Suspension de l’arbitre Koffi Codjia : Cette CAF qui mange ses enfants
Décidément, cette CAF-là n’a pas fini de nous surprendre. A peine venait-elle de prendre une décision aussi impopulaire qu’inhumaine contre le Togo, en le suspendant pour les 2 prochaines éditions de la CAN suite au forfait de celui-ci pour les raisons qu’on connaît, que la voici s’illustrant tristement à nouveau.
Cette fois-ci, la victime s’appelle Bonaventure Koffi Codjia. Nationalité : Béninois ; profession : distributeur de cartons jaunes et rouges lors des matchs ; ambition : arbitrer une 3e CAN d’affilée ; Sanction : suspendu jusqu’à nouvel ordre ; raison : n’avoir pas exclu directement le portier des Fennecs, Faouzi Chaouachi, qui a fait mine de lui mettre un coup de boule lors de la demi-finale de la CAN 2010, Egypte # Algérie (4-0).
Et pour n’avoir pas mentionné cette faute dans son rapport, il est renvoyé au purgatoire pour une durée indéterminée. Chose curieuse, la sentence de Codjia ne s’est pas fait attendre alors que jusque-là, le premier concerné, l’auteur de l’acte, même s’il pourrait être sanctionné plus tard, court toujours.
Ou bien si la crainte est qu’en cas de punition Chaouachi pourrait rater le mondial sud-africain, en attendant, l’un des meilleurs sifflets du continent est une victime. En effet, présélectionné pour la grand-messe du ballon rond, il pourra sans aucun doute dire adieu à ce rêve qui lui tenait tant à cœur, celui d’être pour la 3 fois à une phase finale de mondial. Malheureusement, ça semble déjà perdu pour lui. Il aurait été plus simple de coller une sanction au coupable et d’épargner la victime. On se rappelle l’agression.
Non ! L’infernale machine à causer du tort qu’est la CAF d’Issa Hayatou préfère sacrifier sur l’autel de la rigueur l’un de ses valeureux fils. A moins que ce ne soit pour contenter les Algériens qui ont crié haro sur le baudet après leur non-match face à l’Egypte. Si c’est le cas, c’est raté. Car ce n’est pas en condamnant l’arbitre que l’honneur des Algériens sera sauf. Eux-mêmes sont conscients que les multiples actes d’antijeu dont ils ont été coupables durant leur demi-finale ne pouvaient pas rester impunis. On se rappelle la sanction de l’UEFA contre Didier Drogba lors de Chelsea # Barcelone en champions league l’an passé. L’Ivoirien avait pris des matches de suspension alors que l’arbitre norvégien Tom Henning Ovrebo a été épargné. Or ce dernier n’avait pris aussi aucune sanction contre l’attaquant des Blues.
Et si le sifflet béninois était la parfaite victime de tous les errements des hommes en noir au cours de cette CAN angolaise ? On peut admettre cette hypothèse beaucoup plus plausible. En effet, il y a eu des fautes d’arbitrage au cours du tournoi, en témoignent les lacunes du Sud-Africain, Jérôme Damon lors de Cameroun # Egypte et du Seychellois Eddy Maillet lors de Côte d’Ivoire # Algérie. Et comme les voix se faisaient entendre çà et là, il fallait bel et bien trouver le mouton noir. Le poisson pourrissant par la tête, il faut bien couper la « tête ». Pauvre de Bonaventure Codjia !
C’est quand même dommage que la CAF se soit offert la tête du Béninois pour … si peu. Cette CAF sous Hayatou, très mal inspirée et sans doute très mal conseillée, risque de faire dans l’avenir plus de mal que de bien au foot continental. Si elle a tellement vieilli (21 ans de règne) au point de devenir cannibale, alors pitié pour ses enfants.
Kader Traoré
L’Observateur Paalga