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Enlèvement de Dr Elliot : Un collectif d’OSC dénonce une « Cacophonie » au sommet de l’Etat burkinabè

Publié le vendredi 13 janvier 2017 à 20h40min

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Enlèvement de Dr Elliot : Un collectif d’OSC dénonce une « Cacophonie » au sommet de l’Etat burkinabè

Le 15 janvier 2016, le couple australien résident à Djibo dans la province du Soum a été enlevé par un groupe affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Si son épouse a été libérée le 7 février 2016, jusqu’à ce jour, Dr Elliot, lui, est toujours otage. A soixante-douze heures de l’An I de ce rapt, une faîtière d’organisations de la société civile (OSC) à caractères local et national, réunies au sein du Collectif des OSC actives pour la « Commémoration de l’An I de l’enlèvement du couple Elliot » donne de la voix. Entre devoir de reconnaissances et interpellation des autorités burkinabè…, ce regroupement d’organisations a décidé de marquer cette page noire par plusieurs activités dévoilées au cours d’une conférence de presse ce jeudi, 12 janvier 2017 au Centre national de presse Norbert-Zongo à Ouagadougou.

C’est dans la nuit du 15 au 16 janvier 2016 que le couple australien, Kenneth Elliot et Jocelyn Elliot, a été enlevé à Djibo, province du Soum (Sahel burkinabè) près de la frontière du Mali. Dans cette localité, les octogénaires, Kenneth Elliot et Jocelyn Elliot, y ont construit dans les années 70, une clinique d’une capacité de 120 lits. « Composée de 6 salles dont 3 de chirurgie, une salle de soin, une salle de consultation et un laboratoire, la clinique est sur pied depuis 1974 selon l’Emir de Djibo.

Y travaillent 8 agents de santé recrutés et formés par Elliott lui-même sur la base du niveau CEP, BEPC et BAC. Sa femme Jocelyne âgée de 84 ans travaillait à ses côtés comme laborantin. La principale activité de la clinique est la pratique de la chirurgie et la prise en charge de quelques cas médicaux. La clinique reçoit aussi bien les nationaux que des étrangers », rapportait le Bimensuel burkinabè L’Evènement dans sa parution de fin février 2016 sous le titre évocateur : « A Djibo nous sommes plus reconnaissants à Elliott qu’au gouvernement ».

Un extrait qui pourrait bien camper les conséquences de l’enlèvement du couple (dont l’époux, Dr Elliot, est naturalisé Burkinabè depuis le 23 novembre 2016) sur les populations de la localité et environnantes et sur lesquelles, ont tablé les premiers responsables du Collectif des OSC actives pour la Commémoration de l’An I de l’enlèvement du couple Elliot.

Il s’est agi également pour le Collectif de lancer un appel aux autorités sur l’urgence à œuvrer pour que la localité (le Burkina en général) recouvre la quiétude (référence faite à la multiplication des attaques).

« Pour qui connaît les vies humaines sauvées grâce aux précieux soins de ces humanitaires, pour qui s’imagine que des hommes et des femmes ont perdu la vie et en perdront aussi longtemps que Dr Kenneth sera entre les mains de ses ravisseurs, ne peut rester indifférent face à cette hécatombe que cette absence suscite », déclare le principal intervenant à la conférence, président du Comité d’organisation, Ismaël Traoré qui illustre qu’à l’enlèvement du couple, une soixantaine de personnes étaient en attente d’intervention chirurgicale.

‘’…aucun appui psychosocial aux malades internés de la part du gouvernement’’

Selon les conférenciers, l’enlèvement du couple Elliot a aussi sapé l’espoir d’une vingtaine de personnes aujourd’hui en chômage technique. « Les employés vivent le martyre de l’oisiveté du fait qu’ils n’exercent plus depuis l’enlèvement du couple. (…). L’Etat est, faut-il le rappeler, resté muet et insensible au sort des employés en dehors de la visite sur les lieux que les émissaires du gouvernement ont effectuée dès les premiers jours de l’enlèvement et la visite de circonstance du Premier ministre lors de la cérémonie de lancement de la gratuité des soins en avril 2016 », déplorent les responsables du Collectif pour la « Commémoration de l’An I de l’enlèvement du couple Elliot ». Ils soutiennent que : « Aussi, en dehors de l’appui du district sanitaire de Djibo qui se résumait en moustiquaires, aucun appui psychosocial n’a été apporté aux malades internés de la part du gouvernement ».

A ce jour, si l’on peut se réjouir de la libération de l’épouse, Jocelyn Elliot, le Collectif dénonce le « mutisme » des autorités sur la situation de Dr Elliot, notamment sur sa localisation. Aussi, les organisateurs disent constater une « cacophonie au sommet de l’Etat » avec les versions qui diffèrent selon les propos du ministre de la sécurité, celui de la santé et la déclaration du Président du Faso à ce sujet. Ils invitent donc les autorités à redoubler d’effort pour que l’otage soit libéré.

Selon Ismaël Traoré, le poids de l’enlèvement du couple Elliot se ressent donc à plusieurs niveaux de la vie de la localité, notamment au plan sanitaire. « Les gens avaient tellement confiance en ses interventions… et il faisait du social », relève-t-il.
Outre la situation socioprofessionnelle peu reluisante du personnel, l’angoisse des populations au plan sanitaire, le Collectif des OSC actives pour la Commémoration de l’An I de l’enlèvement du couple Elliot interpelle les autorités sur l’urgence à trouver des solutions pour minimiser la répétition des attaques, particulièrement dans cette partie du pays.

Les organisateurs décrivent également la morosité économique qui a gagné la zone depuis l’enlèvement et les attaques terroristes à répétition. Pour Ismaël Traoré et ses camarades, il faut des solutions pour rassurer les populations et relancer l’économie (Djibo abriterait l’un des plus grands marchés de bétails du pays) ; « c’est une question de survie pour localité ».

Newton Ahmed Barry et le Colonel Jean-Pierre Bayala attendus !

« L’objectif général à travers l’organisation de ces activités est d’opposer un non face aux actes terroristes et d’extrémisme violent, le refus de l’oubli et de la fatalité », justifient les organisateurs pour qui, il s’agit également, de façon spécifique, de susciter la mobilisation locale, nationale et internationale, pour la libération de Dr Elliot.

Ainsi, les activités commémoratives s’étaleront sur 72 heures à compter de ce vendredi, 13 janvier avec des veillées de prières dans les lieux de cultes, une journée de salubrité dans l’enceinte de la clinique, des matchs de football et de volleyball (entre Forces de défense et de sécurité, pour promouvoir la collaboration entre ces deux entités en faveur de la lutte contre l’insécurité). Il est aussi prévu une marche-meeting suivie d’une remise de déclaration aux autorités, des jeux de société (pour magnifier les loisirs de l’otage) et un panel sur le thème général : « Le Sahel burkinabè à l’épreuve du terrorisme, le radicalisme et de l’extrémisme violent : quelles perspectives ? ». Ce panel sera animé par Newton Ahmed Barry ex-rédacteur en chef du Bimensuel L’Evènement et actuel président de la Commission électorale nationale indépendante ; et le Colonel de gendarmerie à la retraite, expert en maintien de la paix, Jean-Pierre Bayala.

Les organisateurs demandent, à chaque personne à son niveau, un instant de prières pour que l’otage recouvre sa liberté.
Dans sa dynamique, le Collectif projette, les jours à venir, le déplacement d’une délégation en Australie pour témoigner la solidarité des populations de la localité à la grande famille du couple Elliot.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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