PHILLIPPE OUEDRAOGO, COORDONNATEUR DE LA CAMPAGNE DU CANDIDAT ARBA DIALLO : "La CENI doit reprendre les cartes d’électeur"
- Le coordonnateur national de la campagne du candidat Hama Arba Diallo, Philippe
Les directeurs de campagne de 5 candidats à l’élection présidentielle du 21 novembre 2010, viennent de marquer leur volonté de saisir la justice afin que celle-ci constate la non-conformité des cartes d’électeur. Ils demandent à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), de les reprendre pour se conformer aux dispositions du code électoral. Pour en savoir davantage sur cette affaire, nous avons rencontré le 18 novembre 2010, le coordonnateur national de la campagne du candidat Hama Arba Diallo, Philippe Ouédraogo, un des responsables qui remettent en cause les cartes d’électeur.
"Le Pays" : Que reprochez-vous à la CENI par rapport aux cartes d’électeur ?
Philippe Ouédraogo, coordonnateur national de la campagne du candidat Hama Arba Diallo : Les candidats Hama Arba Diallo, Boukary Kaboré dit "Le lion", François Ouampossoga Kaboré, Emile Pargui Paré et Me Stanislas Bénéwendé Sankara, ont constaté la non-conformité des cartes d’électeur avec ce que le code électoral prévoit comme mentions qui doivent figurer sur les cartes d’électeur.
Ce que dit l’article 53 du code électoral
Le code électoral dans son article 53 demande que soient portés sur les cartes d’électeur, entre autres, la date de naissance et le lieu de naissance. Sur les cartes d’électeurs délivrées par la CENI cette année, il ne figure que l’année de naissance qui est différente de la date de naissance. En plus de cela, il ne figure pas du tout sur ces cartes le lieu de naissance. La question que l’on se pose est de savoir pourquoi la CENI a délibérément décidé de ne pas se conformer aux dispositions du code électoral. Le Burkina Faso est connu comme un pays où les homonynies portant sur les noms et prénoms sont très fréquentes. Dans un village, on peut trouver une dizaine de personnes qui sont nées à la même date et qui portent les mêmes nom et prénom. Par conséquent, la carte d’électeur n’est plus personnelle. Elle peut être utilisée par plusieurs personnes. Donc nous disons que cette situation n’est pas acceptable. C’est pourquoi nous demandons l’annulation de ces cartes d’électeurs afin que l’on les reprenne pour que nous ayons des cartes qui soient conformes aux dispositions du code électoral.
Nous sommes à quelques jours de la tenue du scrutin. Pensez-vous que la reprise des cartes d’électeur est encore possible ?
Tout ce que nous demandons est que les cartes d’électeur soient conformes aux dispositions du code électoral. Bien sûr, cela peut avoir des conséquences en ce qui concerne le délai de mise en conformité mais cela n’est plus de notre responsabilité.
Où en est-on avec la plainte que vous comptez déposer à la justice ?
Nous avons constitué un collectif d’avocats le 17 novembre 2010, qui va saisir incessamment la justice.
Si d’aventure vous n’obtenez pas satisfaction, qu’allez- vous faire ? Allez-vous suspendre votre participation à la présidentielle ?
Je pense que c’est difficile que nous n’obtenions pas satisfaction parce que nous demandons seulement à chacun de respecter la loi. Par conséquent, la CENI doit être amenée à respecter la loi. Elle a fait un travail qui n’est pas correct, donc, elle doit le recommencer. Pour nous, les choses se présentent de façon aussi simple. Quant à la suspension de notre participation à l’élection présidentielle en cas de non-satisfaction (ce que nous n’envisageons pas), nous pensons que cette décision revient aux candidats eux- mêmes, qui, pour l’instant, n’ont pas pris une décision dans ce sens.
Vous avez aussi marqué votre volonté de suspendre la participation des membres de l’opposition à la CENI. Qu’est-ce qui motive cette décision ?
Nous avons pris cette décision parce que nous pensons qu’il n’est pas normal que malgré les remarques que les membres de l’opposition ont soulevées, la CENI puisse passer outre pour faire un mauvais travail. Nous estimons qu’il ne sert pas de les maintenir à la CENI si finalement leurs points de vue ne sont pas pris en compte. Nous ne pouvons pas cautionner que par leur présence, un travail fait ne soit pas conforme à ce que dit la loi. C’est pourquoi nous avons, conformément à la loi, adressé une lettre au chef de file de l’opposition afin qu’il prenne des mesures pour répondre à notre requête. Vous savez, nous avons eu plusieurs modifications et amendements à cette disposition du code électoral.
