Football : Alain Sibiri Traoré confiant et optimiste
A la seule évocation du nom d’ Alain Sibiri Traoré, chaque observateur du football burkinabè se rappelle la CAN 2013 en Afrique du Sud. Le sociétaire burkinabé de Lorient y a, certes, marqué le monde par ses buts, mais aussi par sa blessure au cours du 3e match de poule contre la Zambie à la 8e minute. Cette blessure le privera du reste, de la finale que les Etalons ont disputée à Johannesburg. Il retrouve par la suite le terrain, mais depuis le 19 avril 2013, une autre blessure avec son club avait précipitamment mis fin à sa saison en Ligue 1 française. On ne le reverra donc plus avec les Etalons au cours des batailles des éliminatoires de la Coupe du monde 2014. Le jeune talent ronge donc ses freins et piaffe d’impatience à l’idée de retrouver sa sélection et son public. Il garde toutefois courage et espoir en attendant de reprendre la place qui est la sienne à Lorient et chez les Etalons.
Que devient donc Alain depuis sa blessure du 19 avril 2013 ?
Alain Sibiri Traoré :
Je continue tranquillement ma rééducation. Je prends mon temps et je compte reprendre contact avec le terrain à l’occasion de la 3e journée du championnat (ndlr, le week-end du 24 au 25 août 2013).
On a effectivement remarqué que tu n’as pas été disponible pour la première journée avec ton club, Lorient, le 10 août dernier. Un match que ton équipe a du reste perdu à Lille 0-1. Alain n’est-il pas vraiment prêt ?
Pas encore ! J’ai accumulé beaucoup de blessures et je dois bien me soigner pour aborder la saison avec beaucoup de quiétude.
Certains clubs qui t’avaient dans leur viseur n’ont-ils pas ajourné leurs propositions après ta blessure ? On apprend même que ton club a refusé une offre du club russe du Kuban Krosnador (là où joue ton compatriote et coéquipier Charles Kaboré) qui doit disputer la Ligue Europa la saison prochaine. Alain reste-t-il donc à Lorient jusqu’en 2016 ?
J’essaie de faire le vide autour de moi par rapport aux transferts. Le plus important pour moi aujourd’hui, c’est de retrouver la compétition. Pour les transferts, on verra plus tard.
Même les 10 millions d’euros, soit environ 6,5 milliards de francs CFA , proposés par les Russes, ne vous ont-ils pas enchantés, ton club et toi ?
(Rires prolongés). Ça fait plaisir de savoir qu’il y a des clubs qui s’intéressent à moi. C’est une bonne chose. Ce qui veut dire que même avec les soucis de blessure, on pense toujours à moi. C’est pourquoi je dois redoubler d’effort, retrouver la compétition, continuer à aller vers l’avant et faire une grosse saison. Peut-être que j’aurai toujours de bonnes propositions. Comme je l’ai dis, ma préoccupation actuelle est de bien me soigner pour espérer faire une bonne saison.
Alain a certainement eu des regrets de n’avoir pas pu être des derniers combats des Etalons qui sont sur la route de la qualification pour le dernier tour des éliminatoires de la Coupe du monde. Comment as-tu vécu de loin les performances de tes camarades ?
Il y a forcément des regrets de n’avoir pas été de ce combat. Je regarde mes camarades jouer. Je les connais depuis longtemps et je les félicite d’avoir pu engranger tous ces résultats. Je suis de cœur avec eux. Je pense que bientôt je serai parmi eux pour les batailles futures.
Justement, les Etalons peuvent-ils espérer t’avoir parmi eux pour le dernier match contre les Panthères du Gabon, le 7 septembre prochain ?
C’est tout mon vœu. Cela dépendra de ma santé, de ce que je vais montrer en championnat avant cette date. Tout dépendra de ma forme. Si je ne suis pas bien, je ne prendrai pas le risque de venir en sélection tout en sachant que je ne pourrai pas apporter grand-chose à mon équipe.
…Même avec cette envie de retrouver ton public burkinabè ?
En tout cas, depuis longtemps, je rêve de retrouver ce public du stade du 4-Août de Ouagadougou. Avec son soutien, j’ai souvent marqué des buts et faire gagner mon équipe. J’espère seulement être dans ma bonne forme pour le retrouver en septembre.
A la CAN 2010, Alain a été déclaré forfait. Il aborde la CAN 2012 sans sa forme parce que blessé. A la CAN 2013, il est incertain. Finalement, on le jette sur le terrain à la 65e minute au cours du premier match des Etalons, contre le Nigeria qui menait au score. Le convalescent délivre le Burkina par un but égalisateur dans les arrêts de jeu (94e). Il débute le deuxième match contre l’Ethiopie et signe son doublé aux 34e et 74e minutes. Troisième match, contre la Zambie le 22 janvier, Alain ne passera que 8 minutes sur la pelouse avant d’être transporté hors du terrain sur civière. C’est la fin de sa CAN parce que blessé une fois de plus. Soigné pendant quelques mois, il retrouve son club et patati. Il contracte une autre blessure le 19 avril qui met précipitamment fin à sa saison.
