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Promouvoir l’e-administration au Burkina

Publié le mercredi 28 septembre 2016 à 23h57min

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Promouvoir l’e-administration au Burkina

Les autorités burkinabè ont maintes fois claironné leurs intentions de faire de l’e-administration une réalité sous nos latitudes. Mais comme un gouvernement est jugé par ses résultats et non par ses discours encore moins ses intentions, jetons un coup d’œil sur le terrain pour voir où nous en sommes avec la e-administration au pays des Hommes intègres.

D’abord, l’e-administration ou administration électronique consiste en l’utilisation des Technologies de l’information et de la communication (TIC) au sein des services de l’Etat. D’un côté, les pouvoirs publics sont à féliciter au regard des efforts déployés jusque-là pour faire de la e-administration une réalité au Burkina : dès 1997 est créée par décret la Délégation Générale à l’Informatique DELGI, une institution qui aide à la décision, à l’exécution et au contrôle de la politique informatique de l’Etat.

Concrètement parlant, la DELGI a procédé à l’installation du réseau administratif appelé RESINA (Réseau Informatique National de l’Administration), lequel est fonctionnel à Ouagadougou depuis 2006 (source : ANPTIC) et dans quelques villes telles que Gaoua, Manga, Tougan comme le précisait Dr Nébila Amadou YARO, ancien ministre de l’économie numérique et des postes dans une interview accordée à Lefaso.net le 28 Décembre 2015.

Ce réseau permet aux agents ou services de l’Etat de se connecter gratuitement à l’Internet depuis leur lieu de travail ou leur domicile en plus d’interconnecter différents ministères et services étatiques pour une mutualisation des ressources informationnelles et un échange sécurisé de données.

Au titre des institutions devant permettre de tendre de plus en plus vers la e-administration figure aussi l’ANPTIC (Agence Nationale de Promotion des TIC) qui a partiellement pour mission l’opérationnalisation de la stratégie du gouvernement en matière d’administration électronique. Le fruit du travail abattu par les deux structures ci-dessus mentionnées ainsi que les autres structures du même genre est visible : les ministères et institutions républicaines ont des sites web ; on peut télécharger en ligne des documents importants tels que la constitution du Burkina, le PNDES (Programme National de Développement Economique et Social) pour ne citer que ceux-là ; Le SIGASPE (Système Informatisé de Gestion Administrative et Salariale du Personnel de l’Etat) a été installé et opérationnalisé (source : SCADD 2011-2015 à la page 23) .

D’un autre côté, force est de reconnaître que des efforts restent à faire. En effet, au moment où j’écris cet article, seulement une quinzaine d’ambassades burkinabè à l’étranger possèdent des sites web sur la trentaine que compte le pays. Pour un pays qui veut s’affirmer dans le concert des nations, il va sans dire que des mesures doivent être prises au plus vite. Si certaines institutions n’ont pas de sites web, d’autres se retrouvent par contre avec des sites presque jamais actualisés. L’exemple le plus éloquent ici est le site web du CIOSPB (Centre de l’Information, de l’Orientation Scolaire et Professionnelle et des Bourses). En y accédant, on n’y voit que des informations datant de 2014.

En outre, la faible informatisation de l’administration ralentit la progression des travaux de certains étudiants qui frappent aux portes d’institutions étatiques pour des recherches entrant dans le cadre de leurs mémoires. Il y a quelques semaines j’écoutais un étudiant de l’université Joseph Ki-Zerbo se plaindre à ce sujet. Si les documents étaient numérisés, l’archivage se ferait plus simplement de sorte que dans de pareilles situations, les étudiants retrouvent facilement au sein des administrations, n’importe quel document dont ils ont besoin.

Enfin, Si notre administration était plus informatisée, les documents numérisés et stockés dans des serveurs, les papiers administratifs qui sont partis en fumée lorsque la colère du peuple insurgé est tombée sur certains bâtiments administratifs (l’Assemblée Nationale à Ouagadougou et la mairie centrale de Bobo-Dioulasso) auraient pu être sauvegardés.

Par le présent article, je viens interpeller les pouvoirs publics sur l’impérieuse nécessité de promouvoir l’e-administration. En ayant une volonté ferme et en multipliant les efforts, le défi peut être relevé. Un pays qui désire s’inscrire dans le rang des nations émergentes doit véritablement se doter d’une administration efficace. Et justement, les TIC sont un élément très important qui participe pleinement à l’efficacité et l’efficience de l’administration ou de toute autre entité. Aussi bien l’Etat que les citoyens ont à y gagner car d’une part l’information circulera de façon fluide entraînant indéniablement un gain de temps et d’argent pour l’Etat ; d’autre part la vie des usagers s’en trouvera facilitée car ils n’auront plus besoin d’aller de guichets en guichets-souvent à cause d’un seul papier- ou de faire la queue pendant des heures devant une administration.

