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Victimes de l’attaque du restaurant Aziz Istanbul : Les obsèques ont commencé

Publié le vendredi 18 août 2017 à 10h00min

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Victimes de l’attaque du restaurant Aziz Istanbul : Les obsèques ont commencé

Après le transfert des dépouilles des deux Koweitiens dans leur pays d’origine hier dans l’après-midi, le ministre en charge de la sécurité Simon Compaoré a procédé ce jeudi 17 août 2017 à la levée des corps gardés à la morgue du district sanitaire de Bogodogo en présence des familles des victimes.

Sept corps des victimes de l’attaque terroriste ont été levés ce 17 août à la morgue du district sanitaire de Bogodogo pour inhumation et ce, conformément à la volonté des parents. Il s’agit des dépouilles de Jibril Amamatu-Aweni, de Nana Kisba Awa Victorine, de Tapsoba Ismaël, de Zongo B. Isidore Nonga, de Kiékiéta Inoussa qui ont été conduites les unes aux cimetières de Sondogo et de Barogo, les autres aux cimetières de Gounghin et de Kamboinsin pour inhumation. La dépouille de Yaro Issouf, elle, a été inhumée mercredi 16 août.

Levée des corps de Bobo

Les corps de Tanou Ahamadou et de Diallo Abdoulaye ont été transférés à Bobo-Dioulasso où ils seront inhumés. En plus des deux dépouilles déjà transférées au Koweït (Fahad Alhousaini et Waleed Ahmad), celle de Diffalah Bilel sera également rapatriée en Algérie, vendredi à 22h, selon le programme des inhumations des victimes de l’attaque terroriste remis par le ministre de la communication. Le corps de madame Napon/Sangaré Mariétou sera levé vendredi 18 août et inhumé au cimetière de Gounghin.

Solidarité et compassion du gouvernement

Les ministres présents à la morgue

Une délégation gouvernementale conduite par le ministre d’Etat et de la Sécurité et la ministre de la solidarité nationale est venue témoigner le soutien du gouvernement aux familles des victimes en ces moments douloureux. « Le président du Faso, le Premier ministre ont demandé de renouveler à toutes les familles ici présentes toutes leurs compassions et celles de la nation toute entière pour ce qui vous est arrivé, pour ce qui nous est arrivé. Je souhaite qu’il plaise à Dieu que tous ceux qui sont tombés reposent en paix. Vous avez l’appui, le soutien et l’accompagnement des autorités de notre pays », a rassuré le ministre de la sécurité, Simon Compaoré.

Les familles ont tour à tour reçu les dépouilles de leurs victimes. Mais la douleur d’avoir perdu un être cher est toujours présente. Une douleur vécue doublement chez Tapsoba Arouna qui a perdu deux personnes dans cette attaque ignoble : Tapsoba Ismaël et Nana Kisba Awa Victorine. « Particulièrement, ce sont des sentiments très douloureux que nous vivons actuellement suite à ces évènements. On ne sait plus quoi dire. Le jour de l’attaque on devait tourner saluer les parents qui devaient aller à la Mecque. A zéro heure, comme ça on entend qu’ils étaient allés faire leur anniversaire et puis finalement la femme est restée là-bas et le petit c’est jusqu’au lendemain soir qu’on nous a fait savoir qu’il faisait partir des quatre non encore identifiés », a difficilement relaté monsieur Tapsoba toujours sous le choc.

Pour Yacouba Sanou, l’un des parents de la victime Tanou Ahamadou, c’est la volonté de Dieu, c’est le destin. Pour lui, la personne perdue dans la grande famille à Bobo est l’adjoint du grand Imam de Bobo. « C’est une de nos bibliothèques qui est partie ». Yacouba Sanou se souvient toujours des premières heures des faits : « Dans la nuit du dimanche au lundi, il se trouvait que j’accompagnais le grand Imam de Bobo qui prenait son vol pour Tunis. Donc c’est étant à l’aéroport qu’on a entendu des coups de feu. Et après l’enregistrement de l’imam, j’ai fait un tour là-bas pour voir ce qui se passait. Comme je fais partie du protocole d’Etat, il fallait que je me rende sur les lieux pour pouvoir donner des informations à mon patron.