La dernière a eu lieu en octobre 2010, à quelques jours de l’ouverture de la campagne pour autoriser la CENI à ne pas mentionner l’affiliation du porteur de la carte d’électeur. Cela est fait dans quel but, nous ne le savons pas. Quand on se réfère aux cartes d’électeurs qui ont été délivrées pour les élections législatives de 2007, ou pour la présidentielle de 2005, ou même pour les élections législatives de 2002, elles ont toutes été faites conformément au code électoral. Toutes les mentions qui étaient demandées y figuraient. Pourquoi aujourd’hui, la CENI a-t-elle voulu simplifier de façon aussi abusive les mentions portées sur les cartes d’électeur ? Nous n’en voyons pas l’intérêt. Tout ce que l’on peut dire, est que c’est une procédure qui conduit finalement à rendre ces cartes-là, interchangeables entre plusieurs individus. Et cela n’est pas normal. Une carte d’électeur doit être personnelle. Nous disons par ailleurs, qu’il y a beaucoup à dire en ce qui concerne la distribution des cartes d’électeur.
"Des pratiques peu orthodoxes"
On a remarqué que des cartes d’électeur sont remises à des gens qui n’en sont pas propriétaires. C’est-à-dire que des gens se présentent auprès des agents distributeurs avec plusieurs documents, notamment des actes de naissance, pour retirer des cartes d’électeur. Alors que cela est contraire aux dispositions de la CENI. Nous avons même appris quelque chose de plus grave, à savoir que des gens qui ne s’étaient pas inscrits sur les listes électorales, réussissent à se faire inscrire et à se faire délivrer des cartes d’électeur. La CENI peut le contester mais cela veut dire qu’elle ne maîtrise pas tout ce qui se fait à son nom. Il faut qu’elle prenne des dispositions pour que de telles situations ne puissent pas se produire parce que c’est inadmissible. Dans un pays où des gens se sont battus pour que l’élection soit organisée de façon transparente et équitable, si des gens peuvent ensuite manipuler les dispositions pour se faire inscrire quand ils le veulent, il est évident que l’on ne puisse pas se fier aux résultats censés sortir des urnes.
Nous sommes également inquiets par rapport à la suppression de certains bureaux de vote par la CENI. Ce qu’elle a avancé, quand nous l’avons rencontrée, à savoir le nombre insuffisant d’électeurs qui fréquentent ces bureaux de vote, nous laisse perplexes. En fusionnant les bureaux de vote voisins, on augmente la distance que doit parcourir l’électeur qui votait dans le bureau dont on dit qu’il n’avait pas assez d’électeurs. Si on augmente la distance, il y a de fortes chances que l’électeur ne se déplace pas pour aller voter. Par conséquent, on peut être assuré que c’est une façon d’augmenter la liste des électeurs qui ne se présentent pas dans les bureaux de vote. Et dont les noms peuvent être utilisés par les fraudeurs pour faire voter d’autres personnes. Nous disons que tout cela n’aide pas du tout la transparence du scrutin.
Avez-vous des exemples concrets par rapport au retrait de cartes d’électeur par des gens qui n’en sont pas propriétaires ?
Oui, nous avons autour de nous des gens qui sont partis retirer des cartes d’électeur qui ne sont pas les leurs. Un de nos camarades a retrouvé les cartes d’électeur des membres de sa famille chez lui alors que ceux-ci ne se sont pas présentés dans les bureaux de vote. Cela veut dire que quelqu’un s’est présenté devant un agent distributeur de cartes avec la liste des membres de sa famille pour retirer leurs cartes.
Un mot en guise de conclusion ?
Je pense que beaucoup de gens peuvent s’inquiéter du fait que notre position entraîne par elle-même un risque en ce qui concerne le maintien de l’élection au 21 novembre 2010. Si on veut respecter la loi, il faut enjoindre à la CENI de reprendre les cartes d’électeur. Cela peut entraîner un délai supplémentaire. Mais je pense que c’est un risque normal à prendre pour que nous ayons des élections fiables.
Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA
Le Pays
Vos commentaires
1. Le 19 novembre 2010 à 09:32, par hi En réponse à : PHILLIPPE OUEDRAOGO, COORDONNATEUR DE LA CAMPAGNE DU CANDIDAT ARBA DIALLO : "La CENI doit reprendre les cartes d’électeur"
Moi j’ignore pourquoi même vous partez aux élections dans ces conditions. Ces irrégularités étaient connus depuis longtemps. On en parlait avant le dépôt des candidatures.
2. Le 19 novembre 2010 à 12:29, par yeral dicko En réponse à : PHILLIPPE OUEDRAOGO, COORDONNATEUR DE LA CAMPAGNE DU CANDIDAT ARBA DIALLO : "La CENI doit reprendre les cartes d’électeur"
Hé tonton Philippe quitte dans ça !déjà que la plus part des candidats sont essouffler !Ou bien un report va permettre que les motos de votre ami HUGO CHAVEZ arrivent ?
Ok mais au delà de ça je voudrais demander au koro yamyélé,lui qui est éclairer devant l’éternel !
1)quel sont les conséquence d’un tel report pour le contribuable burkinabè ?
2)la campagne va t-elle continuer ?
3)les candidats auront t-ils une rallonge financière en cas de report ?
4)Qui est comptable des ses erreurs ?
5)Que prévoit la loi dans ce ça de figure ?
