université Ouaga1 Pr-Joseph-Ki-Zerbo, le rapatriement des 1 008 objets burkinabè recensés uniquement au musée du Quai-Branly ne sera pas une mince affaire. C’est un problème très complexe, avec beaucoup de ramifications et qui implique plusieurs ministères, pas seulement celui de la Culture. Il faut donc une volonté politique pour que cela se déroule le plus rapidement possible.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 novembre 2018 à 11:47, par Anicet En réponse à : Restitution du patrimoine culturel africain : En attendant le lancement du processus par le gouvernement burkinabè

    Il est tout de même absurde de demander au propriétaire d’une oeuvre de créer les conditions nécessaires afin que ces œuvres, déclarées œuvres d’art par le voleur mais qui sont des objets souvent sacrés pour nous reviennent sur leur terres d’origines. Si moi le propriétaire je décide de les détruire parce qu’un cycle est passé pour en créer d’autres, en quoi cela concerne-t-il la France ?

    Ces objets étaient-ils dans des salles climatisées avant leur pillage ? étaient-ils sous verre ? NON. ils étaient dans un environnement dévolue par l’usage qui en était fait. Je trouve nos autorités assez hypocrites quand eux-même entre dans le jeu de la France en parlant de conditions à créer pour recevoir ces objets cultuels ou décoratifs.
    Ces objets doivent être restitués tout simplement sans condition. Nous sommes libres d’en disposer comme nous l’entendons.

  • Le 30 novembre 2018 à 19:15, par Patrie En réponse à : Restitution du patrimoine culturel africain : En attendant le lancement du processus par le gouvernement burkinabè

    La France n’est-elle pas capable de nous restituer des contrefaçons de nos objets culturels ?

  • Le 30 novembre 2018 à 20:21, par Peuple En réponse à : Restitution du patrimoine culturel africain : En attendant le lancement du processus par le gouvernement burkinabè

    La France n’est-elle pas capable de nous restituer des contrefaçons de nos objets culturels ?

  • Le 1er décembre 2018 à 15:47, par Dibi En réponse à : Restitution du patrimoine culturel africain : En attendant le lancement du processus par le gouvernement burkinabè

    Cette question des restitutions dites complexes est pourtant bien simple : le voleur n’a pas à poser des conditions pour restituer un objet volé !
    En vérité, si le voleur pose des conditions, c’est parce qu’il reste encore le propriétaire ou s’estime toujours être le propriétaire légitime ou légal de l’objet volé qu’il restitue.
    Dans cette affaire, l’opinion africaine doit savoir ceci de la duplicité de l’attitude coloniale de la France qui se résume en un prêt-location. Les objets volés sont prêtés contre un loyer payé par l’Etat africain ; ce qui est un double vol. Un classique du pillage néocolonial que les gérants d’affaire au pouvoir dans les néocolonies de la zone Franc CFA sont incapables de refuser. C’est dire que la France considère que ces oeuvres d’art volées du fait colonial lui appartiennent toujours ; et qu’il est hors de question de les confier à gestion à des bandes d’hommes politiques pourris et sans conscience culturelle véritable. Des ignares et des incultes en sommes.
    C’est à partir de telles considérations et garanties que la France a consenti à restituer à la Corée du Sud, cette autre néocolonie occidentale, une partie de son patrimoine volé contre loyer.
    Dire la vérité est bon pour l’éveil des consciences !
    Na an lara, an sara !
    La patrie ou la mort !

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