LES ETALONS ET LA CAN : L’essentiel n’est plus de participer
Les Etalons ont été éliminés de la 28e édition de la Coupe d’Afrique des nations, qui se joue concomitamment en Guinée Equatoriale et au Gabon. C’est peu de dire que cela a affecté toute une nation. Car, pour ceux qui y croyaient encore, cette défaite apparaît comme un véritable camouflet national, tant et si bien que la désolation et la tristesse se lisaient sur bien des visages dès le lendemain du match fatal. Quoi de plus normal pour des patriotes qui auraient aimé voir flotter sur le toit de l’Afrique le drapeau du pays des Hommes intègres ? D’autant que, depuis sa percée spectaculaire à la CAN 98, même les plus sceptiques avaient commencé à fonder un espoir sur le onze national, du reste, soutenu à bout de bras par tout un peuple.
Jamais une corporation n’avait cristallisé en elle sympathie et affection comme l’équipe nationale. Elle était devenue, pour tout dire, le symbole vivant en lequel tous les Burkinabè, malgré leurs mésintelligences, se reconnaissaient. En un mot, le onze national était devenu un élément fédérateur. Malheureusement, c’est ce même onze national qui, d’année en année, ou de compétition en compétition, n’a de cesse de nous étaler ses incompétences, clouant parfois même le bec à ses défenseurs les plus acharnés. En fait, il ne viendra à l’esprit d’aucun Burkinabè d’en vouloir sévèrement aux Etalons de n’avoir pas remporté la présente compétition continentale, mais on ne peut guère les excuser de n’avoir même pas pu franchir les matches de poule comme cela a toujours été le cas.
Peut-on continuer de supporter une équipe qui, depuis trois décennies, peine toujours à trouver ses marques ? Il est temps que l’on arrête de se voiler la face pour se remettre en cause, quitte à repartir du bon pied si besoin est. Le football burkinabè, il faut le dire sans sourciller, est d’un niveau si extrêmement bas qu’il ne mérite pas de rivaliser avec les autres nations qui ont su s’approprier la chose. A moins d’avoir fait le choix douloureux de l’humiliation, cette énième défaite doit amener tous les tenants de ce secteur à réfléchir davantage et, au besoin, suspendre le onze national des prochaines compétitions régionales et continentales afin de lui donner un nouveau dynamisme. C’est par cette seule manière qu’on pourra vaincre ce qui apparaît désormais comme un signe indien et sauver l’image de notre nation dont on dit qu’elle brille diplomatiquement de mille feux.
On pourra même mettre l’occasion à profit pour développer les championnats nationaux qui, quoique l’on dise, demeurent des viviers incontestables. « L’essentiel », pour prendre Coubertin à rebrousse-poils, « n’est plus de participer ». Il faut désormais aller plus loin pour ne pas paraître ridicule. Il faut réorganiser l’équipe nationale et gommer toutes les scories qui entravent son décollage. Puisqu’à l’analyse, le cafouillage qui y prévaut semble si savamment entretenu qu’il ne fait aucun doute que certains en ont fait un business dont on imagine qu’il est faramineux. Et si on arrêtait ce jeu de dupes ?
Boundi OUOBA
Le Pays