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La présidente du CSC à propos de la Suspension des émissions d’expression directe : « C’est une décision difficile, mais responsable dans ce contexte »

Publié le samedi 9 mai 2015 à 23h17min

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La présidente du CSC à propos de la Suspension des émissions d’expression directe : « C’est une décision difficile, mais responsable dans ce contexte »

Séance d’explication après coup. La présidente du Conseil supérieur de la communication a rencontré les promoteurs de medias audiovisuels pour expliquer les raisons de la suspension des émissions d’expression directe. C’était ce samedi 9 mai au siège de l’institution de régulation à Ouagadougou.

Citant Montesquieu, la présidente dira que la liberté absolue corrompt absolument. Elle rempilera avec Jean Jacques Rousseau. La liberté, c’est de dire ce qui ne nuit pas à l’autre. Et c’est ce que le Conseil supérieur de la communication pense avoir fait « humblement » et selon les prérogatives que lui donne la loi. La suspension des émissions n’a pas été décidée de bon cœur, foi de Nathalie Somé.
Après l’insurrection populaire, elle dit avoir fait le tour des medias. Des informations collectées, il en a résulté deux remarques.
D’abord, techniquement, toutes les radios ne sont pas outillées pour conduire une émission interactive. La décision de 2003 prise par le CSC, fait obligation à toutes les radios d’identifier l’intervenant au bout du fil. Ce n’est pas le cas. Ensuite, le CSC a constaté que « la plupart de ceux qui animent ces émissions n’étaient pas outillés. Ils n’avaient pas la formation requise et la technicité pour recadrer les émissions à certains moments ».
Forte de ces constats, l’institution de régulation a initié des formations à Ouaga, à Bobo et sur l’ensemble du territoire à l’endroit des journalistes et des animateurs, au-delà même des animateurs des émissions interactives. « Nous avons fait le point et nous nous sommes rendus compte que ce n’était pas suffisant ». Alors des conférences publiques sur l’ensemble du territoire sur le thème « Transition au Burkina Faso : Media et renforcement de la cohésion sociale », ont été animées.
Après toutes ces initiatives, la présidente du CSC dit avoir constaté « qu’il y a toujours des dérapages ». Alors au regard des prérogatives que lui offre la loi, le CSC a donc tapé du poing sur la table, mettant ainsi fin à toutes les émissions d’expression directe sur les radiodiffusions sonores et télévisuelles à l’exception des programmes portant sur la santé, et à ceux à caractère ludique, sentimental et culturel. Sur toute l’étendue du territoire, pour trois mois. « C’est une décision difficile, mais responsable dans ce contexte » estime Nathalie Somé qui ajoute par ailleurs qu’en prenant cette mesure préventive, le CSC savait qu’elle n’épouserait pas l’adhésion de tous. Mais il fallait « marquer une halte, ne ce reste qu’au niveau des émissions interactives qui posent énormément de soucis, pour qu’ensemble, nous puissions examiner les conditions objectives et même subjectives de la reprise de ces émissions ».

Des promoteurs contre une sanction collective

Nathalie Somé a ainsi indiqué que cette décision ne devrait pas être perçue comme une sanction, mais plutôt comme mesure préventive. « Mesure préventive ou sanction, le fonds reste le même », se désole Alpha Barry, promoteur de radio oméga. Pour lui, « c’est une mesure excessive, disproportionnée, qui consacre le recul de l’expression directe au Burkina ». Comme beaucoup, il a proposé que le CSC revienne sur sa décision, tout en s’engageant à éduquer davantage les médias ou les journalistes qui animent ces émissions et les promoteurs en retour s’engageront à plus de responsabilité et à plus d’éducation au sein des rédactions. « Nous faisons confiance à la sagesse de la présidente et de son collège pour prendre cette décision pour qu’il y ait consensus autour de cette affaire devenue nationale », a-t-il poursuivi.

Les promoteurs ont surtout déploré le caractère inclusif de la décision. Il fallait ressortir les dérives constatées, les radios ou télévisons qui ont enfreint la loi à la matière, et les sanctionner. « Nous ne pouvons pas accepter que le CSC publie une décision montrant que l’ensemble des radios ne sont pas professionnelle et font l’objet de beaucoup de dérapages et de manquements sur leurs antennes… mettre tout le monde dans le même panier, c’est jeter l’opprobre sur la profession, notamment les animateurs de ce type d’émission » a dit l’un d’entre eux.
Pour les promoteurs donc, la décision ne devrait pas être appliquée à toutes les radios dans la mesure où le CSC a parlé de correspondances et de rappels à l’ordre envoyés à certaines radios. « Ce qui veut dire, il y a des radios qui ont été clairement identifiées comme ayant commis des dérapages. On ne comprend pas pourquoi ces radios n’ont pas été sanctionnées. On ne comprend pas pourquoi cette décision tombe à un moment où nous recevons les félicitations du CSC ».

Y aurait-il des non-dits dans cette suspension ?

Des incompréhensions subsistent dans cette décision « soudaine » de l’instance de régulation, alors que le 28 avril, à l’occasion du renouvellement des contrats avec les promoteurs, beaucoup avaient reçu les félicitations du CSC pour le professionnalisme dont ils font montre. « Pourquoi maintenant et aussi précipitamment ? Les émissions existent depuis toujours, pourquoi aujourd’hui elles deviennent si sensibles au point qu’on les suspende ? » Se sont interrogés certains promoteurs.

Pour le président du l’Union Nationale de l’Audiovisuel Libre du Faso(UNALFA), Charlemagne Abissi, le CSC doit dire les vraies raisons de la suspension. Rémi Dandjinou et Alpha Barry iront dans le même sens que le président de l’UNALFA en demandant à Nathalie Somé de dire ce qui s’est véritablement passé entre le 28 avril et le 7 mai pour qu’on en arrive à cette décision extrême. « Il a du se passer quelque chose » ont-ils indiqué. Ils n’auront finalement pas de réponse.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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