Effectivement je suis allé rester là-bas jusqu’au petit matin jusqu’à ce que la gendarmerie ait pu tuer les deux djihadistes. Ils ont procédé maintenant à l’enlèvement des corps, j’étais là mais je ne savais pas que mon cousin y était. Dans l’après-midi on m’a appelé de Bobo qu’on n’arrive pas à joindre le cousin qui était avec ses amis arabes qui sont décédés dans l’attentat. Dans les vérifications, je me suis rendu à la gendarmerie et j’ai vu qu’il était parmi les victimes ». C’est ainsi que la famille a été tenue informée de la triste nouvelle et ne reverra que le corps sans vie de Tanou Ahamadou.

Tristesse et consternation au cimetière de Gounghin

Enterrement à Gounghin de Isidore Zongo

C’est au cimetière de Gounghin que certaines dépouilles ont été inhumées parmi lesquelles celle de Zongo B. Isidore Nonga qui a été conduite à sa dernière demeure en présence des parents, amis et connaissances. Pasteur, Isidore Zongo est née en 1962. Il avait donc 55 ans quand il a été arraché à l’affection des siens laissant dernière lui une famille inconsolable. Coordonnateur national de la Welt Hunger Hilfe en 2011, Isidore Zongo en est devenu le directeur pays depuis 2016. Ses collaborateurs présents à l’inhumation n’ont pas manqué d’éloges à son endroit.

Le représentant de la Welt Hunger Hilfe livrant son mot

Homme flexible, simple, engagé, dynamique, attentionné, à en croire le représentant de l’ONG allemande, son départ ne peut qu’être regrettable. « Ton souvenir restera toujours gravé dans les mémoires en tant que directeur pays hors pair qui nous a tous marqué par ces qualités. Nous n’accepterons pas que les circonstances tragiques de ton décès écrasent ta vision du développement ; et notre promesse est que nous la valoriserons, nous la porterons toujours », a déclaré le représentant de la Welt Hunger Hilfe devant la dépouille du disparu.

Le frère cadet du disparu se rappelle encore de leur dernière rencontre. « Nous nous sommes rencontrés les 3 et 4 août et une dizaine de jours après on apprend cette nouvelle. C’est le lundi que j’ai appris sa disparition. J’étais à Fada, on m’a appelé pour dire qu’avec l’attaque qui s’est produit dans la nuit du dimanche 13, il n’est pas rentré à la maison. Et le lendemain matin, il n’était pas au service où on le demandait. On s’est mis à le chercher et on a retrouvé son véhicule au lieu des tirs et lui-même on ne sait pas où il est allé ». Selon Zongo Eugène son nom ne figurait pas n’ont plus parmi la liste des blessés. « Déjà comme il ne figurait pas sur la liste des blessés toute la famille avait le cœur abattu. C’est après vers 16h, 17h qu’on nous a confirmé le drame dans une vidéo qui passait sur Facebook » a-t-il confié.

Fin de l’enterrement

La famille Zongo a salué l’engagement du gouvernement qu’elle dit avoir tout pris en charge (les frais de cercueils, le corbillard, la tombe) et mis la sécurité à la disposition des familles pour escorter les dépouilles. « Toutes les préoccupations des familles ont été satisfaites », a révélé le frère cadet de la victime avant d’inviter le gouvernement à mettre les dispositions nécessaires pour que pareille chose ne se reproduise plus parce que cela tend à être une répétition. « Deux fois c’est trop, et c’est suffisant », a-t-il martelé.

On le sait, ils sont au total 20 morts enregistrés (y compris les deux assaillants abattus par les forces de sécurité) après l’attaque terroriste qui a visé le café-restau Aziz Istanbul. Les autres corps seront levés les jours à venir. Le départ cruel de ces innocents est certes une vraie douleur pour les familles et une grande perte pour la nation et le souhait est qu’il soit également le début d’une nouvelle vie dans un autre monde que tous espèrent meilleur pour eux.

Maxime Jean-Eudes BAMBARA (Stagiaire)
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