3. Le 19 novembre 2010 à 12:47, par ZORRO En réponse à : PHILLIPPE OUEDRAOGO, COORDONNATEUR DE LA CAMPAGNE DU CANDIDAT ARBA DIALLO : "La CENI doit reprendre les cartes d’électeur"
Sauf leur respect, ces gens de l’opposition sont des plaisantins. La distribution des cartes d’électeur a commencé depuis combien de temps ? Ils n’ont pas vu ces irrégularités et c’est à quelques jours de l’élection qu’ils demandent à la CENI de reprendre ces cartes ?
Il faudrait peut être que notre opposition commence d’abord à se prendre au sérieux avant que les Burkinabè ne les prennent au sérieux.
C’est vraiment de la politique au rabais !
4. Le 19 novembre 2010 à 13:20, par victorien En réponse à : PHILLIPPE OUEDRAOGO, COORDONNATEUR DE LA CAMPAGNE DU CANDIDAT ARBA DIALLO : "La CENI doit reprendre les cartes d’électeur"
C’EST LE FOUTOIR HABITUEL . AH COMME ON COMPREND CEUX QUI SE SONT TENUS ELOIGNES DE CE MERDIER ! MAINTENANT QUE LES CANDIDATS VOIENT QUE CA NE VA PAS MAIS PAS DU TOUT, IL FAUT QU’ILS AIENT LE COURAGE DE REFUSER D’ALLER AUX ELECTIONS DIMANCHE SI LA JUSTICE NE LEUR DONNE PAS RAISON CAR ILS ONT RAISON !
5. Le 19 novembre 2010 à 15:39, par Pierre En réponse à : PHILLIPPE OUEDRAOGO, COORDONNATEUR DE LA CAMPAGNE DU CANDIDAT ARBA DIALLO : "La CENI doit reprendre les cartes d’électeur"
Salut à tous les forumistes ;
Je confirme les propos de Mr Philippe OUEDRAOGO car je connais personnellement un grand frère du quartier qui possède plus de 50 cartes d’électeurs qu’il distribue au propriétaires moyennant la modique somme de 50 FCFA ( je dis bien 50 FCFA, et non 500FCFA) ; Un de mes amis a pris sa carte devant mes propres yeux avec le monsieur ; Il ne sait ni lire ni écrire et c’est les élèves du quartier qu’il appelle devant chaque porte et ceux-ci l’aide à lire les noms et prénoms sur les cartes dans la distribution ; il a un cahier qu’il fait mentionner le nom dès qu’il remet une carte pour ensuite passer encaisser son argent ; Le monsieur est du CDP.
6. Le 19 novembre 2010 à 18:29, par Daoud En réponse à : PHILLIPPE OUEDRAOGO, COORDONNATEUR DE LA CAMPAGNE DU CANDIDAT ARBA DIALLO : "La CENI doit reprendre les cartes d’électeur"
Je pensais que la carte d’électeur comportait une photo également. On a beau eu le meme nom et prénom, on n’a pas forcément la même tronche, je crois !
7. Le 19 novembre 2010 à 20:26, par Nuée En réponse à : PHILLIPPE OUEDRAOGO, COORDONNATEUR DE LA CAMPAGNE DU CANDIDAT ARBA DIALLO : "La CENI doit reprendre les cartes d’électeur"
Il est clair que des gens mal intentionnées veulent saper le processus électoral par des bourages inconsidérés des urnes. La menace est certaine que le peuple burkinabé est aujourd’hui prêt à "sanctionner" les fauteurs de troubles....Il est aussi clair que jamais le peuple n’acceptera une fraude manifeste telle qu’elle se prépare. S’il le faut, la descente dans les rues sera le maître mot pour retablir la vérité des urnes....en toute transparence....On reste vigilant. Bon courage à tous ceux qui aiment le Burkina Faso et les burkinabé !!!
8. Le 19 novembre 2010 à 21:22, par Zyeuvoitout En réponse à : PHILLIPPE OUEDRAOGO, COORDONNATEUR DE LA CAMPAGNE DU CANDIDAT ARBA DIALLO : "La CENI doit reprendre les cartes d’électeur"
Le parti au pouvoir aurait tres bien pu etre mis en balotage pour ces elections mais tout a été planifié à l’avance pour que la fraude puisse se faire. La révendication du camp Arba Diallo est certes juridiquement fondée mais rien ne sera fait car non seulement ils s’y sont pris assez tard, mais cela n’irait pas dans l’interet des gens au pouvoir.
Tout ce qu’il reste à faire c’est de mobiliser les moyens pour que lors des futurs echéances électorales, les partis d’oppositions soient representés dans TOUS les bureaux de vote. Au moins il n’yaura pas plus de suffrages exprimés que d’electeurs, donc plus de bourrage d’urnes. Ce sera un premier pas.
9. Le 20 novembre 2010 à 11:48, par raoul En réponse à : PHILLIPPE OUEDRAOGO, COORDONNATEUR DE LA CAMPAGNE DU CANDIDAT ARBA DIALLO : "La CENI doit reprendre les cartes d’électeur"
honte à ces opposants qui ont tout accepté ; boycott boycott