Il faudra l’inscrire dans les priorités du gouvernement -même s’il y a déjà beaucoup de priorités-sans quoi, aucune amélioration significative ne sera enregistrée. L’action des structures telles que la DELGI et l’ANPTIC doit être renforcée ; le ministère de l’économie numérique et des postes doit davantage œuvrer dans le processus d’informatisation du système administratif.

Au demeurant, il est clair que l’e-administration restera embryonnaire sans une extension de la couverture internet, une amélioration de la qualité de la connexion, la garantie de confidentialité et de sécurité des données sensibles ainsi que la formation des populations en matière d’utilisation des TIC. Mais appliquer les solutions déjà préconisées ici serait, à n’en point douter, un grand pas vers une administration plus moderne, répondant mieux aux attentes des usagers.

Alfred Bewindin SAWADOGO, sa_alfred@rocketmail.com
Etudiant en 5e année d’ingéniorat en Télécommunications & TIC à l’INTTIC (Algérie)
Conférencier sur les questions de développement du Burkina Faso

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Vos commentaires

  • Le 29 septembre 2016 à 15:18, par Justus En réponse à : Promouvoir l’e-administration au Burkina

    tu sortiras maitre en informatique alors Mrs SAWADOGOS

  • Le 29 septembre 2016 à 15:29, par Naboho Lassina En réponse à : Promouvoir l’e-administration au Burkina

    Je valide vos observations et votre ouverture d esprit ,sur le monde de l informatique.
    De nos jours ,c est un impératif , d aller à l informatisation , sans cela notre développement
    sera compromis.Merci

  • Le 29 septembre 2016 à 16:11, par DV En réponse à : Promouvoir l’e-administration au Burkina

    J’ai une crainte avec l’e-administration : comment être à l’abri de des hackers et autres pirates informatiques ? le risque que nos données sensibles ou confidentielles se retrouvent à l’autre bout du monde est grand. En tout cas lors du forum sur la protection des données personnelles organisé par la CIL à Ouagadougou les 20 et 21 sept dernier, un expert du domaine a félicité le Gouvernement burkinabè d’avoir vite fait d’abandonner son projet de "e-conseil des ministres" qu’il a qualifié de suicide . Alors....?

    • Le 1er octobre 2017 à 15:05, par Georges D En réponse à : Promouvoir l’e-administration au Burkina

      Connais tu un système qu’on attaque pas ? n’y a t-il pas des cambrioleurs qui attaquent des maison ? connais tu un système sans faille ? l’homme en premier est la première faille des systèmes de tout type.
      Si les données sensibles sont à l’autre bout du monde, cela à quoi à voir avec un risque de sécurité faible ? Tu sites en exemple l’avis d’un expert...penses tu que ça suffit pour prendre un exemple en argument ?
      Je suis personnellement expert en système d’informations, et il existe une multitudes de techniques pour sécuriser des données :cryptages à tous les niveaux (front, back, base de données, fichiers, etc), utilisation de certificats, VPN pour certains accès, plusieurs niveaux d’accès, avec des traces de chaque action, etc
      En terme de sécurité, il vaut mieux ça (à mon avis) que de garder dans des armoires des dossiers sensibles....
      aussi, pour suivre ton raisonnement, que dirait tu si je disais :
      - vu qu’il y a des coupeurs de routes, il vaut mieux ne pas rouler en voiture....
      - l’avion c’est dangereux, il vaut mieux avancer à dos de chameaux....
      - ya des cambrioleurs et voleurs, il vaut mieux ne plus dormir....
      Alors ...?

  • Le 3 octobre 2016 à 10:09, par Martin En réponse à : Promouvoir l’e-administration au Burkina

    Merci pour cette pertinente analyse et vos propositions ! J’apprécie cette démarche de la critique constructive ! Continuez ainsi...Merci !

  • Le 1er octobre 2017 à 13:25, par Sadou En réponse à : Promouvoir l’e-administration au Burkina

    Très bon point de vue. Le Burkina a de grands pas à enjamber pour s’inscrire dans la nouvelle mais salvatrice dynamique du numérique, d’où cette interpellation à laquelle je joins ma voix. Une couverture nationale et une sécurisation des données précieuses s’imposent donc. Vivement que le gouvernement mais aussi le contribuable y travaillent !

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