Créée le 13 octobre 2018, l’Alliance police nationale (APN), des dires de ses premiers responsables, est née du climat sécuritaire délétère sur le plan national ; l’insécurité totale que vivent les policiers dans l’exercice de leur mission ; l’immixtion de l’administration dans la gestion du seul cadre de concertation des policiers (l’UNAPOL), ainsi que sa prise en otage ; la gestion chaotique et le pillage continuel des frais de mission des policiers… Bref, de la situation qui prévaut à la police nationale. Cette situation, les conférenciers l’ont abordée en deux temps. D’abord, par une interpellation du ministre de la Sécurité. Par la suite, en s’adressant au directeur général de la police nationale.

Secrétaire général du syndicat, Yitouro Somé

Interpellation du ministre de la Sécurité

Le secrétaire général du syndicat, Yitouro Somé, donnant les raisons qui ont concouru à la création de l’APN, a indexé le ministre de la Sécurité. « Monsieur le ministre, depuis votre arrivée au ministère de la Sécurité, avez-vous constaté que le moral des policiers n’a jamais été aussi bas ? », a-t-il lancé, avant de justifier sa question par « le manque criard de matériel adéquat et inadapté, qui cause de lourdes pertes en vies humaines dans les rangs des policiers et autres forces de sécurité ; les promesses non-tenues (acquisition de blindés et d’armes sophistiquées) afin d’accomplir efficacement les missions régaliennes ; les affectations arbitraires et vindicatives, par affinité et complaisance, et dont le ministre est le signataire… ». Après avoir dressé la situation, le secrétaire général et ses camarades disent s’interroger sur l’engagement du ministre dans le sens de la prospérité de l’institution policière.

Adresse au Directeur général (DG) de la police nationale

Dans son adresse au directeur général de la police nationale, le nouveau syndicat a fait savoir toute la déception qui l’anime face à la gestion du pouvoir par le premier responsable de l’institution. « Monsieur le DG, vous avez été un espoir pour la police nationale à votre arrivée à la tête de l’institution. Hélas ! C’est avec consternation que les policiers ont constaté votre gestion chaotique, calamiteuse, revancharde et mafieuse de la police nationale », a déclaré le premier responsable de l’APN.

Pour justifier sa déclaration, il a cité « l’aggravation des vieilles pratiques non-catholiques telles que la division, le manque de transparence dans la gestion du service payé, le pillage des frais de mission des éléments… ».

Un autre reproche fait au directeur général, c’est son ingérence dans la vie du syndicat UNAPOL qui, à en croire les membres du syndicat, a abouti à un clivage entre les policiers. « Vous avez contribué à assombrir l’espoir naissant de la police nationale », ont-ils avancé, pour finalement conclure : « Nous estimons que vous n’êtes plus l’homme de la situation ».

Pour ce qui est des risques d’affrontements entre l’APN et l’UNAPOL, le premier responsable du nouveau syndicat rassure : « Il n’y aura pas d’affrontements entre les policiers. Dans le fond, nous ne sommes pas là pour combattre l’UNAPOL en tant que structure, mais plutôt parce que ceux qui sont au-devant des choses ne répondent pas aux aspirations des policiers… Nous avons créé l’APN pour vraiment recadrer les policiers dans les luttes ».

Pour terminer, le syndicat a mis en garde contre toute tentative d’ingérence et de déstabilisation, lancé un appel à tous les policiers à l’union sacrée et à rester sur leurs gardes.

Le bureau national de l’APN est composé de onze membres, tous issus du grade d’Assistant de police. Ce qui n’exclut pas l’adhésion des autres grades, si l’on s’en tient au propos de son secrétaire général, Yitouro Somé. Les jours à venir, a informé le bureau national, les délégués régionaux et les points focaux dans les différents services seront installés.

Tambi Serge Pacôme Zongo
Lefaso.net