Assises criminelles : Accusé de ‘’corruption passive’’, Guiro plaide non coupable
L’ancien directeur général des douanes, Ousmane Guiro, a comparu ce jeudi 18 juin 2015, à l’audience de la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouagadougou. Une audience intervenant dans le cadre des assises criminelles débutées le 15 juin dernier. A la barre, M. Guiro a plaidé « non coupable » au chef d’accusation de ‘’corruption passive’’, et a indiqué ne pas reconnaître l’infraction ‘’d’enrichissement illicite’’ également mise à sa charge.
C’est le premier président de la Cour d’appel, Jean Emile Somda, qui préside le jury criminel devant juger Ousmane Guiro. Un jury composé, en plus du président, de deux magistrats professionnels et de quatre jurés (non-magistrats). C’est devant ce jury que M. Guiro devra répondre de trois chefs d’accusation. Et trois jours ont été prévus à cet effet.
A ce premier jour, 18 juin 20015, l’ex-DG des douanes a effectivement comparu. Il a suivi religieusement la décision par laquelle le parquet a demandé à la chambre criminelle de le juger. Pour le parquet en effet, Ousmane Guiro a commis les infractions de ‘’corruption passive’’, ‘’ d’enrichissement illicite’’, et de ‘’ détention illégale de devises étrangères’’. Des infractions qui auraient été commises entre 2007 et 2011, période durant laquelle M. Guiro était DG des douanes. Des infractions établies, selon le parquet, au regard d’une somme (en FCFA et en devises étrangères) de plus de 1 900 000 000 FCFA appartenant à l’accusé et découverte chez son neveu. Une somme que l’inspecteur des douanes de depuis 1983 ne peut réunir sur la base de son salaire et de tous ses avantages réunis, sur toute la durée de sa carrière professionnelle.
Invité par le jury criminel à répondre à l’accusation de ‘’corruption passive’’, Ousmane Guiro dira : « Je plaide non coupable ». S’il reconnaît, comme l’a relevé le procureur général Laurent Poda, que cette somme est essentiellement constituée de dons, il jure n’avoir jamais reçu un centime contre un service rendu. Cette somme est également constituée, selon lui, de millions (quinze à vingt millions par mois, dans sa déclaration faite devant le juge d’instruction) que lui envoyait chaque directeur régional des douanes. Des chefs de services, des commerçants, des transitaires, eux-aussi envoyaient des sommes de l’ordre du million, a laissé entendre M. Guiro plus que décomplexé.
Une légèreté qui a choqué le procureur général
Des questions lui ont été posées pour davantage comprendre comment il a pu accumuler toute cette somme d’argent qu’il a gardée à domicile. Une batterie de questions émanant aussi bien du parquet que de l’agence judiciaire du trésor. M. Guiro a tenté d’y répondre. Et c’est là que le procureur général a fini par marteler : « la légèreté avec laquelle il répond aux questions, moi me choque ». Mais à ce dernier, la défense (collectif d’avocats) a rappelé qu’il lui appartenait de prouver que l’accusé a effectivement commis l’infraction de ‘’corruption passive’’, et non de vouloir que celui-ci démontre qu’il ne l’a pas commise.
Le débat juridique montait ainsi d’un cran. Le président du jury ayant pu faire rayonner la police des débats, M. Guiro est ensuite invité à se prononcer sur l’accusation ‘’d’enrichissement illicite’’. Une infraction caractérisée surtout par l’usage combiné du titre de DG des douanes, des moyens matériels et du personnel de l’Etat, pour s’enrichir. « Je ne reconnais pas », a commencé par plaider Ousmane Guiro. Une série de questions s’en est suivie. Puis à la barre, les témoins dont Genviève Sanou, chef du service financier et matériel à la direction générale des douanes, Adama Sawadogo, l’actuel DG des douanes, et bien d’autres. C’est un procès qui reprendra demain 19 juin, avant son dénouement le 20 juin prochain.
Fulbert Paré
Lefaso.net