ASFA-Yennenga : Un tigre de papier
Le championnat national de football saison 2009-2010 s’est achevé le 17 juillet dernier. Comme on le sait, l’ASFA-Y, qui défendait son titre, a encore dominé la compétition cette année.
Deux titres consécutifs, c’est assurément une belle performance en attendant de boucler la saison en beauté avec la coupe du Faso dont les demi-finales se jouent ce mercredi 21 juillet. A l’issue de Faso foot, l’ASFA-Y totalise 61 points + 34. Sur les 26 journées, le club asfasien a remporté 18 victoires, enregistré 7 nuls et une seule défaite.
Un parcours on ne peut plus impressionnant et on comprend qu’après la dernière journée, les dirigeants ont offert une réception en l’honneur des joueurs. Pour la deuxième année consécutive, l’ASFA-Y jouera la Ligue des champions de la CAF 2011. Mais avec quelles armes et quels hommes dans cette prestigieuse compétition ?
La Ligue des champions, on le sait, est un tournoi où on retrouve les grands clubs du continent africain. Ils sont nombreux, et on peut citer AL Ahly d’Egypte, l’Ashanti Kotoko, l’Asec d’Abidjan, l’Espérance sportive de Tunis, le Raja de Casablanca, Enyimba FC du Nigéria, Hearts Of Oak du Ghana, l’Etoile du Sahel (Tunisie), Orlando pirates (Afrique du Sud), TP Mazembé (RD Congo). Des clubs qui ont déjà inscrit leur nom au palmarès et qui sont souvent présents sur la scène africaine. Et s’ils ont su forger un caractère en jouissant d’une bonne réputation, c’est par le travail.
En plus de cela, les habitués de la cour des grands sont bien structurés avec des moyens colossaux. Parmi eux, l’Asec en est la parfaite illustration et qui, aujourd’hui, a tracé sa voie dans les années 90. Les Mimos, au départ, sont partis de rien pour devenir ce qu’ils sont. On nous dira que le contexte n’est pas le même et qu’au bord de la lagune Ebrié, il y a des sponsors à foison. C’est vrai, le Burkina, ce n’est pas la Côte d’Ivoire mais ici, il y a des « gourous cachés » qui sont derrière les clubs et gèrent des sociétés importantes.
Quand on regarde l’ASFA-Y, excepté l’EFO, l’autre grand du football burkinabè, il ne fait l’ombre d’un doute qu’elle n’est pas aussi pauvre qu’on le croit. Mais sa politique sportive laisse à désirer et on a l’impression que les « Jaune et Vert » manquent d’ambition sur la scène africaine. C’est bien de tout balayer sur son passage sur le plan local, mais à quoi sert-il d’être champion si on ne peut pas aller loin en ligue des champions ? Or, c’est cette compétition qui procure un avantage ; c’est-à-dire de l’argent surtout quand on accède au top 8.
L’ASFA-Y ne l’ignore pas mais fait-elle quelque chose pour aller dans ce sens ? Pour cette 14e édition de la ligue des champions, le patron de la D1 du Burkina est tombé au second tour après avoir fait croire à ses supporters que l’année 2010 sera exceptionnelle. Au tour préliminaire, l’ASFA-Y a sorti le stade Mandji du Cameroun. A l’aller, elle avait réussi à s’imposer à l’extérieur par 2 buts à 0. Deux semaines après, le champion en titre a fait cavalier seul au stade du 4-Août (4-1).
Dans la famille « Jaune et Vert », on a glorifié ce succès et dit que l’équipe avait les capacités pour continuer son aventure. Mais au second tour, un ancien champion se dressait sur son chemin. Il est d’un autre calibre même si ces cinq dernières années, son étoile a pâli. C’est l’Espérance de Tunis du président Slim Chiboub. En seizièmes de finale, elle n’a fait qu’une bouchée de l’ASFA-Y (4-1) à domicile avant de venir confirmer sa suprématie à Ouagadougou (3-1). Sept buts encaissés en deux matches et deux buts marqués, c’est un échec qui sonne le glas des espérances des Asfasiens.
Du coup, ils sont revenus sur terre et il ne leur restait plus qu’à s’occuper des affaires domestiques : le Faso foot. Et chose curieuse, ce championnat leur réussit puisqu’ils viennent de succéder à eux-mêmes. Mais au fait, qu’est-ce qui empêche l’ASFA-Y de se faire valoir en ligue des champions ? Voilà une question qui mérite d’être posée et dont la réponse est facile à trouver : l’effectif.
Chaque année, les recrutements se succèdent et c’est indubitablement pour les besoins du championnat. L’ASFA-Y, il faut le dire, n’a pas un effectif riche à même de lui permettre d’aller défier les grands en ligue des champions. Quand vous prenez ses différents compartiments, il y a de la faiblesse dans le jeu des joueurs et l’animation offensive au niveau du pourcentage n’est pas élevée. En ligue des champions, il faut une autre gamme pour être performant.
C’est de la poudre aux yeux de croire que l’effectif actuel dispose d’une marge de manœuvre pour produire un jeu léché, solide et atomiser ses adversaires. Le match en retard contre l’EFO où elle l’avait emporté par 4 buts à 0, a mis à nu les faiblesses de l’équipe. Le champion en titre, ce jour-là, avait balbutié son football jusqu’au bout.
Mais la baraka était là et on n’oubliera pas aussi que l’ASFA-Y a livré un match indigne d’un champion de son rang. Aujourd’hui, il ne suffit pas d’être justement champion, il faut aller justifier son titre sur la scène africaine. Si les dirigeants des Asfasiens sont vraiment ambitieux, ils devront le prouver en recrutant des joueurs qui ont l’expérience de la haute compétition.
Quand nous parlons de recrutement, il ne s’agit pas d’aller débaucher des joueurs dans les clubs de la place. Mais loin du Burkina et pour cela, il faut bien sûr mettre la main à la poche. Si on nous rétorque qu’il n’y a pas d’argent et que ces joueurs-là coûtent cher, alors arrêtons d’être champion pour éviter d’aller nous faire ridiculiser en ligue des champions. Cela est aussi valable pour les autres clubs de Ouaga qui sont dans le trio de tête du championnat depuis quelques années.
Justin Daboné
L’Observateur Paalga