Simon Compaoré, « Président national des Koglwéogo » en tournée
Après Boulsa le 25 avril 2016, le ministre en charge de la sécurité, Simon Compaoré a poursuivi sa tournée d’échange direct et de sensibilisation des Koglwéogo. Et c’est Zorgho, le plateau-central qui a accueilli la délégation ministérielle, pour cette deuxième étape.
Tout comme à Boulsa, c’est un langage de vérité qui a été tenu par le ministre, Simon Compaoré à cette deuxième étape de sa tournée. Et c’est après un aparté avec les personnes ressources de la localité, que le ministre s’est adressé aux Koglwéogo de Zorgho et des localités environnantes.
Tout comme à Boulsa, le ministre a loué la contribution des Koglwéogo à la lutte contre l’insécurité et le grand banditisme. Pour lui, les Koglwéogo sont une création qui date des années 2006-2009 et dont les premiers, se sont signalés dans le Yatenga. Il a rappelé qu’il s’agit d’initiatives locales de sécurité, face à la détresse des populations et en réaction à la situation sécuritaire du pays. Il a cité des exemples d’arrestations de grands délinquants dont les Koglwéogo en sont les auteurs.
Le ministre a rappelé qu’il existe d’ailleurs d’autres structures de lutte contre l’insécurité telles les « Dozos » et « Benkadi ». Il n’était pas question pour le gouvernement de supprimer les Koglwéogo, comme le voulaient certaines personnes notamment, des bureaucrates assis à Ouagadougou et loin des réalités que vivent les populations rurales, a fait savoir le ministre.
Cependant, il s’est aussi élevé contre les débordements et les dérapages de certains membres de la confrérie des Koglwéogo. Le Burkina Faso étant un État de droit, avec des lois, le ministre a invité les Koglwéogo au respect de ces lois, notamment le respect de la personne humaine et de la vie. Aussi, Simon Compaoré a pu crier « Vive les Koglwéogo qui respectent la loi, vive les Koglwéogo qui sont avec le peuple ».
Le ministre a également invité les Koglwéogo à respecter l’autorité étatique. En guise de conseils, il a souhaité que ces derniers se fassent délivrer des récépissés de reconnaissance légale et des documents d’achat d’arme ou/et de port d’arme. De même, il les a invités à d’avantage de discrétion dans leurs différents déplacements. Car, les populations sont effrayées de voir des troupes de Koglwéogo, traverser de long en large des localités avec des armes qu’ils exhibent.
Les responsables des Koglwéogo de la localité, Seydou Bikienga et Rasmané Simporé ont également dit leur part de vérité au ministre et aux autorités locales dont le gouverneur et le haut-commissaire.
Ils ont dénoncé des complicités entre bandits et forces de défense et de sécurité dont des gendarmes. Ils ont effectivement cité des exemples dans lesquels des gendarmes étaient impliqués dans des actes de banditisme et qu’eux les Koglwéogo ont pu arrêter. Des bandits arrêtés et remis aux forces de l’ordre se retrouvent très vite en liberté narguant les populations. Le cas de la gendarmerie de Fada N’gourma a été signalé au ministre. Des délinquants ont-ils dit se retrouvent « libérés ou évadés ».
Quant aux sévices corporels et autres brimades infligés aux personnes, les Koglwéogo semblent camper sur leur position. Pour eux, ils ne prennent pas plaisir à maltraiter les gens. Mais il s’agit plutôt d’un passage obligé. C’est la même chose lorsqu’ils promènent les délinquants en public et à moitié nue, ont fait savoir les Koglwéogo. Car selon eux, la honte publique amène les délinquants à s’assagir.
Ils semblent aussi ne pas vouloir abandonner les amendes. , c’est cela qui leur permet d’avoir le carburant pour effectuer les missions, ont-ils fait savoir. Ils ont d’ailleurs souhaité l’appui de l’État en moyens financiers et en prise en charge du carburant. Cela, ont-ils avancé permettra qu’ils puissent se déplacer plus aisément et remettre assez vite, les personnes arrêtées aux forces régulières de sécurité.
Simon, « président de l’association nationale des Koglwéogo ».
De « chef suprême des Koglwéogo », nom donné à Simon Compaoré par le président de l’Assemblée nationale Salif Diallo, Simon a reçu un autre surnom. Et cette fois, c’est le représentant des Koglwéogo de Zorgho qui le lui a donné. Il est aussi ou dorénavant (c’est selon) « Le président de l’association nationale des Koglwéogo ». Il a même été coiffé d’un chapeau et a reçu une canne pour jouir pleinement de ces nouveaux attributs.
C’est donc en sa nouvelle qualité, que le président national des Koglwéogo à fait la synthèse des échanges et fixé le nouveau cap à suivre par les Koglwéogo. Simon Compaoré a réitéré la nécessité pour les Koglwéogo de respecter les lois de la République. Il les a invité par ailleurs, à travailler en parfaite collaboration avec les forces régulières de défense et de sécurité. Il a promis la reconnaissance des autorités aux Koglwéogo qui vont s’illustrer positivement. Ces derniers pourront être décorés par la Nation, en signe de reconnaissance pour les services rendus.
De même, il a évoqué la mise en place de cadre de concertation trimestriel ou annuel entre forces de sécurité et Koglwéogo.
Après l’élection des maires, les Koglwéogo seront organisés en coordination au niveau décentralisé et rattaché au ressort territorial de leur commune, a fait savoir le ministre.
Tout comme à Boulsa, le ministre a fait s’est indigné de certaines pratiques des Koglwéogo. « Il est inadmissible d’attacher des gens comme des chèvres, les suspendre et les torturer parfois jusqu’à ce que mort s’en suive. En cas de problème, l’État dans ce cas ne pourra pas fermer les yeux et les auteurs devront répondre de leurs actes » foi du ministre.
Il tenu à dire ses vérités aux Koglwéogo, même s’il les a aussi souvent caressé dans le sens des poils. En tout état de cause, Autorités et Koglwéogo se sont dit leur quatre vérités à ces deux étapes de Boulsa et de Zorgho.
Reste à savoir si le message de l’autorité va passer et que certains Koglwéogo, qui ne s’accommodent point des droits de l’homme, et du respect de l’intégrité physique vont entendre raison. Mais en attendant les jours prochains pour se faire une idée, de la réceptivité du message de Simon Compaoré, les échanges ont révélé que la question des amendes et du châtiment corporel, sont des points sur lesquels les positions de l’autorité et des Koglwéogo trouvent difficilement consensus.
Angelin Dabiré
Lefaso.net