Alors, Alain, ces cascades de blessures sont-elles une sorte de malédiction comme le disent certains ?
Après toutes ces blessures, j’essaie de faire le vide dans ma tête. Je me dis que le parcours d’un footballeur est ainsi fait. Il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer dans la carrière d’un footballeur. Certains ont eu des blessures plus graves que les miennes mais se sont relevés et ont fait une grosse carrière après. J’espère que ce sera mon cas. C’est vrai qu’en tant qu’Africains certains tentent d’assimiler ce qui m’arrive à des « trucs » mais, franchement dit, ce n’est pas cela qui est dans ma tête. Je ne crois pas à une malédiction comme certains peuvent le penser. En tant que professionnel, je dois accepter cette situation et travailler à vite revenir.
On te sait très attaché à ta maman. Elle a certainement été ton principal soutien dans ces moments difficiles…
J’ai eu tout le soutien de ma famille, de ma copine. Dans ces moments, on a toujours besoin de ces genres de soutiens. Ma maman a même fait le déplacement jusqu’ici. Elle y est restée un mois. C’est cela une famille, c’est cela une maman qui se soucie de ses enfants.
N’as-tu pas des regrets d’avoir raté le titre de meilleur buteur de la CAN 2013, puisque tu as gardé ce titre en deux matches seulement, quand bien-même tu avais quitté la CAN ? Tout était possible pour toi…
Je dirai que mon plus grand regret est de n’avoir pas disputé la finale, la première dans l’histoire de mon pays. On ne joue pas une finale de Coupe d’Afrique tous les jours. Je n’ai pas aussi cette opportunité de jouer dans un grand club anglais. Je n’ai que la Coupe d’Afrique, cela m’a fait un peu mal, mais ainsi va la vie. Je me dis qu’on a toujours la chance d’atteindre le sommet parce qu’on a un bon groupe. Il ne me reste qu’à bien travailler dans mon club pour avoir la confiance de certains clubs anglais qui veulent me prendre. Avant cela, je souhaite contribuer à la qualification de mon pays à la prochaine coupe du monde. Ce sera mon grand bonheur.
Visiblement, Brésil 2014 hante actuellement la tête d’ Alain et tous les Etalons ?
Bien sûr ! C’est notre objectif. Malheureusement, on n’a pas notre destin en main, mais je garde espoir.
Alain est loin des Etalons actuellement, mais il y a son frère cadet, Bertrand qui l’y défend bien …
(Rires). Si ! La famille est toujours représentée. Bertrand fait du bon boulot, mais il est encore très jeune. Il faut l’épauler, il faut vraiment l’aider. En disant cela, je pense notamment à la presse. Elle peut être très exigeante avec nous autres, mais il faut qu’elle encadre bien les très jeunes pour qu’ils aient le temps de grandir.
Tu as certainement suivi l’épisode de la revalorisation du salaire de l’entraîneur des Etalons, Paul Put. Quel a été ton sentiment ?
Je pense que c’est une bonne chose pour lui et pour notre football aussi. Il a fait du bon boulot à la CAN 2013. Il y a eu beaucoup de bruit autour de la revalorisation de son salaire ; je pense qu’il fallait le faire discrètement. Ces genres de choses créent beaucoup de polémiques pour rien. On parle plus de ses revendications salariales que de son travail. On voit cela tous les jours en Europe. Même au niveau des footballeurs, si tu fais une bonne saison, on demande toujours des récompenses. C’est une bonne chose que cette revalorisation a été effective
Quels sont tes projets futurs ?
Mon premier projet est de retrouver ma forme et essayer de retrouver mes camarades pour la qualification à la Coupe du monde…
Combien gagne Alain à Lorient ?
(Eclats de rires prolongés). Je gagne bien ma vie à Lorient. Je ne me plains pas (rires).
Il n’y a toujours pas de chiffres, Alain…
C’est vrai ! Mais vous savez que je ne peux pas publier mon salaire. Vous connaissez bien le pays (ndlr, le Burkina). Ce n’est pas facile.
Alain aurait-il une adresse spécifique au public sportif burkinabè ?
Je tiens à remercier ce public et lui dire que je suis impatient de le retrouver dans quelques temps. Il a beaucoup fait pour moi et je ne sais pas comment le remercier. On se verra, inch Allah en septembre prochain.
Propos recueillis au Maroc par Alexandre Le Grand ROUAMBA